Chapitre 17: -Sacrifice-

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FLASHBACK

Encore et toujours les mêmes rires de petites filles...

Je gribouille sur mon cahier en attendant la fin de l'heure d'étude qui -pour ma part n'aura servie à rien- mais qui pour d'autre aura été un moment intense pour me critiquer alors que je me trouve juste devant.

Je me penche sur ma feuille en me rendant compte que la réponse que je cherchais était en fait très simple ; l'imparfait du verbe croire à la première personne du pluriel c'est nous croyions ! Je me félicite mentalement et écris donc ma réponse à l'emplacement prévu sur la feuille accrochée à mon cahier encore en bon état malgré toutes ses folles aventures...

Nous croyions

Vous ...

Si pour la première personne du pluriel il faut mettre un "i", il en faut surement aussi pour la deuxième personne ! Le crayon entre mes dents, les sourcils froncés, j'essaie de ne plus faire attention aux bruits des chewing-gum que mangent les filles pour me concentrer.

Vous croyiez

Ils ...

Si j'ai mis un "i" aux autres je dois surement en mettre un à celui-ci aussi non? Non, je pense que justement il y a un piège ici...

J'étais tellement plongée dans mes réflexions que je n'ai même pas entendu la cloche retentir. Quand je relève la tête de mon cahier, je constate qu'il n'y a déjà presque plus personne.

Je sens d'un coup mes cheveux bouger et se tirer un peu, quelqu'un chipote dedans! Soudain, je sens une texture bizarre me coller au crâne puis une certaine lourdeur dans beaucoup de mes mèches. Je me retourne immédiatement et fais face à ces filles que je déteste tant.

-Qu'est-ce que vous faites?

Leurs sourires diaboliques scotchés sur leurs visages de poupées et des petits rires aux sons beaucoup trop insupportables pour mes oreilles ne présagent rien de bon.

Je ne comprends rien jusqu'à ce que trois d'entre elles se ruent sur moi et me collent plusieurs trucs sur le crâne et dans les mèches de devant. Je baisse le regard sur leurs tables et m'écarte vite d'elles lorsque je vois une quantité énorme d'emballages de chewing-gum .

Attendez...Ne me dites pas que... Elles ne se seraient pas amusées à mâcher le plus de chewing-gum que possible dans le seul but de toutes me les mettre dans les cheveux quand même ?

J'attrape ma chevelure en main et...en effet, elles se sont bien amusées...

La colère monte alors directement en moi, mes cheveux sont la seule chose qui fait partie de moi que j'accepte, c'est la seule chose que j'aime chez moi!

N'ayant pas encore appris à contrôler ma colère, je me jette par-dessus le banc sur Adriana, qui crie à gorge déployée. On fait moins la maligne là! Une fois toutes les deux à terre, moi au-dessus d'elle, je lui tire les cheveux mais je fus arrêtée très vite par ma conscience. Je stoppe tout mouvement et je retourne à ma place ranger en vitesse mes affaires pour fuir le plus vite possible.

-Tu es complètement dingue boulette !

Boulette c'est mon surnom...

Maintenant debout, elle se met à caresser ses pauvres cheveux, j'aurais dû lui cracher dessus !

-Dit celle qui a rempli mes cheveux de chewing-gum !

Je finis vite de faire mon sac que je remets sur mon dos et quitte la salle en vitesse. J'entends bien Adriana engueuler ses copines comme des moins que rien pour ne pas avoir accourue à son secours.

Je ressens encore cette énorme boule de colère en moi, il faut que je l'extériorise ! En marchant dans la cour pour sortir de l'école, je vis dans mon champ de vision plusieurs petits pots de plantes sur un petit muret. Je m'approche donc et d'un petit mouvement de ma main, j'en fais tomber un, puis deux, trois et quatre puis je m'en vais en courant comme si j'avais commis un meurtre et que la police était derrière moi.

*

Maman me regarde tristement et allume la tondeuse. Malgré toutes nos tentatives, rien n'a su enlever ses foutues chiques ! Elle est donc dans l'obligation de me raser la tête et à cet instant précis je ne me retiens pas d'éclater en sanglot. Je n'y crois pas, mes beaux cheveux !

-Oh ma chérie...

Elle éteint la machine et me prend dans ses bras en caressant mes joues.

Quelques minutes plus tard, mes larmes dévalent toujours mon visage et mon creux au coeur s'approfondit de plus en plus lorsque je vois la tondeuse se rapprocher petit à petit de ma chevelure.

Une première mèche tomba par terre comme un pétale tombe d'une rose fanée...

Les larmes, elles, ne cessent de couler. Un petit cri s'échappe de ma bouche alors que je place directement ma main devant celle-ci en me retenant de continuer de laisser s'échapper des petit cris en pleurant.

-LISE !

-Quoi Greg ? Demande-t-elle en soupirant.

-VIENT !

Elle s'arrête alors à la moitié et s'en va rejoindre papa en bas sans oublier d'appuyer sa main sur mon épaule avant de partir.

Je me force à arrêter de pleurer, ça prend un moment mais j'y arrive, ça fait bien trop longtemps que je laisse l'eau couler sur mes joues, maintenant, ça suffit.

Je me regarde dans le miroir et tente de mimer un visage dur, ferme en essuyant mes larmes, je prends une grande inspiration puis expire longuement. Je ne décroche pas mon regard de mon reflet, je déglutis difficilement et serre la mâchoire.

Quelque chose en moi me pousse à tendre la main vers la tondeuse, pour la prendre et continuer l'autre moitié de moi-même. Mon cerveau me dit que j'en serai plus forte tandis que mon coeur lui, reste silencieux parce qu'il est trop faible pour le moment... Je mords ma lèvre et réfléchis quelques instants.

Je lève mon bras et le dirige vers cette machine au bruit insupportable, je l'attrape et l'observe un peu ensuite je reviens à mon reflet puis à ce que j'ai dans la main, puis mon reflet et etc. Je ferme les yeux en poussant sur le bouton qui l'allume, et lance ce bruit détestable. J'ouvre alors mes paupières et c'est là que mon coeur réagit, il se met à battre à une vitesse folle.

Je me regarde durement à travers ce miroir et approche cette tondeuse de ma tête. Je la place au début, non loin de mon front et sans réfléchir, je l'avance vers l'arrière de ma tête.

Encore un pétale, puis d'autres s'écrasent sur le sol, alors qu'une seule et unique larme parle le long de ma joue mais mon visage, lui, reste de marbre.

D'autres pétales quittent la fleur fanée que je suis pour aller s'écraser sur le sol et me voilà bientôt chauve.

FIN DU FLASHBACK

Je me réveille soudainement, transpirante de la tête aux pieds avec quelques larmes aux coins de mes yeux. Je me rappellerai toujours de cette école, de Adriana, de mon fort caractère. Évidemment qu'au début je me défendais, mais j'ai vite compris que ça ne faisait qu'empirer, au plus tu te défends, au plus ça les amuse. Petit à petit mon fort caractère m'a quitté tout comme mes rêves de contes de fée.

J'étais encore avec Greg et Lise, mes premiers tuteurs...Je ne me rendais pas compte de la chance que j'avais...

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"Maman" désigne ici, Lise sa première mère adoptive et Greg son mari, son premier père adoptif, elle ne le savait pas encore, elle pensait qu'ils étaient ses vraies parents.

Adriana est donc la fille qui lui faisait vivre un enfer auparavant et Damon sont harceleur actuel.

MAYAOnde histórias criam vida. Descubra agora