Le bélier qui va foncer commence par reculer,

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Mon cœur redoubla d'intensité.

Je croyais être seule. Tout le plan que j'avais échafaudé pour arriver chez Milo avant Zoé venait de s'ébranler. Pourtant, en refaisant mes calculs, cela ne tenait pas debout.

Zoé travaillait dans le Nord de Paris. Pour arriver jusqu'à chez Milo, je lui laissais une bonne demi-heure de métro. Quand elle avait raccroché plus tôt, elle n'avait même pas encore entreprit de quitter son bureau. Et j'avais couru au péril de ma vie pour être bien certaine d'être là en premier. Non, vraiment, ce ne pouvait pas être Zoé. A moins d'un miracle, d'une supercherie ou d'une disposition physique que je ne lui connaissais pas.

Non. Ce n'était pas Zoé. Pas plus que cela ne pouvait être Axelle. Elle était coincée dans le petit café en face du Bon Jovi à servir des chaïs lattés à des influenceuses lifestyle. – Boulot qui soit dit en passant la ravissait de jour en jour, contente d'avoir troqué une carrière dans la finance au profit de petits plaisirs épicuriens. Comme je la comprenais ! Elle au moins avait eu l'audace de mettre un terme à une vie de non-sens pour gagner sa croûte en souriant.

Tandis que je méditais, plantée dans le hall d'entrée, face à une partie de mon destin, je n'entendis pas la porte s'ouvrir.

Qu'elle fut donc ma surprise, quand je me retrouvais nez à nez avec Milo, abasourdi de la découverte qu'il venait de faire et moi même horrifiée de mettre fait prendre la main dans le sac.

Nous nous toisâmes comme deux membres d'une tribu adverse, ne sachant pas qui de l'un ou de l'autre devait se sentir le plus confus.

Je décidais de rompre ce silence burlesque à coup de blague bien sentie, quand soudain une voix de l'intérieur vint frapper mes oreilles avec une violence rarement égalée.

Je connaissais ce son mieux que quiconque sur cette terre. Aussi ma surprise et mon embarra firent place à une sensation beaucoup plus paradoxal : l'effroi !

Tétanisée, au milieu du sas, mes yeux chavirèrent dans ceux de Milo, attendant un signe qui me laisserait croire à une douce hallucination de ma part.

Il ne chercha pas à confirmer mes soupçons. Au lieu de cela, il s'écarta pour me laisser la voie libre jusqu'à chez lui.

Une pointe d'excitation soudaine se fit sentir dans ma poitrine. Je savais qu'en mettant un pied à l'intérieur, j'allais me heurter à ce que je redoutais le plus au monde. Où devrais-je dire à celui...

Mais lasse d'avoir à évincer le problème comme un alcoolique fuyant les mondanités, je pris le courage qui me restait pour enfin mettre un pied devant l'autre.

Le regard de Milo m'encourageait dans cette voix. Lui et moi étions prêt à assumer nos divergences. Trop souvent, nous nous étions cachés sous un tas d'excuses qui ne pouvaient à présent plus perdurer tant la situation devenait puéril. Nous le savions. La cloche avait sonné. Réveillant les démons des uns et les regrets des autres.

Timidement, je vins déposer mes lèvres sur sa joue. Un bonjour cordiale et tendre qui voulait dire bien plus. Il le sentie instantanément, pressant sa paume contre mon bras nu en signe de bienveillance.

Je fis un pas en avant. J'observais son sas d'entrée comme on étudie une cellule sous microscope. Mon radar était en marche, scannant chaque détail pour renforcer mes convictions.

Quand mon regard s'arrêta sur l'amoncellement de vestes suspendues au porte-manteau, mes doutes volèrent en éclat. J'aurais pu reconnaître parmi mille personnes, la couleur si particulière de cette parka. Un mélange de rouge bordeaux et de gris. Rien de très original, mais pourtant, je l'avais serré cent fois, revêtue cent fois, reniflée cent fois et enfin aimée cent fois. 


Note de l'auteur : 

Ok, l'heure est grave. J'emprunte des dictons africains pour nommer mes chapitres. 

Mais qu'est-ce que je les aime ces leçons de vie :) 

Plus sérieusement, j'entame peu à peu la phase finale de cette histoire. Alors bien-sûr il va encore il y avoir un peu de suspens et ne vous m'éprenez pas, je vais les élucider au fur et à mesure. 

Ravie de voir que vous êtes toujours plus nombreux à lire "20 ans et quelques". C'était un petit pari de ma part, pour quelqu'un qui n'avait jamais réussi à finaliser ces écrits. 

Grâce à vous, je m'en suis donnée les moyens et ça me touche vraiment de voir que certains d'entre vous sont fidèles et toujours présents pour la suite des aventures. 

Alors merci :) et à très vite (pour la suite ! :) ) 

Em, 

20 ans et quelques | Terminée |Where stories live. Discover now