Chapitre 60

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« Nous ne sommes pas seul sur Terre et nous sommes gouverné par un esprit supérieur qui guide le chemin de l'humanité. »

Inconnu.

Le lendemain matin, Louis est venus tôt et m'a apporté des viennoiseries pour prendre le petit-déjeuner avec moi. Je commence à lui raconter ma sortie à Spirit Lake, quand quelqu'un frappe à la porte.

Surprit, on se jauge du regard.

- Tu attends quelqu'un ? chuchote mon compagnon.

Je secoue négativement de la tête. Si c'est ma mère, elle serait entrée sans frapper. Alors je me demande qui ça peut bien être.

À contrecœur, je me lève afin de voir dans l'œil-de-bœuf qui peut venir frapper à une heure si matinale.

Je me fige devant la porte lorsque j'aperçois le visage de Seth attendre en scrutant sans cesse autour de lui. Revenant en trombe à la cuisine, je presse Louis de se lever et d'aller se cacher à l'étage. Sans comprendre, il s'exécute tout de même tout en protestant.

- Mais dit moi au moins qui c'est ?

- C'est Seth Liam, soupiré-je, peu ravie de les avoir tous les deux sous mon toit.

- Ne me dis pas que tu vas lui ouvrir ! s'insurge-t-il soudain.

- Louis, s'il te plaît ?

Il soupire de nouveau, mais accepte finalement d'attendre patiemment dans ma chambre.

- Je te surveille, lance-t-il, avant que je ne ferme la porte derrière lui.

Je prends une grande inspiration et expire longuement. À quoi dois-je m'attendre ?

- Bien dormi ? balance-t-il comme si de rien n'était, quand je lui ouvre enfin.

Appuyé contre l'encadrement, il me fixe de ses yeux sombres qui ne présagent rien de bon.

- Excuse-moi, je ne voulais pas te faire peur en débarquant à l'improviste.

- Ce n'est rien, bredouillé-je, chamboulée.

Je l'invite à entrer et file dans la cuisine pour continuer de préparer mon chocolat, que j'ai à demi renversé sur le plan de travail lorsque j'ai entendu frapper. Quand je le sens se rapprocher près de moi, j'essaie de n'y prêter aucune intention, même si je sens qu'il m'épie du regard sur ce que je suis en train de faire. Ce qui me rend très nerveuse et tremblante.

J'étais si paisible avec Louis...

- Tu comptes m'éviter encore longtemps ?

Je sens une sensation étrange, une sorte de tension ainsi qu'une baisse soudaine de la température. J'ai si froid...

- Pas du tout, je suis à peine réveillée et j'aimerais manger tranquillement, sans parasite.

- Je suppose que je suis l'un de ces parasites, constate-t-il, toujours le regard noir.

- Je n'ai pas parlé au pluriel.

- Est-ce que tu peux t'arrêter deux secondes et m'écouter ?

Il joint la parole à l'acte en me retirant ma tartine et mon couteau des mains.

- Tu pourras faire tout ce que tu veux après.

Soupirant sans indiscrétion, je lui fais signe qu'il peut continuer.

- Je ne suis peut-être pas une personne parfaite, mais j'ai bien réfléchi à propos de notre dernière conversation. Je n'ai plus envie de mettre de barrières. Je me dis que si jamais il doit se passer quelque chose entre nous, il arrivera ce qu'il arrivera et c'est tout. Je n'ai pas l'habitude de me prendre la tête pour des choses aussi futiles que ça, mais avec toi, c'est différent.

D'où est-ce qu'il sort tout ça ? Il a été touché par la Vierge Marie cette nuit ou quoi ? Depuis quand s'est-il imaginé qu'il pouvait y avoir bien plus que de l'amitié entre nous ?

Il relève les yeux vers moi avant de continuer.

- Je ne veux pas qu'il y ait de froid entre nous, et surtout pas de distance. J'apprécie ta compagnie alors que normalement, je ne m'attache pas si... facilement. Je ne crois d'ailleurs ne jamais m'être réellement attaché à quelqu'un d'autre que ma propre famille. J'essaie de me persuader qu'il faut que j'avance et que j'arrête de te laisser sans cesse dans le flou. Je te dois bien ça. Alors, j'ai décidé qu'il était peut-être temps pour moi d'être franc avec toi. J'ai donc une chose à te proposer : recommençons à zéro, Heavan. S'il te plaît ?

Visiblement blasé et sans réponse de ma part, Seth délaisse les mots pour m'attirer et me serrer fort contre lui. C'est donc ça sa vérité ? L'odeur du café et le grillé des tartines sorties du grill-pain se mêlent à des accents de cuir et de vanille.

Non, je ne peux pas me faire avoir sous prétexte qu'il veut tout recommencer depuis le début. Il me doit des explications et je ne lâcherais pas de sitôt. Quel lâche ! Il m'a pris pour une écervelée ou quoi ? Il est loin du compte me concernant, je ne me laisserais pas avoir. Il me prend vraiment pour une fille facile.

- Désolée Seth, mais je n'ai pas envie. Laisse-moi tranquille, lui demandé-je, en posant mes mains contre son torse afin de l'éloigner de moi, c'est beaucoup trop facile de m'atteindre de cette façon. Je ne veux pas d'une relation avec toi, je ne peux pas être avec un menteur et de surcroît un manipulateur.

Repoussant mes cheveux en arrière, il dépose malgré tout un léger baiser sur mon front avant de s'écarter et d'aller dans le salon. J'ai l'habitude de sa froideur et en l'espace d'un instant, un vent de chaleur a émané de lui. Mais malgré ce laps de temps dans ses bras, tout ce que j'ai ressenti n'était pas de l'amour ou de l'attirance. C'était comme de la déception et du dégoût. Comme si quelque chose à l'intérieur de moi s'était fêlé.

Devil's Lake T1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant