Chapitre 21

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Mercredi, 12 avril 2017

— Finalement, je préfère rentrer ! Allez, Lola, je suis sûre que Tomas ne t'en tiendra pas rigueur si tu préfères une soirée entre filles à mon appart qu'une soirée en boîte.

— T'avais promis de m'accompagner !

— Je n'aime pas les discothèques. Ça grouille de mecs relou en chaleur !

Je retiens Lola par le bras tandis qu'elle m'adresse un regard las.

— Et tu ne l'es peut-être pas, toi !?

Je lève les yeux au ciel.

Elle n'a pas tort sur ce coup. J'ai besoin de relâcher la pression, et l'activité physique qui arrive par excellence à me relaxer et me procurer du plaisir demeure le sexe. Même un bon footing ne me défoule pas !

Chris hante mes pensées. Mon esprit est embrouillé par les fantasmes qu'il y fait naître. J'imagine plusieurs façons de l'aborder, que ce soit en cours, au pub... ou ailleurs. Je désire tant cet homme que ça en devient presque maladif.


J'entends Shape of You résonner dans la boîte pendant que nous déposons nos vestes aux vestiaires. Les paroles me motivent. Dans le fond, une soirée en discothèque me permettra de me distraire. Exit l'homme de la Victoria Line !

Je compresse ma poitrine entre mes mains et la remonte alors que Lola rigole en m'observant faire. 

Ce soir, je me suis faite sexy à damner les dieux ! Une mini-jupe en simili cuir épouse mes hanches. Elle est surmontée d'un haut transparent noir qui expose mon soutien-gorge pourpre. Et j'ai même fait l'effort d'enfiler des bottines à talon !

J'entraîne Lola dans la foule de gens massés devant la piste de danse en me déhanchant. Elle se moque de mon enthousiasme qui frôle l'hystérie d'une fangirl.

Dès qu'Ed chante, je me transforme en l'adolescente de seize ans. Celle qui, les écouteurs vissés dans les oreilles, écoutait en boucle The A Team dans la cour de récré. Elle ne se mêlait pas aux autres lycéens. À l'époque, elle était déjà incomprise.

Lola se cache le visage derrière ses mains pendant que je lui tourne autour de manière aguicheuse. Elle rit de plus belle quand je l'allume. Je soude nos hanches en croisant mes bras derrière sa nuque. Dans un collé-serré sensuel, nous ondulons sous certains regards intéressés. 

Mon nez plonge dans son carré blond parfaitement lissé, ce qui la fait frissonner.

De l'extérieur, nous renvoyons l'image d'un couple en plein flirt. Elle, intimidée, les joues cramoisies. Moi, entreprenante, un sourire en coin.

— Cibles déjà en vue, lui chuchoté-je, les lèvres contre sa tempe.

— Qui sont les heureux élus ?

— Tu veux plutôt dire les malheureux imbéciles, chérie !?

L'hilarité de Lola ne fait que s'accroître. La tête rejetée en arrière, elle éclate de rire.

Un brun trapu semble prêt à se jeter dans nos filets. L'air de rien, il s'avance dans notre direction. Il bouge uniquement les épaules. À danser de cette manière, il donne l'impression d'un Playmobil désarticulé. Son torse remue mécaniquement, en total désaccord avec les mouvements raides de son bassin. Il doit être le genre de cavalier qui écrase les pieds de sa partenaire.

D'ailleurs, son approche maladroite confirme mon préjugé ! Il me tapote l'épaule avec la délicatesse d'un éléphant de mer. Merde, il va me la déboîter s'il continue à m'exposer les résultats de ses séances de muscu ! Il faudrait être aveugle pour louper ses biscotos moulés dans son polo. Les coutures des manches sont sur le point de craquer.

Victoria Line (T1 de Thistly Heart)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant