Romantisme au caramel,

688 104 4
                                    


Le bruit d'une voiture derrière nous, déchira notre étreinte. Ben me prit le bras et m'emmena sur le côté de la route. Il entoura mon visage dans ses deux mains et pressa sa bouche contre mon front. C'était étonnant de voir avec quelle facilité j'arrivais à me laisser aller à la douceur de ses gestes. D'ordinaire si réservée et fuyante quant il s'agissait de proximité soudaine.

Il héla un taxi quelques mètres plus loin, c'était ensemble que nous décidions de rentrer ce soir là. Je savais qu'Axelle avait pris ses aises chez moi, aussi je lui demandais rapidement par message de prendre bien soin de Chantal, sachant pertinemment que j'avais d'autres plans en tête.

Le trajet fut rapide jusqu'à chez Ben. Il me prétextait un dernier verre chez lui pour que je l'accompagne. En même temps, j'avais envie de lui spécifier que ce n'était pas la peine de m'entourlouper, nous connaissions tous les deux l'issue de cette soirée.

Je ne fus pas déçue en passant la porte de son appartement. La surprise devait se lire aisément dans mes yeux, je parcourais du regard l'intérieur. Des tas de vinyles foulaient les étagères du salon, un piano électrique trônait dans un coin et une pile de bouquins était entassée sur sa table basse faisant office de décoration. Un portrait de Rosa Parks en noir et blanc était accroché au mur, surplombant ainsi le grand séjour. L'atmosphère des lieux ressemblait à un joyeux bordel artistique mais organisé. Pour le peu que j'en savais de lui, je n'aurais pas pu imaginé les choses autrement.

Je pris le temps d'inspecter les différents recoins de son appartement avant de choir élégamment sur son canapé. Ben prit quelques minutes avant de revenir les bras chargés de deux bières.

Je me saisis du premier livre entreposé devant moi. Je lis le titre à voix haute.

- La fin de la jalousie... C'est cathartique comme lecture ? Lui demandais-je, sarcastique.

Il n'eus pas l'air de comprendre ma blague. Je rajoutais alors à son attention.

- C'est un livre qui traite sur les tourments de la jalousie, du coup, je me disais que peut-être tu avais vécu quelque chose de semblable et que tu faisais ton analyse à la lecture des verbes de Proust. Mais laisse tomber, c'était sûrement un calembour un peu pompeux !

Il me prit le livre des mains et entreprit des tourner les pages vigoureusement.

- Tiens, page 66, c'est pour toi ! Me dit-il tout en rigolant sournoisement, en me tendant l'objet de notre échange.

Dans le même temps, il ouvrit ses bras pour que je vienne m'y blottir, le livre toujours entre ses doigts. Je ne me fis pas prier et m'installais alors contre son torse, le dos collé à lui.

Je fis défiler les lignes de cette fameuse page 66, pour arrêter ma lecture quelques paragraphes plus bas.

« Les barrières d'impossibilité qui ferment à nos désirs et à nos rêves le champs des possibilité étaient rompues et sa pensée circulait joyeusement à travers l'irréalisable en s'exaltant de son propre mouvement. Les mystérieuses avenues qu'il y a entre chaque être humain et au fond desquelles se couche peut-être chaque soir un soleil insoupçonné de joie et de désolation l'attiraient.» *

Je ne m'y pas longtemps à comprendre où il souhaitait en venir. Étais-je pour lui aussi singulière que cette description ? Venait-il tout bas de me confesser la raison pour laquelle je lui avais un peu tapé dans le viseur ?

Je sentis sa main caresser l'avant de mon bras, avec une délicatesse rare. Si bien que je dus rester quelques instants inertes à observer sa main descendre et remonter le long de ma peau, me provoquant quelques frissons.

N'y tenant plus, je me redressais pour lui faire face. Prise dans un élan de pulsion assez animal, je vins aplatir ma bouche contre la sienne, dans un rythme effréné.

Il passa ses longs doigts dans mes cheveux, me forçant à me lever du canapé. Il empoigna mes hanches et me fit grimper autour de lui, entourant ainsi sa taille. Nos lèvres ne s'étaient toujours pas décollées et je n'avais aucune envie que cela n'arrive.

Il m'entraina jusque dans sa chambre, me posant ainsi sur son lit. Une minute suffit pour que nos deux hauts tombent au sol dans une sorte d'harmonie rarement égalée. Je scrutais l'intégralité de son torse, comme un trophée. La couleur de sa peau caramel me donnait l'irrépressible envie d'y goûter.

Ses cheveux noirs dansaient au-dessus de ma poitrine, où il vint déposer une multitude de baisers. Mon cœur battait à cadence affolante, si bien que je crus qu'il se détachait de ma cage thoracique pour finir sa course dans le bas de mon ventre.

Il me demanda alors la permission de faire valser mon jeans à l'autre bout de la pièce. Je n'eus aucune objection.

Nous nous retrouvâmes tous les deux en sous-vêtements, l'un sur l'autre. L'inconnu de la situation rendait la chose plus excitante que dans n'importe quel autre fantasme et je me surprenais à vouloir accélérer la fréquence pour assouvir la majestueuse envie que j'avais de lui. 



* La fin de la jalouse - Marcel Proust 


Note de l'auteur : 

Allez, je vous laisse me commenter ce chapitre. 

C'était cadeau !

Em

20 ans et quelques | Terminée |Où les histoires vivent. Découvrez maintenant