Chapitre 3

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Hanji monopolisait la salle de bain depuis plus d'une heure et demie. De l'autre côté du mur, je l'entendais jurer pendant que je remontais la fermeture de ma robe. De temps en temps, je lui proposai mon aide, mais elle persistait à me rejeter. Je ne l'avais jamais vue stresser à ce point et au bout de compte, elle avait fini par accourir dans ma chambre en m'implorant de la coiffer.

— Tu vas l'accoster ?

Dans la voiture, mon poing soutenait le poids de ma tête. Je regrettais mon chignon qui m'empêchait de m'adosser contre le repose-tête sans me décoiffer et mes doigts trituraient le tissu délicat de ma robe. Plus les kilomètres diminuaient sur le GPS, plus nous étions deux filles incapables de cacher leur inquiétude.

— Nous verrons bien.

Je contemplai le défilement des arbres, floutés par la vitesse, et pris une profonde inspiration qui accentuait mon état de panique.

— Ce type est enfermé dans une routine et elle ne semble pas lui satisfaire. Son regard est vide de toute expression et de sentiment. Et si je trouve le pourquoi, peut-être aurai-je une chance de me rapprocher de son point faible.

— Il est habitué à tout avoir. Sa vie doit être d'un triste, ajouta-t-elle

Je ne pouvais être que d'accord avec ses propos. Sa vie se résumait au travail. Il lui manquait quelque chose. Et j'étais persuadée qu'il le savait lui-même, mais faisait-il le nécessaire pour combler ce creux ?

Ma tête se remplissait de question et j'espérais que cette soirée m'apporterait les réponses que j'attendais. Non, je n'espérais pas. Il le fallait.

La propriété du château se dévoila devant nous et toute la pression se décupla dans ma poitrine. Je me concentrai sur ma respiration erratique et froissai ma robe avec mes mains moites en ignorant les coups de fouet que mon estomac recevait.

Au milieu de l'allée, nous contournâmes une imposante fontaine. Les lumières éclairaient la transparence de l'eau et les trois statues d'ange. Cependant, le majestueux château au second plan, bâti en pierre claire dominait le paysage. Nous nous arrêtâmes derrière la file de voitures où les invités sortaient au centre de l'escalier en fer à cheval. Lorsque vint notre tour, un portier m'offrit sa main pour m'aider à sortir. Je lui en remerciai d'un mouvement de tête et Hanji confia ses clefs au voiturier avec appréhension. Elle me rejoignit ensuite en agrippant mon bras et nous montâmes les escaliers, suivies par les autres invités.

Face à la grandeur du hall, je me surpris à oublier toutes les personnes aux alentours pour m'émerveiller par la beauté de ce domaine. Un lustre majestueux suspendait au cœur de ce plafond aux moulures du XVIe siècle. Des chandeliers en or paraient les murs entre de grands portraits.

Hanji nous guidait dans la salle principale pendant que j'admirais cet intérieur. Un ensemble à corde accueillait les invités sur une petite scène. Autour, des tables rondes, nappées d'un tissu blanc, remplissaient la pièce et attendaient d'être comblées par leurs hôtes.

J'inspirai au bras de ma colocataire et commençai à voyager mon regard sur tous les visages présents jusqu'à être tirée au cœur de cette réception.

— Hanji, qu'est-ce que tu...

— Erwin ! s'exclama-t-elle

Parmi un groupe de jeunes hommes, un se retourna dans notre direction à la mention de son prénom. Ses yeux bleus ne se firent pas prier pour se concentrer sur mon ami et oublier ce qui l'entourait. Il passa une main nerveuse sur sa chevelure blonde et un large sourire illumina son visage. Il quitta ses collègues avec un signe de main, une coupe de champagne dans l'autre, et diminua les derniers mètres entre nous.

Quand de l'ombre naît la lumière // Livaï X Reader - TERMINEETempat cerita menjadi hidup. Temukan sekarang