Chapitre 4

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Je remplissais mon verre d'eau froide. La chaleur de cette pièce grimpait à l'approche des enchères et me consumait les joues. Je frottai mon front du bout de mes doigts et redressai la tête dans ma diagonale afin d'apercevoir l'entrée fracassante de Livaï Ackerman. Les PDG et leurs femmes bondirent de leur chaise pour l'accueillir et l'assaillirent de questions. Seulement, d'un simple signe de main, il les congédia, gardant un calme impressionnant sur son visage blanc et s'assit à sa table en plaquant sa paume sur sa cravate noire.

Je le relookai des pieds à la tête tandis que mes doigts jouaient avec le pied de mon verre. Ce costume noir accentuait la couleur glaçante de ses iris et cette lumière ne leur rendait pas justice. Elles étaient perçantes, intimidantes. Il n'ajoutait pas un beau sourire pour diminuer ce sentiment. Son visage imberbe était dépourvu de tous sentiments. La fatigue, elle seule, était lisible sous ses yeux et aggravait le caractère de ce sinistre personnage à la voix de ténor.

Je me perdis dans ses épaules larges emprisonnées de ce tissu noir et me rendis compte seulement quelques minutes après que cet homme, lui-même, m'épiait. Ce bleu électrique tentait tant bien que mal de se frayer un chemin dans ma poitrine, mais c'était de marbre que je restais malgré avoir été prise sur le fait. Pour lui, être regardé de la sorte devait être une habitude.

Ce fut le commissaire-priseur sur la scène qui nous détourna de ce duel ophtalmologique. Enfin les festivités commencèrent et un long silence démarra pour écouter les premières informations de la première enchère ; un vase de l'Antiquité de style gréco-romaine.

Je rassemblai toutes mes forces pour ne pas m'écrouler sur la table. Certaines enchères étaient plus intéressantes que d'autres, mais cela n'en restait pas moins ennuyant. Je me contentai de jeter des rapides coups d'œil sur Ackerman, son dos adossé contre la chaise, sa fine bouche en ligne droite et ses yeux concentrés sur son portable. Il alternait entre l'écran de son téléphone et les nouveaux lots.

J'entourai le cou de Hanji et luttai pour ne pas sombrer à ses caresses jusqu'à ce que ce PDG montra un signe d'intéressement pour la prochaine enchère. Le commissaire-priseur l'annonça. Une toile intitulée « Âmes vivantes » d'un artiste allemand de 1872.

— Maintenant, pour vous ce soir, une toile exceptionnelle. L'enchère la plus attendue pour la plupart d'entre vous ! Et nous les commençons à cinq millions de Yens.

Au prix, Hanji sursauta et je manquai de recevoir un coup de tête au visage. Je m'écartai d'elle, mon attention à son paroxysme.

— J'ai cinq millions cinq cent cinquante milles de ce côté, cinq millions huit cent mille de l'autre ! Allez, mesdames et messieurs ! Six millions à ma droite ! déballa le commissaire en agitant son marteau.

Livaï attendait que les enchères explosent, son poing gauche sur la table pendant que Hanji déglutissait en entendant les prix qui ne cessaient de flamber à une vitesse vertigineuse. Cette salle devait rassembler tous les partis les plus riches du Japon et sans doute, de toute l'Asie.

— Six millions cinq cents à ma gauche ! Nous avons l'honneur ce soir d'avoir cette toile parmi nous ! Elle mérite son prix. Six millions quatre cent mille à ma gauche avec cette charmante jeune femme.

Ils enrichissaient de cent millièmes en cent millièmes d'un claquement de doigts. Ça n'en finissait jamais, du moins jusqu'à ce que cette voix grave naquit et créa un silence assourdissant dans cette salle de réception, mettant tous les participants sur le banc de touche.

— Cent millions.

Le sourire du commissaire-priseur ne put être plus démonstratif. Sa mâchoire en tremblait et d'un raclement de gorge, il retrouva son sang-froid et poursuivit en sachant que ce prix clôturait la soirée.

Quand de l'ombre naît la lumière // Livaï X Reader - TERMINEEWhere stories live. Discover now