Chapitre 3

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Mercredi, 8 mars 2017

Un juron ressemblant plus au grognement d'un ours s'échappe d'entre mes lèvres. Le corps entortillé dans les draps, je me retourne avant de fourrer mon visage au creux de mon oreiller, maudissant la personne qui m'appelle si tôt.

La sonnerie de mon téléphone ne cesse de résonner dans la chambre. L'envie d'attraper la source de mon réveil et de la balancer contre un mur est tentante, mais l'idée de mon téléphone brisé ne réparera pas cette matinée gâchée.

Je suis cependant forcée de relever la tête, les yeux encore collés de sommeil.

D'abord, le voisin du dessous qui prend sa douche à six heures tapantes, sur les basses d'un rap abrutissant. Ensuite, le camion des éboueurs. Finalement, mon téléphone. Il faut croire que personne ne veut me laisser dormir en paix !

Je cherche à tâtons mon smartphone que je croyais avoir posé sur la table de chevet comme à mon habitude, mais ma main ne fait que toucher le bois rugueux du meuble.

En me redressant, j'ai l'impression que ma tête pèse une tonne. Je me maudis d'avoir ingurgité autant de shots de tequila alors que je n'arrivais déjà plus à faire des clins d'œil aguicheurs sans paraître débile.

Quoique le barman, diablement sexy, qui nous a servis toute la nuit ne s'en est pas formalisé !

Après m'être emmêlé les pieds dans la couette — et avoir manqué au passage de me casser la figure —, je me penche vers le sol où mes affaires gisent. Éparpillés tels les morceaux de pain du Petit Poucet !

Au milieu de ce capharnaüm, mon téléphone vibre de plus belle. Je tends les doigts pour l'attraper, mais au même moment, une main chaude atterrit sur l'une de mes fesses et me fait sursauter si bien que je tombe du lit.

Une voix rendue rauque par le sommeil m'insurge de répondre.

Lorsque j'affirmais que ces shots de téquila ne m'avaient pas été bénéfiques, je ne croyais pas si bien dire !

Je décroche sans plus tarder et coince mon téléphone entre mon oreille et mon épaule.

— Allô ?

En un temps record, je suis debout dans mon plus simple appareil, à la recherche de mes sous-vêtements. Ma culotte se trouve à quelques centimètres des pieds du lit, tandis que ma brassière est restée dans la kitchenette.

L'auteur du méfait roupille à poings fermés. Ses fesses nues et fermes sont exposées à ma vue et me narguent au milieu des draps froissés. Lorsque mes yeux remontent plus haut, ils rencontrent une cascade de boucles rousses avant de reconnaître l'encre noire qui pigmente l'épiderme des bras imposants du barman.

Comment il s'appelle encore ?

— Coucou, mo wee bruadarach* ! Comment tu vas ? Bien dormi ? J'espère que je ne t'appelle pas trop tôt...

Ma mère.

Pile-poile où mes pensées s'aventuraient vers des contrées scabreuses !

Je délaisse la vision du viking endormi dans mon lit et me dirige vers la salle d'eau. La pièce exiguë ne dépasse pas les cinq mètres carrés.

Après m'y être réfugiée, je dépose mon postérieur sur les toilettes.

Och, shit **!

Je me mords la langue pour m'empêcher de jurer davantage.

Le rideau de douche a souffert de mes ébats, hier soir. Il a été arraché de ses anneaux et se trouve à présent dans le receveur de douche.

Note à moi-même : arrêter la téquila. Expressément, si je ne souhaite pas refaire toute la décoration de mon appart !

Victoria Line (T1 de Thistly Heart)Where stories live. Discover now