44

458 14 0
                                    

Nous allâmes nous coucher après une petite ballade sur la plage et un repas rapide pris dans un fast-food non loin de notre hôtel. Comme je l'avais deviné en le voyant, le lit était confortable, et Virginie s'endormit tout de suite après s'être blottie dans mes bras. Moi, je n'arrivais pas à dormir, bien que cette journée fut éprouvante et riche en émotions. Le compliment que m'avait fait Virginie tout à l'heure passait en boucle dans ma tête, je ne cessais de voir son visage souriant et ses yeux pétillants, elle était d'une beauté étourdissante elle aussi, et de plus, elle était pleine de petites attentions, ce qui me comblait de bonheur bien que je n'en avais pas l'habitude. À ce visage radieux se superposait celui de Stéphanie, la mine fatiguée lorsque je la vis ce matin, les traits tirés et les cernes qui bordaient ses yeux. Bien que m'ayant dit de laisser mes soucis derrière moi, ils m'avaient rattrapée et me tourmentaient au point que je ne pouvais fermer l'œil. D'un côté Virginie, sa douceur, sa gentillesse et ses attentions, de l'autre Stéphanie, sa beauté, ses formes et ses câlins, mais il y avait aussi sa rudesse et son éternelle jalousie, quoi que Virginie n'était pas non plus sans défauts, il y avait sa timidité qui réapparaissait parfois de manière inattendue et surtout son effroyable engin. Je ne disais rien sur la moto car je savais qu'elle l'adorait mais je préférais de loin le confort d'une voiture. Je ne savais pas où j'en étais, entre Virginie et Stéph mon coeur balançait, j'avais beau me répéter de ne pas me soucier de tout ça maintenant, dès que je fermais les yeux, leurs visage apparaissaient encore et encore, il fallait que fasse un choix mais en même temps quel choix ? Stéphanie ne m'avait pas clairement quel était le but de notre rencontre de ce matin, voulait-elle simplement savoir si j'allais bien ? Espérait-elle quelque chose de plus ? Si oui, quoi ? Je n'en avais aucune idée et pas une non plus sur la raison de la non visite de sa soeur. Sans que je m'en rende compte, le sommeil me gagna.
Le soleil n'était pas encore debout lorsque j'ouvris les yeux, Virginie se tenait face à moi, ayant passé son bras sur ma taille. Je me degageais doucement de son étreinte pour ne pas la réveiller et allais à la fenêtre admirer la vue. Je jetais un coup d'œil sur mon portable, il était sept heures, un peu trop tôt pour dire à ma famille que tout allait bien, je reposai le téléphone sur le bureau de la chambre et repris ma place. La marée était haute, les vagues venaient s'écraser contre le mur de la digue, projetant de fines gouttelette salées sur la route. Je regardais ce spectacle auquel je n'étais pas habituée, j'eus subitement envie d'une balade. Je m'habillais précipitamment puis descendit dans la salle de l'hôtel. Le patron était déjà derrière son comptoir à servir des cafés aux clients matinaux, il me vit, me fit un signe de la tête, je lui répondis et sortis. La brise me frappa de plein fouet, il y avait beaucoup de vent. Un frisson me parcourra, je me dis que j'aurai dû prendre ma veste, mais il était trop tard. Derrière moi, le soleil pointait le bout de son nez, je savais, en voyant le ciel dégagé, que nous aurions une belle journée malgré le vent. Je pris une grande inspiration et me mis à marcher le long du mur qui délimitait la plage. Chaque vague un peu forte me projetait son quota d'écume mais je trouvais cela agréable. Avec la levée du soleil, le vent se calma, la mer se faisait de moins en moins houleuse, lorsque j'arrivais au bout de la rue, elle commençait à se retirer doucement et une fine bande de sable apparut. Pour le retour, je décidais d'enlever mes basket et d'être la première de la journée à fouler ce sable.  Le grain humide était frais et collait entre mes orteils, ce délicat massage me détendit. Je marchais lentement le long du mur, le jeans relevé, quelques vagues, les plus téméraires, venaient me caresser les chevilles. De l'autre côté de la plage, un petit escalier remontait jusqu'au quai de la vierge, la rue par laquelle j'étais descendue sur le sable. Je regagnais l'hôtel une fois que j'eus passé mes pieds sous la douche, les deux habitués de la veille étaient de nouveau accoudés au comptoir, je remontais directement dans notre chambre. Virginie était reveillée, venait de sortir de la douche, je le vis à cause de ses cheveux mouillés, et elle avait revêtue son maillot de bain.
'' Te voila, me dit-elle, je me demandais où tu étais passée.
- À la plage. Je profite.
- T'as bien raison. On y va ensemble après ?
- Oh oui !
- Mais avant ça... Pti dej' ! ''
Elle se hâta de passer un short et un débardeur puis me tira par la main vers la sortie, pour me lâcher une fois devant l'une des tables de la salle du café. Je pensais à ma confiture de lait en voyant arriver le panier de croissants et les cafés, ma pauvre confiture de lait restée chez moi, j'en avait soudainement terriblement envie. Les viennoiseries étaient délicieuses et je regrettais qu'il n'y en eut si peu. Nous allâmes ensuite à la plage, elle était encore désertique à cette heure de la matinée, nous eûmes le loisir de nous balader le long des vagues en se tenant la main. Il faisait encore un peu frais mais le soleil bien rond nous promettait une belle et chaude journée, la brise serait rafraichissante, en bref, on ne pouvait souhaiter meilleur météo pour une journée à la mer, je souhaitais que le temps reste ainsi autant que dure notre court séjour, que comme dans mon esprit, aucun nuage ne vienne nous perturber. Sans téléphone ni montre, le temps semblait s'être arrêté rien que pour nous, nous vîmes les quelques touristes fréquentant le lieu en cette période d'activité scolaire arrivés, étendre leur serviettes, planter leur parasol ci et là sur la grande bande de sable mais tous étaient assez espacés. Je repensais à ce qu'avait dit l'aubergiste la veille, qu'il y aurait beaucoup plus de monde lors des grandes vacances, je le croyais totalement. En fin de matinée un groupe étrange arriva et se dirigea vers la pointé sud de la plage. La mer était totalement reculée et ce groupe était composé d'une dizaine d'hommes et femmes qui portaient presque la même tenue de longues bottes en caoutchouc et une espèce de tablier, ils étaient tous affublés de casiers en plastiques ou de grands seaux blancs. Je me demandais bien ce qu'ils venaient faire ici, Virginie m'apprit que c'étaient des pêcheurs de moules. J'eus une brève pensée pour mon frère, qui aurait trouvé ça soit marrant, soit il nous aurait fait une réflexion du genre '' ils se sont trompés de boite de nuit''. En y pensant je ris toute seule et me trouvais stupide. Une fois que Virginie m'eut dévisagé sans rien comprendre, elle me proposa d'aller manger.

Lesb et heureuse : Stéphanie [terminé] Where stories live. Discover now