Chapitre 52

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« Nous sommes chacun notre propre démon et nous faisons de ce monde notre enfer. »

Oscar Wilde.

Comme si je n'avais pas assez subi ce maléfique karma qui me suit depuis ma naissance, ma voiture tombe subitement en panne alors que je l'ai fait réviser il y a peu. 

Comme à son habitude, ma mère ne peut pas se libérer de son boulot, donc je me débrouille en marchant le long de la route pour rentrer chez moi. 

Je récupère mes écouteurs dans mon sac, et lance ma playlist avec une large majorité de musique de David Bowie et d'Andy Biersack.

Ça fait maintenant une bonne demi-heure que je marche et je ressens une présence constante derrière moi, comme une étrange impression d'être suivie. Seulement, à chaque fois que je me retourne, je ne vois personne.

Ce n'est pas la meilleure heure pour traîner dehors, car la nuit commence à pointer le bout de son nez. Or, je n'ai pas vraiment le choix, c'est ça ou camper devant le lycée jusqu'au lendemain.

Quelques voitures passent de temps à autre, la route longue et infinie qui s'étend devant moi est un enfer sur terre. Sur le moment, je pense ne jamais en voir la fin.

Je me retourne une énième fois, dérangée par cette même présence. Néanmoins, cette fois-ci, je distingue bel et bien une silhouette. 

Celle-ci semble tenir quelque chose dans sa main droite. Méfiante, je fais en sorte de le distancer comme je peux, seulement, j'ai la sensation qu'il en fait autant et essaye de me rattraper.

J'entends les bruits de pas s'accélérer dans mon dos, et cette chose finit par m'attraper le bras afin de me retourner face à lui.

– C'est moi ! Arrête de crier comme ça, quelqu'un risque de t'entendre ! s'écrie le gars, en riant.

– Tu m'as foutu la trouille !

– Tu voulais que je fasse comment ? Tu commençais à courir et j'avais beau t'appeler, tu ne répondais pas.

– Tu m'as appelé ? Je ne t'ai pas entendue...

– Avec tes écouteurs sur les oreilles, il y a de quoi ne pas entendre, en effet.

Je ne comprends pas, je ne l'ai pas entendu m'appeler alors que des bruits de pas me sont parvenu aux oreilles. Le problème, c'est que j'avais mes écouteurs, comment aurais-je pu entendre ses pas frotter le sol ?

– Qu'est-ce que tu fais à une heure pareille sur le bord de la route ?

– Ma voiture est tombée en panne. J'avais un truc important à faire, ça tombe mal.

– C'est dangereux de rentrer seule, surtout de nos jours. Pourquoi tu ne m'as pas appelé ?

– Louis, soupiré-je, mal à l'aise, ça fait plusieurs jours qu'on ne s'est pas vu. Depuis le bal, on dirait qu'un fossé s'est créé entre nous.

Il m'observe, désarçonné. Sentant de plus en plus la gène s'installer, il tend la main et attrape mon sac à dos qu'il enfile sur son épaule. 

– Je suis désolé de te délaisser. Mais sache que même si je ne suis pas avec toi, que tu crois qu'il y a un froid, ce n'est absolument pas le cas. Je pense souvent à toi, mais on a chacun nos enjeux, alors...

J'acquiesce, à la fois rassurée et compréhensive. Je me suis montée la tête toute seule durant ces derniers jours. Quelle imbécile !

– Tu n'as pas appelé ta mère pour qu'elle vienne te récupérer ? Il n'y avait personne pour te raccompagner ? ajoute-t-il ensuite.

– Ma mère travaille encore, et le lycée était désert.

– Désert ? Tu es sûre de n'avoir vu personne ?

– Je t'assure qu'à dix-huit heures le lycée était vide.

Est-ce que mes yeux m'ont joué un tour ? 

– Je me suis même rendue au secrétariat pour contacter ma mère, mais les dames n'étaient pas là.

– Tu n'avais pas ton téléphone ?

– Je n'avais plus de batterie, pourtant, il était chargé à fond et je l'avais mis en mode avion. Je n'y comprends rien !

– Laisse tomber, parfois les mobiles se déchargent rien qu'en laissant les applications ouvertes.

– Je n'ai pas d'applications sur mon BlackBerry, j'ai juste ce qu'il y a de pré-installé. Enfin bref, ce n'est pas grave. Et toi, comment tu m'as trouvé ?

– J'arrive toujours à savoir où tu es. 

– Comment ça ?

– C'est un de mes nombreux dons, Heavan, chuchote-t-il à mon oreille, en m'enlaçant par la taille.

Je lui souris, heureuse de me retrouver dans ses bras. Je hume son parfum, l'odeur de la muscade m'emplit les narines, cette douce fragrance m'avait manquée. Doucement, je me laisse valser contre lui.

– Tu viens à la soirée de Halloween ?

– Tu veux que je vienne m'incruster, comme tu dis ?

– Oui. Et puis si je ne te le demande pas, tu le feras quand même.

– Ce n'est pas faux, acquiesce-t-il, hilare, s'il faut y aller avec quelqu'un, vas-y avec Seth.

Il s'amuse à me narguer, mais ça ne marchera pas si facilement.

– Très drôle ! Mais il ne viendra pas.

– Dommage.

– Quoi donc ? souris-je, amusée.

– Fais attention à toi, je te vois un peu trop souvent avec ce Seth.

– Ne remets pas ça sur le tapis, s'il te plaît. Ne t'en fais pas pour moi, je gère d'accord ?

– Justement. C'est bien ce qui me fait peur.

Devil's Lake T1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant