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Mon téléphone vibra fortement sur le bureau, ce qui me ramena au présent. Je pris le temps de reprendre mes esprits avant de regarder qui pouvait bien m'appeler un samedi matin. Je fus surprise de voir ''Tofer'' s'afficher sur mon écran, je décidais d'ignorer l'appel .Nous nous envoyions encore quelques sms de temps en temps pour savoir comment ça allait, je savais qu'il avait retrouvé récemment quelqu'un, une fille bien que je ne connaissais que très peu, je lui souhaitais tout le bonheur possible. Le portable vibra une nouvelle fois, une simple vibration cette fois-ci, signe que mon ancien petit ami m'avait laissé un message vocal, je l'écouterai plus tard, pour le moment, je me décidais à aller prendre ma douche, voir si ma mère avait besoin d'aide, et si ce n'étais pas le cas, j'irai rejoindre Stéphanie. Moins d'une heure plus tard j'avais enfilé mes baskets et sortais rejoindre ma femme chez elle. Je n'avais qu'un petit quart d'heure de marche rapide pour y arriver mais comme cette matinée était ensoleillée, comparé à la veille où il a plu toute la journée, j'en profitais pour écouter le message de Christopher. Ce dernier organisait une fête pour son anniversaire ce soir et il m'invitait à y participer avec, ou sans précisa-t-il, ma copine, je me dis que je lui en parlerai une fois que je serais chez elle. Sa mère m'ouvrit la porte, me précisant que Stéphanie était dans le jardin, je saluais donc Éloïse, qui me dit pour la millième fois au moins de l'appeler ''Élo'', ce que je n'arrivais toujours pas à faire malgré moi. La mère de Stéph était un peu plus jeune que la mienne et pourtant, au premier regard, on lui donnait bien dix ans de plus. Ridée, la peau matte, elle passait tout son temps libre à fumer ses affreuses Gauloises brunes qui empestait toute leur maison. Le père de Stéphanie était décédé il y a cinq ans, laissant la jeune femme seule avec ses trois enfants, deux filles et un garçon. La famille de ma petite amie était sympa, et ils m'ont accepté de suite, son jeune frère était secrètement amoureux de moi et il pensait que je ne le voyais pas m'observer du coin de l'œil quand je me trouvais dans la même pièce que lui, et rougir comme une tomate lorsque je lui faisait la bise pour le saluer. Il me faisait rire. Il avait beau avoir huit ans de moins que moi, cela ne plaisait pas à sa sœur de le voir me tourner autour, bien souvent elle l'expédiait ailleurs sans ménagement. Parfois je me demande comment je réagirai si Nico avait la même conduite avec ma chérie et je me dis que moi, je lui arracherai les yeux. Et la langue pour faire bonne mesure. Sa sœur quand à elle n'était pas du tout mon style, elle avait deux ans de plus que nous et me prenait de haut, bien souvent elle nous regardait avec un regard de dégoût lorsque nous étions l'une contre l'autre, elle affichait son hétérosexualité bien fort et cela se ressentait lors des repas de famille. Je retrouvais ma petite amie au jardin, en compagnie de Thomas son petit frère, ils me virent arriver et je remarquais le changement immédiat de comportement du jeune garçon, il était en train de ronchonner à porter du bois lorsque je passai la porte, puis d'un coup, il ne dit plus rien et prit les plus grosses bûches. Je ris intérieurement en me disant que j'aurai du arriver plus tôt. Stéph courut vers moi et m'embrassa comme ci nous ne nous étions pas vues depuis des années, je savais très bien que c'était pour embêter son frère mais j'étais aussi gourmande de ses baisers enflammés qu'heureuse de remettre Thomas à sa place, il fut tellement subjugué, comme à chaque fois, qu'il laissa tomber le bois qu'il portait, j'eus un second rire intérieur. Ma petite amie alluma une cigarette et nous allâmes nous asseoir autour du salon de jardin blanc qui trônait au milieu de la pelouse. Elle se plaça de manière à ce que le vent éloigne la fumée de moi, encore une de ses petites attentions qui faisait que je l'aimais tant.

« Marie passe la journée chez son mec, dit-elle en recrachant la fumée. Y'a que Thomas qui sera là. Il aimerait bien avoir une copine mais il a pas encore de poils. »

Nous rîmes.

« Je t'entends hein ! »

Stéph répondit à sa protestation en lui faisant un doigt d'honneur, l'adolescent soupira avant de se remettre au travail.

« Topher m'a appelé ce matin. »

Je vis ma chérie se raidir, bloquant ainsi la fumée dans ses poumons, je détestais quand elle faisait cela, il n'y a rien de plus nocif.

« Détends toi, dis-je, j'ai pas répondu.

-Core heureux ! Il voulait quoi ?

-Il donne une petite fête pour son anniversaire ce soir, il voulait nous inviter.

-Nous ?

-Bah oui, nous deux. Il sait qu'on est ensemble tu sais... Comme tout le reste du monde.

-Tu crois vraiment que j'ai envie de passer mon samedi soir chez ton ex ? T'es sérieuse là ?

-Je... Non je sais pas, je te demande ce que tu en penses...

-Qu'il aille se faire foutre !

-Stéphanie... »

Je lui pris la main, elle se raidit un instant puis se laissa faire, me regardant directement dans les yeux.

« Je te demandais juste, repris-je. Après si tu veux prévoir autre chose... Y'a pas de soucis. »

Elle prit une bouffée sur sa cigarette puis l'écrasa dans le cendrier à moitié rempli d'eau de pluie posé sur la table en plastique puis me fit un clin d'œil.

« Oui, dit-elle, j'avais autre chose de prévu.

-Dis moi chérie...

-J'avais prévu de t'emmener au septième ciel et te faire hurler de plaisir si fort que Thomas ne pourra plus dire qu'il est sourd à cause de la branlette mais à cause de toi ! »

Nous rîmes encore une fois de bon cœur alors que l'ado derrière nous râlait de nouveau. Parfois Stéphanie savait se montrer cruelle et sans gène mais cela me plaisait aussi.

« Ninie, arrête d'embêter ton frère, fit une voix derrière nous.

-Maman, arrête avec ce surnom débile !

-Alors arrête de le taquiner. Les filles vous voulez aller au tabac pour moi ? Stéph tu te prendras des clopes aussi, je fais un chèque, tu me rembourseras plus tard. »


Le chèque, le moyen de paiement d'Éloïse quand elle est à court d'argent. Stéphanie me regarda avec un air de chien battu, elle aussi connaissait toutes les petites astuces de sa mère lorsque celle-ci était à découvert. Au début, lorsqu'elle recevait ces premières payes, ma copine prêtait de l'argent à sa mère mais elle ne le revoyait jamais alors elle stoppa et commença à économiser sur un compte à part. Nous acceptâmes de bouger, surtout pour le fait de ne plus être écoutées par Thomas, écoutée et reluquée pour ma part. Nous nous mîmes donc en route vers le tabac le plus proche. 

Lesb et heureuse : Stéphanie [terminé] Where stories live. Discover now