Chapitre 41

61 2 0
                                    

Je relis une dernière fois l'adresse que m'a envoyée Chris. Le message est concis et précis, loin du ton joyeux qu'employait Chris ce matin.

Jamie termine sa journée à quinze heures et demi, et il est déjà presque quinze heures cinq. Me connaissant, je vais sûrement me tromper de chemin une bonne quinzaine de fois avant d'arriver à destination. Je me démène entre les personnes qui se bousculent pour sortir du métro.

Il faut que je prenne la Victoria Line avant de prendre une autre ligne de métro. Ensuite, je dois compter le trajet à pieds. Je ne suis pas sortie de l'auberge et je perds déjà patience.

Pourquoi me suis-je encore proposée pour le garder ?

Parce que Jamie est un gentil garçon et que tu veux en quelque sorte aider ce petit en manque de sa maman, me souffle ma conscience.

Et pas que ! me taquine-t-elle au souvenir du corps à moitié nu de Chris contre le mien.

Je prends mon courage à deux mains et enfonce les écouteurs dans mes oreilles. La musique à fond, je vérifie toutes les deux minutes l'heure parce que je ne veux tout simplement pas faire attendre Jamie. Je ne suis pas sa maman et je ne le serai jamais mais je peux au moins être présente pour son bien-être.

Étrangement, je me suis attachée à lui. Je sais que c'est mal mais je me vois en lui. À l'inverse de moi qui n'ai pas eu de père, sa mère, elle, est toujours en vie. 

Ma situation est instable. Je ne serai pas indéfiniment là pour lui, mais si ma présence indéfinie lui apporte ne serait-ce qu'un peu de joie, j'aurais rempli la part du boulot.

15h20. J'inspire et expire. À peine ressortie à la lumière du jour que je m'engouffre de nouveau dans l'obscurité, je dois d'abord chercher un instant avant de trouver la rame. À du même bruit incessant du métro qui démarre, j'augmente un peu plus le son et bats le rythme de No Good hurlé par le chanteur du groupe Kaleo.

J'imagine la tête de Jamie en me voyant à la sortie de son école. Chris ne m'a pas dit que son fils avait été mis au courant. D'un côté, j'espère qu'il a gardé la surprise. Je souhaite voir le visage de Jamie se fendre du même sourire heureux que possède son papa.

15h27. Et merde, merde ! Merde !

Les portes du compartiment paraissent lentes à s'ouvrir mais, finalement, elles s'ouvrent tandis que je bats toujours du pied nerveusement. Je me presse pour sortir. Dehors, il pleut des cordes.

Lola, qui est la parfaite petite Londonienne, m'a indiqué le chemin sur un bout de papier. Le papier est tout plié dans ma main et l'écriture commence à s'effacer sous la pluie. Je n'ai plus qu'à suivre ses conseils. D'abord, à gauche. Ensuite, à droite. Je me mets à courir sous la pluie battante. Je suis trempée jusqu'aux os mais je ne compte pas ouvrir mon parapluie qui se trouve dans mon sac car celui-ci est réservé pour Jamie. Et je ne dois pas m'arrêter. Foulée après foulée. Je sens mes joues s'empourprer.

Je repousse mes cheveux en arrière, ceux-ci n'ont aucun mal à se plaquer sur mon crâne. Je jette des coups d'œil autour de moi et trouve finalement la petite école privée dont m'avait parlé Lola. L'entrée est quasiment déjà déserte.

Je pousse la grille et après être rentrée dans la cour, je vois quelques enfants ainsi qu'une femme qui me regardent derrière une vitre. Je suppose que là, se trouve le service de garderie.

Sans plus attendre, je rentre dans le bâtiment et arpente les couloirs colorés par les nombreux dessins des enfants. Je n'ai jamais connu ce genre d'établissements, ceux que fréquentent les enfants aux parents fortunés. Il y a des mini casiers sur lesquels sont glissés des prénoms.

Victoria Line (T1 de Thistly Heart)Onde histórias criam vida. Descubra agora