Chapitre 14.1

4.5K 341 233
                                    

Âmes sensibles s'abstenir. Merci.

Le boss occupa sa place de maître sur son siège de père Noël comme on l'aime l'appeler entre nous. Si on lui ajoutait une barbe blanche et un chapeau rouge, on aurait pu y croire. Seulement, son penchant ne se tournait pas vers les gentils enfants... Enfin, pas pour qu'ils deviennent ses pantins.

— Ma petite chérie, approche. Viens me voir, m'ordonna-t-il

Les tueurs se jetaient des regards suspects, les sourcils froncés. Ils n'avaient jamais vécu une scène comme celle-là ni entendu de tels mots sortir de sa bouche. Ils semblaient se demander ce qu'il se passait tandis que les anciens jubilaient et appréciaient ce moment.

Une main me poussa dans le dos afin que je daigne faire un pas en avant. À son toucher, je pivotai mon buste et braquai mon arme entre ses deux yeux d'adolescents. Un enfant... La surprise déforma ses globes oculaires. Il leva ses mains de part et d'autre de son visage boutonneux et dessina un sourire sadique sur le coin de ses lèvres.

— Mon petit, voyons. Pas d'armes entre nous. Tu connais les règles, enfin.

Oui. Plutôt les coups. Ils sont moins sonores. Moins repérant. Je rangeai mon fusil dans mes fringues et détournai le regard de tous ces fous à lier qui chercheront bientôt à me faire souffrir. Je m'approchai de ce porc. Il me tendit sa main. Je la couvris de la mienne avec dégoût et devant ces hommes, il m'incita à me courber pour déposer sa bouche sur mon front.

— Tu as pris la bonne décision, me parla-t-il avec son haleine repoussante.

Parce qu'y en avaient d'autres ? pensai-je. Je venais juste de lui simplifier la vie en me rendant. Je lui évitais une traque inutile qui m'aurait aussi conduite dans ce trou.

J'aimerais sortir mon poignard et le tuer sur-le-champ. Seulement, tout le monde autour de moi guettait mes faits et gestes depuis qu'ils savaient que j'étais armée.

Sous ce pull pouvait parfaitement se trouver une bombe.

Je me décalai sur sa droite. Mon boss ne lâchait pas ma main. Il me la serrait, me l'embrassait, tout content, pendant qu'il demandait à ce cercle de meurtrier comment s'était passée la journée, si le travail avait été bon.

Ils racontaient leur exploit. Fier d'avoir décapité un homme. D'avoir empoisonné une famille entière. D'avoir violé une femme dans un train. Ils exposaient leur trésor. Un avait rajouté une canine encore en sang à sa collection de dents. Pour un autre c'était un ongle. Pour d'autres, quelques mèches de cheveux. Ils avaient tous un rituel après un massacre.

Immonde. Le boss devait sentir l'accélération de mon pouls. L'aggravation de ma moiteur dans la paume de ma main. J'allais vomir tripes et boyaux. L'analgésique agissait sur mes maux, dommage qu'il ne ciblait pas aussi l'odorat et la vue. Je luttais pour qu'aucun haut-le-cœur ne me trahisse.

— Mon trésor, tu as mauvaise mine, remarqua-t-il dans le brouhaha de cette salle, va te reposer dans mes quartiers.

— Bien.

C'était impensable que je refuse. On ne s'opposait pas à ses demandes. Surtout qu'ici était sa demeure. Il était le maître et personne ne contredisait le maître.

Néanmoins, j'aimerais savoir à quoi il jouait avec moi. Je savais ce qui m'attendait dans sa chambre, mais je ne comprenais pas pourquoi il adoptait une telle attitude devant les autres. Que cherchait-il à faire ? Je voyageai mes yeux cernés sur toutes les têtes rivées dans ma direction. Il me toisait d'un air menaçant. Ils dégageaient tous une aura meurtrière à mon égard.

Quand de l'ombre naît la lumière // Livaï X Reader - TERMINEEWhere stories live. Discover now