Lesb et heureuse : Stéphanie [terminé]

39

Pour une fois mon père rentra tôt et le repas se passa merveilleusement bien. Tout le monde discutait joyeusement, il y avait chez moi comme une ambiance de fête, de réunion de famille, et malgré le fait que nous étions en plein milieu de la semaine, je regagnais ma chambre assez tard en compagnie de Virginie, laissant mes parents discuter entre eux. Je n'oubliais cependant pas ce que m'avais confier ma mère et me demandais si finalement ce n'était pas Virginie la femme de ma vie. Allongée sur le dos, ma copine endormie sur mon épaule, il fallait dire qu'elle et mon père avaient bien bu ce soir, je pensais à ma vie, tous les plans que j'avais fait avec Stéphanie, tout ce que nous nous étions dit, promis, tout cela venait de s'envoler, de disparaître. Il y a encore une semaine j'aurai été incapable d'imaginer ma vie sans elle et ce soir, elle semblait presque ne jamais avoir exister. Un sentiment de tristesse s'empara alors de moi et des larmes coulèrent sur mes joues alors que je tombais dans le sommeil.

Un chat ! Un magnifique chat blanc marchait nonchalamment devant moi. Je devais l'attraper, il connaissait quelque chose que je devais savoir, je devais lui demander. Je me mis à marcher plus vite, il accéléra lui aussi. À qui appartenait ce chat ? Je n'en savais rien, j'y pensai un instant, c'était le mien. Comment s'appelait-il donc ? Aucune idée... Attends... Il a un nom en jeu de mot... Touille ! Il s'appelle Touille ! Je l'ai nommé ainsi car il déteste les caresses sur le ventre et quand on lui touche les coussinets, c'est le chat-Touille ! Je ris tout en me mettant à courir derrière lui.
'' Je suis une fille ! ''
Apparemment le chat-Touille parlait !
'' Tu ne te souviens même pas de moi ? Alors que l'on jouait tant ensemble ! ''
Non je ne gardais aucun souvenir de lui, ou plutôt d'elle. Le chat s'enfuyait toujours devant moi, qu'avais-je donc de si important à lui demander ?
'' Je le sais, claironna-t-elle. Mais je ne te le dirai que si tu m'attrapes. Ho ! Je sais ! ''
Elle arrêta de courir et je vis là une magnifique opportunité de la saisir, je bondis en avant, bras tendu pour me jeter sur le félin qui se léchait une de ses pattes avant. Elle me vit arriver, fit trois pas sur le côté et je m'écrasais au sol, n'attrapant que de l'air entre mes mains. Elle me regardait malicieusement.
'' Jouons à cache-cache, comme autrefois. J'ai toujours apprécié te voir me chercher pendant des heures."
Ce chat était vraiment cruel. Le temps que je me relève et vérifiais que tout allait bien, elle repartie en courant encore plus vite puis disparut derrière une porte. J'empruntais la porte à mon tour et fut propulsée chez moi. Je reconnus ma maison mais tout semblait différent, les meubles, les murs, les cadres, les décorations... Et surtout, chaque pièce me paraissait immense. J'allais dans la salle, bien qu'elle soit totalement différente d'aujourd'hui, chaque meuble avait garder sa place, je reconnus le placard sur le mur du fond qui lui était encore là maintenant et la table en place centrale. Les canapés étaient en tissus ici et la télévision, bien qu'elle soit de taille énorme était une de ces veilles télés qui pesaient dix tonnes et prenaient une sacrée place. Une émission y était diffusée, je ne reconnus pas le programme. Une ravissante femme blonde sortie de la cuisine, elle me vit et me sourit.
'' Si tu cherches le chat, il est dans ta chambre je crois mon ange. Ne dérange pas tout, ton amie vient pour le goûter.
- Mon amie ?
- Oui la fille d'Éloïse, la collègue de maman. Celle qui a eut son petit frère il n'y a pas longtemps.
- Un petit frère ?
- Elle vient me le présenter. Thomas il s'appelle.
- Thomas ? Comme le frère de Stéphanie...
- Ah, voilà tu t'en souviens. N'oublis pas Marie non plus. ''
Marie, Stéphanie et Thomas ? Chez moi ? Apparemment le petit frère de mon ex venait de naître... Je devais donc être âgée de sept ans. Je ne garde que peu de souvenir de cette époque. Est-ce depuis ce jour que Marie me déteste ? Que s'était-il passé ? Une foule de questions me venait à l'esprit, mais aucune réponse. Je devais absolument trouver ce chat, je le savais au plus profond de moi. Je me mis à courir dans ma chambre, ouvris la porte à la volée et sautai sur le lit. Un lit simple, évidemment, je n'eus le double que lorsque j'eus fini le lycée. Je me penchais en dessous, Touille était là, visiblement à bout de souffle.
'' Tu m'as trouvée, dit-elle. Bravo Vic !
- Pourquoi je devais t'attraper ?
- Pour que je te rende ce que je t'ai pris.
- Ce que tu m'as pris ? Donc tu es en plus un chat-pardeur! ''
Elle sourit en retroussant ses babines, mais au bout d'un moment cela n'avait plus rien à voir avec un sourire, elle me montrait sérieusement les dents. Comme pour me prouver que j'avais raison, elle donna un coup de patte rapide, toutes griffes sorties, dans ma direction.
'' J'en ai plus qu'assez de tes jeux de mots débiles sur les chats sale gamine... Chat-touille, chat-pardeur, chat-relatant, chat-peau... Ça suffit !"
Je ne pus me retenir de saisir la perche qu'elle me tendait, et, me dis-je, elle l'avait bien cherché.
'' Oui, chat suffit! Rends moi ce que tu m'as pris vilain chat ! Pardeur ! T'aimes pas mes jeux de mots? T'en veux peut-être plus ? Chat-peur? Qu'est ce tu dis de celui la ? T'as les boules Touille ? C'est vrai que de mémoire tu n'as jamais été un chat-seur ! ''
J'étais maintenant hors de moi, cette garce de bestiole m'avait volé quelque chose de précieux, une chose à laquelle je tenais et pour la récupérer je me serai battue à mort contre ce félin qui se croyait malin. Elle dut sentir que j'étais remontée car elle courba le dos, les poils de son arrière train et de sa queue étaient hérissés, elle cracha une nouvelle fois et s'apprêta à me bondir dessus. Je relevais la tête une microseconde avant qu'elle ne me touche, l'avant de son corps dépassait du dessous de lit, je la saisis par le cou et la claqua sur le lit, tout en continuant de la maintenir pour ne pas qu'elle s'échappe.
'' Lâche moi sale humaine ! gamine ! Lesbienne !
- Sinon ?
- Tu ne retrouveras rien ! Perdu à tout jamais !
- Que m'as tu pris ? ''
Elle cracha une nouvelle fois pour seule réponse et repris ses mouvements vains pour essayer de se dégager. Elle cessa au bout d'un moment, elle avait l'air épuisée.
'' Qu'importe, je suis vieille, je ne serai bientôt plus.
- Raison de plus pour rendre ce qui ne t'appartient pas. ''
Mon argument semblait faire mouche, elle me regarda de ses grands yeux vert émeraude, me fit voir ses dents puis sembla déclarer forfait.
'' Si je te le rends, tu me relâche ?
- Dans la seconde. ''
Je lui tendis la main, m'attendant à revoir un objet depuis longtemps disparu.
'' Petite idiote, dégage ta sale paluche, regarde moi bien dans les yeux. ''
Je fis ce qu'elle me demandait, approchant mon visage si près du sien que je pouvais sentir son haleine fétide, je devais loucher pour aligner mon regard sur le sien. Soudain, je fus comme transpercée par un courant électrique, faible mais assez puissant pour me faire lâcher le chat que je tenais toujours par le cou, il me fit frissonner et là, je revis tout ce qui s'était passé ce jour là.