MAYA

Chapitre 3: Se défendre a des conséquences.

Cette fois-ci j'étais tranquillement en train de marcher dans les couloirs quand tout à coup je me fais projeter sur les casiers et atterris durement sur le sol après que je me suis prise un cadenas dans le dos. Qu'est-ce que ça fait mal l'air de rien ! 

 C'est arrivé tellement vite que je n'ai même pas eu le temps de comprendre ce qu'il venait de se passer et de savoir qui m'a poussée. De toute évidence c'est lui et il a fuis. Certaines personnes me regardent avec pitié et le reste, et bien font les aveugles. J'imagine déjà mes futurs bleus suite à cette mauvaise chute...

Je me redresse, remets ma mèche de cheveux rebelle derrière mon oreille et je resserre contre moi mes livres. J'avance le plus vite possible en faisant comme si rien ne s'était passé. Lorsque j'arrive enfin à un endroit où personne ne vient jamais, je me colle contre le mur et essaie de calmer ma respiration qui est bien trop saccadée. Mes mains se mettent à trembler, mes livres tombent. Vient au tour de mes jambes qui, petit à petit, commencent aussi à trembloter. Je me laisse alors glisser contre le mur, tombe à terre et enfuis mon visage dans mes mains.

—Ne pleure pas, soit forte, ne pleure pas, me répétai-je tout bas à plusieurs reprises.

Dans les films, c'est simple, quelqu'un arrive et aide la victime, il lui redonne goût à la vie et tout ce blabla, mais nous ne sommes pas dans un film ; bienvenu dans ma réalité où personne ne sait se montrer aimable. Personne ne viendra à mon secours et ça fait bien longtemps que je me suis faite à cette idée. La réalité est décevante et blessante. Je suis seule avec ma peine, voilà tout. Je m'accroche au fait que mes parents biologiques auraient voulu que je me batte mais je sais au plus profond de moi que c'est débile, ils ne m'ont jamais connu et inversement alors comment pourrais-je savoir ce qu'ils auraient voulu pour moi?

À quoi je m'accroche alors ? À rien, je ne veux juste pas leur donner le plaisir d'avoir gagné. Du coup je continue de me battre et ils continuent de me battre parce que tant que je ne serais pas morte, ils n'auront pas gagné.

La sonnerie qui retentit me fait sortir de mes pensées. Je m'empresse de faire en sorte que mes cheveux ressemblent à quelque chose et cligne plusieurs fois des yeux pour remballer toute forme de larme. Je me relève, prend une grande inspiration et frotte mes vêtements. Je me calme, ramasse mes cahiers par terre ainsi que ma fierté et mon courage.

Je me dirige vers ma salle de cours et m'installe à une place, au hasard. Le professeur n'est pas encore arrivé alors nous patientons tous et je ne manque pas de recevoir des boulettes de papier ainsi que des matériaux scolaires sur la tête. Je suis sûre que quelqu'un ici pourrait être capable de me jeter un compas sans se soucier que la pointe pourrait me blesser physiquement. Qu'est-ce que ça pourrait bien leurs faire hein ?

Une gomme par-ci, une latte en fer par-là, en passant bien-sûr par des bics, Tip-ex et -en bref- tout ce qui se trouve à leur portée. Lorsque je reçus un manuel scolaire en pleine tête, se fût la goutte de trop.

Je ne peux pas me laisser faire, il faut que je réagisse! À bout, je récupère un feutre et je ne réfléchis pas un seul instant à ce que je m'apprête à faire. Sans que personne ne s'y attende, je me retourne et le lance avec force en plus d'une vitesse incroyable mais il se trouve qu'il atterrit  malencontreusement dans le visage d'un élève. Ce n'était pas n'importe quel élève, c'était lui. Je ne voulais pas le viser, tout comme je ne voulais pas lancer aussi vite et aussi fort. Il n'avait d'ailleurs pas eu le temps de comprendre ce qui venait de lui arriver tellement ça a été vite. Tiens, ça me rappel tout à l'heure...Malheureusement pour moi, lorsque je me remets bien à ma place, honteuse et rouge comme une tomate, j'aperçois mon professeur avec ses poings sur ses hanches, signe qu'il est probablement en colère et que je vais certainement avoir des problèmes.