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Bientôt pour Marie voulait réellement dire dans un laps de temps très très court. Je venais de rentrer quand Nicolas me sauta dessus, apparemment de mauvaise humeur, il me dit qu'il n'était pas ma secrétaire, que Stéphanie était repassée me voir. J'essayais de le calmer un peu, lui avouant que je ne l'avais pourtant pas vue sortir de sa rue, et que si cela avait le cas, je l'aurai interpellée puisque je n'étais pas loin. Il me demanda pourquoi j'étais sortie, je lui dit absolument toute la vérité. 

" Donc, conclu-t-il, si Stéph vient ici aussi souvent c'est pour s'excuser de ce qui s'est passé entre vous, en gros. 

- S'excuser ? Stéphanie ? 

- Ouais j'ai dis en gros quoi ! Mais c'est pas le plus important. 

- Et c'est quoi le plus important selon toi ?

- Tu te retrouves coincée entre deux filles. "

Je constatais alors qu'il avait raison, et me traitais mentalement d'idiote. Je ne savais pas trop bien où j'en étais avec Virginie, étions nous ensemble officiellement ? Et si jamais Stéph revenait, qu'allais-je bien pouvoir lui dire ? Une tonne de questions se bousculaient dans ma tête et contre toute attente ce fut Nico qui me donna la solution. 

" Gères Virginie en premier. Si tu veux te remettre avec Stéph. 

- Qu'est-ce qui te fais dire que c'est ce que je voudrais ?

- Ton regard de chien malade et battu, et aussi que t'étais bien plus heureuse avec Stéphanie, vous aviez des projets ensembles, tu voulais trouver un boulot et vivre avec elle. Est-ce que tu te vois avec Virginie maintenant ? 

- Ça se voit tant que ça ?

- Oh oui ! Tu t'éclates mais c'est pas pareil. Je te connais bien Vic, je vois que tu sais pas où tu en es, où tu vas, ça se lit sur ta tête. "

J'ignorais que mon frère me connaissait si bien, cela me fit plaisir et en même temps un peu froid dans le dos. Imaginer Nico en psychologue... Jusqu'à hier je l'aurai plus vu en psychopathe. Je le remerciais néanmoins pour ses conseils, pour une fois, son avis m'avait bien aidé et n'était pas ponctué de citation de manga ni de mots japonais, j'étais heureuse d'avoir pu avoir une discussion aussi franche avec lui puis je regagnais a chambre. Mon portable était resté silencieux depuis ce matin, il était temps pour moi de le faire chauffer un peu, suivant e conseil de mon frère, j'allais devoir m'occuper de virginie. Je n'avais aucune idée sur la façon de faire, j'envoyais alors un simple coucou, histoire de voir ce qu'elle faisait. Je savais déjà qu'on l'on ne se verrait plus du week-end, comme elle me l'avait dit la veille, elle aussi avait des choses à faire, elle ne me répondis pas moins dans la minute qui suivait l'accusé de réception de mon message. Je lui demandais donc ce qu'elle faisait, elle me dit qu'elle profitait un peu de sa famille qu'elle n'avait guère eut le temps de voir cette semaine et me retourna la question. Je décidais de la jouer énigmatique, je lui dis simplement que je pensais, attendant le message suivant qui devais me demander à quoi je pouvais bien penser. Ce fut le cas. 

" À nous. Je me demande où on en sera dans un an, dans cinq, voir dans dix... "

Elle ne répondit pas tout de suite cette fois, devait-elle elle aussi réfléchir avant de répondre ? Je me dis que si j'avais demandé ça à Stéph, elle n'aurait pas mit quinze ans à me répondre qu'elle nous voyait ensemble, mariées avec un enfant ou deux. C'est aussi ce côté pragmatique que j'aimais chez elle, avec elle, pas de questions sans réponse, elle pouvait planifier une soirée comme les dix prochaines années, du moins je le pensais, avant d'avoir vu sa jalousie prendre le relais. mon téléphone finit par vibrer. 

" Je sais pas, j'suis pas madame soleil. "

En une fraction de seconde je venais de voir la plus remarquable des différences qu'il pouvait y avoir entres elles. Comment planifier quelque chose avec ce genre de fille ? La réponse était tout bonnement impossible. Je constatais aussi qu'elle n'eut même pas la délicatesse de me retourner la question, cela voulait-il dire qu'elle s'en fichait ? Plus j'avançais avec Virginie et plus je me perdais, Nicolas avait bel et bien raison, je ne savais ni où j'en étais, ni où j'allais et ça m'était extrêmement désagréable. Bien qu'elle ne me demanda pas mon avis j'étais décidé à le lui donner malgré tout. 

" Moi dans dix ans, je me vois bien avoir un travail stable, être avec une fille que j'aime et qui m'aime tout autant, pourquoi pas même être mariée, et avoir des enfants, une jolie petite maison à nous... T'en penses quoi ?"

Je ne savais pas du tout ce qu'elle allait répondre à ça, et au bout d'un quart d'heure je finis par me demander si elle allait répondre même.  Le portable en mode vireur restait inactif entre mes mains, j'avais beau le regarder, rien ne se passait puis soudain, la véritable nature de Virginie apparut. 

" Ce sont des rêves de petite fille ça. "

Déçue, je ne trouvais rien à redire. D'où être ambitieuse dans sa vie professionnelle et affective était signe d'immaturité ? Je ne la comprenais vraiment pas, nous venions de passer un séjour agréable, sauf vers la fin mais ce genre d'incident aurait pu arriver à tout le monde, et elle me balançait comme ça que j'étais encore une enfant. J'eus envie de pleurer soudainement mais je réussis à retenir es larmes en me répétant qu'elle n'en valait pas la peine. Plus tard dans la soirée elle m'envoya une série de points d'interrogations, je ne savais pas quoi lui dire, je me sentais déprimée et avais l'impression d'avoir perdue une semaine à rien, si ce n'est que comme l'avait dit Nicolas, je m'étais éclatée. Juste avant de m'endormir je pris la décision d'être franche avec elle et lui dit que je préférais que l'on en reste là, je n'attendis aucune réponse et, pour l'une des rares fois dans ma vie, j'éteignis mon téléphone pour la nuit. 

Lesb et heureuse : Stéphanie [terminé] Where stories live. Discover now