Chapitre 38

298 24 21
                                    

Lundi, 24 avril 2017

— Parle-moi un peu de toi...

Chris détourne les yeux sur le ventilateur qu'il vient d'aller acheter et qu'il branche face à mon lit.

— Pourquoi ? répond-il simplement en haussant les épaules.

— Parce que j'ai l'impression que tu me connais mieux que je ne te connais, rétorqué-je.

Je m'étends sur le dos tandis que je me sens enfin soulagée grâce au ventilateur. Chris a insisté pour que j'en ai un mais j'ai débattu que je préférais avoir chaud que de gaspiller mon argent. Lorsqu'on ne roule pas sur l'or, on préfère généralement privilégier son argent pour d'autres choses que pour un ventilateur qui sera peut-être utilisé une fois par an.

Je relève la tête. Mes cheveux volent dans tous les sens face à la puissance de ce ventilateur high-tech. Il passe une main dans mes courtes mèches, rapproche son nez et les humecte avant de foncer dans mon cou et d'en mordre la peau tendre, me faisant pouffer une nouvelle fois.

— T'as toujours eu les cheveux aussi courts ?

— Toujours et je me suis même chargée de les couper toute seule à mes cinq ans... Je t'avoue que ce ne fut pas la meilleure idée que j'ai eue durant mon enfance, rigolé-je avant de poser mes lèvres sur les siennes.

— J'aime bien, répond-il simplement.

Il fait glisser ses mains autour de ma taille pour me faire basculer au-dessus lui, approfondissant le baiser.

Cependant, j'en ai décidé autrement et je n'ai pas oublié ce qu'il s'est passé un peu plus tôt avec Arthur. Mes membres tremblent encore et Chris semble l'avoir remarqué. Je me redresse avant de me mettre debout pour aller chercher la bouteille de vin dans le frigo. Je bois au goulot, la tête appuyée contre ce dernier tandis que les paroles d'Arthur me reviennent en tête.

Toujours aussi féroce Jo... Tu es toujours aussi sublime. Un dîner sans alcool ? Juste nous deux ?

Son regard. Ses gestes.

La nausée me vient, rien qu'en y pensant. Je dépose dans un fracas la bouteille sur le plan de travail et cours jusqu'aux toilettes. Je me jette à genoux sur le parquet et essaie de reprendre ma respiration mais rien à faire, mon cœur tambourine dans ma poitrine.

J'entends à peine Chris qui, alarmé, est venu se placer dans mon dos. Mon estomac se déverse dans la cuvette et je sens de nouveau les larmes pointées le bout de leur nez. Ma gorge me fait mal mais ce n'est rien comparé au nœud qui s'est formé au creux de mon estomac. Les mains de Chris qui retenaient mes cheveux viennent à la rencontre de mon dos et massent fermement mes épaules tendues. Chaudes et apaisantes, elles caressent ma nuque moite de sueurs froides alors que je peine à me détendre.

— Tu veux que je fasse venir le médecin ?

Je relève la tête et lui fais signe que non. Il prend l'une de mes mains et la compresse dans la sienne.

— Je vais bien... c'est la fatigue avec la chaleur, trouvé-je comme excuse.

J'aligne mes jambes hésitantes et me remets debout tandis qu'il me soutient de peur que je ne vacille. Il me soutient jusqu'à mon lit et met en ordre les coussins pour m'y déposer.

— Je ne suis pas en sucre, Chris... me plains-je.

— Alors arrête de me raconter des sottises !

Il se plante face au lit, les mains dans les poches de son pantalon beige qui va à merveille avec son teint halé. Il est anxieux et ne sait comment réagir.

Victoria Line (T1 de Thistly Heart)Where stories live. Discover now