Chapitre 56

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« Azazyel enseigna encore aux hommes à faire des épées, des couteaux, des boucliers, des cuirasses et des miroirs [...] de sorte que le monde fut corrompu. »

Le Livre d'Hénoch, ch.8, v.1 


Une semaine est passée, mais je n'ai pas reussi à trouver le temps pour aller fouiner du côté de Spirit Lake à cause de tous les devoirs que les professeurs nous ont donné.

Louis m'a brièvement passé des coups de téléphone cette semaine. Autant dire que je ne croule pas sur les nouvelles des uns et des autres. C'est même le calme total !

Du coup, aujourd'hui, je compte bien m'occuper l'esprit.

Bye Bye, la maison !

Bonjour, Spirit lake !

J'ai toujours été curieuse de voir à quoi pouvait bien ressembler un territoire amérindien. Eh bien aujourd'hui, je vais en avoir le cœur net.

Ce samedi-là, le temps est nuageux et menaçant. La petite part bretonne en moi est ravie, car j'adore la pluie !

Sur la route depuis une bonne demi-heure, je tourne vers la droite en direction de la dite ville, suivant ainsi les panneaux de signalisation

J'emprunte donc la route 57 et tourne sur une petite route sinueuse à ma gauche après le casino, vers Saint-Michel.

À ma grande surprise, on est loin des clichés. Il y a des maisons tout le long de la  rue et un peu plus loin, ces dernières sont disposés en forme de cercle. C'est sacrément bien aménagé ici, l'endroit semble paisible et loin du vacarme des grandes villes.

Je ne sais pas par où commencer. L'église peut-être ? Cela me semble être une bonne idée, mais je ne peux y mettre les pieds. Mon sang de démon me l'interdit. J'en ai déjà fait les frais l'an passé lors d'une sortie scolaire. J'étais obligé de simuler un malaise vagal.

La tête en l'air, je ne remarque pas tout de suite qu'un vieil homme est en train de m'épier sur le perron d'une maison, un peu plus loin.

Dès que celui-ci remarque que je l'observe, il s'engouffre rapidement à l'intérieur de sa maison.

Autour de moi, tout paraît désert, comme si ma venue avait été annoncée et que les habitants voulaient me fuir.

J'ai de la veine, tiens !

Je décide donc d'y aller franchement. M'avançant devant la maison du monsieur aperçu il y a quelques secondes, je me risque à gravir les petites marches qui mènent sur son perron.

J'hésite à frapper, mais si je ne tente rien, je n'aurais aucune chance d'avoir des réponses à mes questions.

Alors je toque trois fois. Mon cœur bat à tout rompre à cause de mon stresse qui grimpe en flèche.

Brusquement, la porte s'ouvre et l'homme me fait face. Ses cheveux longs grisonnants sont rassemblés en une tresse merveilleusement bien dessinée. Je n'arrive même pas à les faire sans y laisser une grosse touffe de cheveux de côté.

Souriant poliment, je commence :

– Bonjour, monsieur, excusez-moi de vous déranger, mais je fais un exposé sur la ville de Spirit Lake et je suis à la recherche d'informations pouvant m'aider.

C'est un gros mensonge, mais je pense que si je lui avais dit la vérité, il n'aurait pas attendu la fin de ma phrase pour me fermer la porter au nez.

– Un exposé ? répète-t-il, visiblement méfiant.

– Oui, pour le lycée de Devil's Lake.

Il me fixe longuement avant de jeter un œil à gauche, puis à droite. Ensuite, le vieil homme me fait un signe de tête et l'invite à entrer dans sa demeure.

J'angoisse rien qu'à l'idée d'être dans la maison d'un inconnu. Mais il faut bien que j'aille au-delà de mes craintes.

– Asseyez-vous, me propose-t-il, en allant dans sa cuisine, vous voulez un verre d'eau ?

– Non, merci.

J'ai regardé trop de films pour savoir qu'un verre peut cacher toute substance pouvant m'emmener à ma perte. Quelle paranoïaque...

L'homme prend place à son tour sur la chaise face à la mienne.

– Bien, que veux-tu savoir précisément ?

– Eh bien, j'aimerais connaître au moins une de vos légendes.

Devil's Lake T1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant