Viens on sort,

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J'avais joyeusement accueilli le clash avec Milo comme un moyen d'envoyer la terre entière sur orbite. Et puisque nous n'étions plus sur la même longueur d'onde, moi-même ne sachant d'ailleurs pas sur quelle onde je me trouvais, je profitais de l'instant de grâce que m'avait offert mon meilleur ami, pour me laisser vivre.

Je devais admettre, mais ça, il m'avait fallu plus que quelques jours pour l'avaler, que Milo avait en partie raison. Je n'étais juste pas obligée de lui spécifier dans l'instant.

C'est donc l'esprit léger, le cœur dans l'estomac et les cheveux coiffés, que je me rendais chez Ben. Non contente d'à nouveau entrer dans l'arène des dragueries de soirées.

Ben m'attendait en haut des escaliers de son immeuble, impeccablement apprêté dans son jeans noir et son tee-shirt assorti. Ses cheveux étaient repoussés négligemment vers l'arrière lui donnant un air de rockeur de midinette. J'avais oublié en l'espace de quelques semaines à quel point le spécimen était dangereux de par l'attractivité quasi immédiate que le sujet – moi- pouvait avoir pour lui.

Le bougre, le savait. Sinon, il n'aurait pas affiché ce sourire cynique sur le visage quand mes yeux parcoururent sans cachotterie l'ensemble de son visage.

Ses iris, elles, ressemblaient toujours à un lagon d'une île perdue dans l'Océan Indien. Et je me disais alors, que non seulement je devenais niaise mais qu'en plus j'étais capable de faire de la poésie de supermarché. Et ça franchement, ça me filait la nausée.

Il prit alors le soin de poser sa main sur ma hanche pour me guider à l'intérieur de son antre. Je retrouvais alors, tous ces vinyles interposés et cette atmosphère propre à Ben, un mélange caustique entre un air de Jazz et un solo de batterie. Je n'y connaissais pourtant rien à la musique.

Nos échanges furent polis dans les premières minutes. Puis vint la question que je supposais brûler les lèvres de mon interlocuteur.

- Tu disparais souvent de cette façon ? Me demandait-il, amusé et pourtant très sérieux.

Assise en face de lui, je le détaillais de plus près encore que je n'avais l'habitude de le faire. Il mordillait l'intérieur de sa lèvre inférieure avec une telle délicatesse que j'aurais pu le faire à sa place. J'avais disparu parce que je connaissais la férocité de la bête en face de moi. On était du genre mordu, et ce bien avant qu'on ne s'en rende compte.

- Je faisais de l'ordre dans le désordre. Répliquais-je.

Il opinait du chef, comme pour me spécifier qu'il avait compris là où je voulais en venir. Même si moi-même je ne le savais pas. Ce qui en effet, fut étrange.

- Et dans tout cet ordre, c'est plus clair à présent ? Glissait-il, le sourcil arqué et la mine rieuse.

J'avais envie de lui dire que quand je le regardais tout me paraissait nettement plus clair. Mais encore une fois, je n'étais pas une raconteuse de disquette en chef et je détestais par-dessus tout, cet orchestre de joueurs de flûtes ! Pourtant, à ce moment-là, c'était le cas.

Ma constance fut suffisante pour m'abstenir de sortir une connerie, que je regretterai sûrement à la minute où celle-ci franchirait le mur du son.

A la place, je répondis par l'affirmative d'un mouvement de tête. L'heure n'était pas au long discours.

Ben me prit la main tout en arrachant mon sac au canapé. Il me glissa à l'oreille – on sort – comme un ordre. Je ne le retenais pas et le suivie pleine d'entrain pour une fois.

J'aimais ses prises de décisions qu'on ne pouvait jamais préméditer. J'aimais la spontanéité naturelle avec laquelle il avait l'air de vivre aisément son quotidien. Et j'aimais qu'il apporte ça à la mienne, au moins pour les fois où l'on avait le privilège d'échanger du temps.

La main toujours vissée dans la mienne, nous descendions le boulevard, accrochés l'un à l'autre comme si c'était la chose la plus ordinaire. Et peut-être que ça l'était au fond.

Quelques rues d'exploration plus tard, nous arrivâmes devant l'entrée d'un petit club qui ne payait pas de mine du premier regard. Ben fit l'accolade au physio, habillé de noir et en moins de temps qu'il ne faut pour reprendre une respiration, nous fument à l'intérieur.

L'ambiance y était électrique. L'endroit ressemblait à un club libertin, tellement la décoration me semblait tout droit sortie d'un mauvais film. Pourtant, malgré le kitsch ambiant, il y avait un je-ne-sais-quoi de singulier. Peut-être était-ce dû à la musique qui emplissait mes tympans.

Ce n'était pas noir de monde, mais pour autant, la piste était occupé par pléthore d'hommes et de femmes, en pleine expression de leur corps. La danse que je voyais sous mes yeux me donnait chaud. Parce que le spectacle était magnifique et qu'il relatait d'une symbiose parfaite entre le rythme des basses et celui des mouvements du corps.

Ben, toujours à mes côtés, prit mon visage dans ses mains, pour accrocher sa bouche à la mienne, avec une telle ferveur que je restais déboussolée longtemps avant de le voir disparaître près du bar à cocktails. 


Note de l'auteur : 

AMBIANCE CALIENTE, les CHICAS ! 

Après le clash avec Milo, place à Ben. 

Alors, à votre avis, il va se passer quoi ensuite ? :)  


20 ans et quelques | Terminée |Dove le storie prendono vita. Scoprilo ora