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Le supermarché n'était pas très loin de l'hôtel, à l'opposé de la pharmacie, à peine plus loin mais après la nage, l'accident de Virginie, la pharmacie, je me sentais vidée de toutes mes forces alors je pris le temps d'y aller doucement. Je regardais, sans vraiment les voir, les maisons et les commerces bordant les rues, tout en me demandant ce que je dirai à mon amie si elle me demandait des précisions concernant la chose que je devais faire demain après-midi, je ne savais vraiment pas quoi lui répondre. À quelques mètre du magasin, je sentis mon téléphone vibrer, je pensais qu'elle avait oublier quelque chose sur sa liste, qui comprenait essentiellement des chips, du jus d'orange et une bouteille d'alcool, mais non, l'expéditeur de ce message était en fait Stéphanie, je reconnus son style lorsque je le lus. 

" T'as pas chez toi, qu'est ce tu fous ? "

Pour me dire une chose pareille cela signifiait qu'elle était passée à la maison, je me demandais qui avait-elle vu et ce qu'on lui avait dit. J'entrais dans le magasin tout en me disant que je ferai bien de passer un coup de fil à mon frère, lui serait me renseigner, enfin s'il était de bonne humeur. Je fis le peu de courses que j'avais à faire en priorité, et tout en remplissant mon panier, je réalisais que je n'avais pas pris de sac, il allait falloir que je prenne un cabas en caisse. Je me fis plaisir en voyant un pot de confiture de lait, je m'en saisis tout en me disant qu'il allait mourir ce soir, j'eus de la peine pour lui et un peu moins pour ma ligne puis je pris la direction de la sortie. La caissière me regarda tout en scannant la bouteille de vodka, soit pour voir ma tête, soit pour savoir si j'avais l'âge d'acheter de l'alcool, je m'en fichais un peu, elle me donna un grand sac costaud à l'effigie de leur enseigne de supermarchés, je mis tout ce que j'avais acheter dedans et j'aurai encore pu y mettre le double, et enfin, je retrouvais la chaleur de la rue. Il allait beau être dix-neuf heures, il faisait encore incroyablement chaud. Cette chaleur me fit penser à une remarque que faisait souvent Stéphanie, elle avait pour habitude de dire qu'une fois passé les seize degrés, tout le monde se mettait en short et on arrosait les petits vieux. Elle exagérait bien sûr, mais pas de peu. Penser à Stéphanie me fit penser à Nicolas, je pris donc mon téléphone et l'appela. Il décrocha son portable à la deuxième sonnerie. 

" Mushi- Mushi imoto !

- Ta gueule avec ton japonais. 

- Oh sympa l'accueil. Je raccroche alors ?

- Non attends. Stéph est passée ? 

- Oui en fin de matinée. 

- Qui lui a ouvert ?

- Ton ototo adoré of course. 

- Putain t'es multi langue dans la même phrase toi ! Et que lui a dit mon " petit frère adoré " ? 

- Bin je lui ai dit que t'étais pas là, logique. 

- Et ? Je suis où ?

- Tu as pris quelques jours de repos sur la côte. 

- Seule ?

- Non précisé. Tu pourras dire ce que tu veux en rentrant. Mais au fait tu es pas sur le retour ?"

Je lui expliquai alors l'incident de Virginie, sans entrer dans les détails, je savais ce que j'avais voulu savoir, il me demanda quand je comptais être de retour, je lui répondis, tout en l'informant de mon rendez-vous avec Marie. 

" Norowa nee'chan...

- Hein?

- Ça veut dire grande soeur maudite. 

- Hé sérieux arrêtes avec le japonais Nico, tu parles à peine français correctement. 

- Non, ça m'aide. 

- À quoi? Tu comptes aller vivre au Japon ?

- Ça serait le pied ! mais non, ça aide à pas toujours regarder les sous-titres quand je visionne un manga. 

- T'es drogué aux dessins animés !

- Ce ne sont pas des cartoons, ça n'a même rien à voir !

- Ouais bref, je te laisse, je suis arrivée. Passe le bonjour au parents, dis leur que je vais bien. "

Je coupais, je ne voulais pas le lancer dans un de ses débats interminables sur la différence entre manga et cartoon, je m'en fichais royalement. Virginie était toujours au lit lorsque je regagnais enfin la chambre, elle battit des mains en me voyant arriver, je déposais le sac près d'elle. Elle sortit ce qu'il contenait et entama les gobelets pour se servir un verre. Elle ouvrit aussi un paquet de chips et me montra le pot que je m'étais acheter. 

" Ça faisait pas partie de la liste ça mon sucre. 

- Je t'ai remboursée. Recompte ta monnaie. 

- Oh je plaisante, t'aurai pu prendre ce que tu voulais. C'est bon ce machin ?

- Goûte. "

Elle ouvrit le pot et y plongea le doigt qu'elle mit à sa bouche. Elle me fit sourire en avouant d'un air surpris que c'était terrible, j'étais heureuse d'avoir fait une nouvelle adepte de la confiture de lait, tout en sachant que la plus part des gens ne juraient que par une certaine marque de chocolat à tartiner. Je me servis un verre d'eau au robinet de la salle de bain puis vins m'allonger près d'elle. Je trempais mes chips dans le pot de confiture, elle me regardait avec une mine dégoûtée, je lui conseillai alors de tester par elle-même, ce qu'elle fit. Elle me répondit néanmoins que ce n'était pas terrible, cela devait être meilleur sur du pain ou de la brioche, j'étais assez d'accord avec elle, mais je pensais aussi que ça se mariait avec un peu tout, j'aimais vraiment ça. Après cette expérience ratée, elle me laissa le pot et je me régalais rien qu'en le tenant dans mes mains. Nous bûmes quelques verres puis, une fois la bouteille vide, je m'endormis en ayant mal au crâne. 

Je fus réveillée par le téléphone de Virginie, il sonna alors que le soleil ne semblait pas être levé, elle répondit tout de suite d'une voix encore ensommeillée. D'après ce que je pus entendre, il s'agissait de ses parents, ils étaient inquiets de ne pas l'avoir vu rentrer la veille. À ma grande surprise, elle ne parla pas de sa blessure, elle leur mentit qu'elle avait nager toute la journée et que le soir venu, elle se sentait trop fatiguée pour reprendre la route. Ils devaient lui avoir demander ce qu'il en était à mon sujet car elle leur dit que je ne savais pas conduire de moto, puis qu'elle savait et fini par raccrocher. Elle me dit ensuite bonjour et me demanda si j'avais bien dormi, elle me précisa qu'effectivement, c'était ses parents au téléphone et qu'ils savaient se montrer très ennuyeux. je pris soin ensuite de sa cheville, elle me disait aller mieux mais un énorme bleu en faisait le tour. Je lui remis une bonne dose de pommade avant de lui replacer la bande et me demandais si elle serait vraiment capable de prendre la route ce matin. Elle essaya de se lever mais je voyais bien qu'elle faisait de gros effort pour prendre appui sur sa jambe blessée, je me demandais alors s'il ne serait pas plus prudent de décaler au lendemain mon rendez-vous avec Marie. Je lui suggérais alors l'idée de rester une nuit de plus, et qu'au cas où elle n'irait toujours pas mieux, elle devrait se rapprocher d'un hôpital. Je n'espérais pas en arriver à cette solution là, je me sentais toujours responsable de ce qui lui était arrivé mais surtout, comment allais-je rentrer moi ? Tout en me traitant d'égoïste, je cherchais une solution au cas où il faudrait en arriver là quand elle me sortit de mes pensées. 

" J'ai plus un rond, on peut pas rester ici cette nuit. Je suis désolée mon sucre. 

- C'est pas grave, je peux la prendre la nuit, il suffit juste que je passe à la banque. 

- Oui mais c'était mon séjour, c'était à moi de payer."

Elle était sur le point de pleurer, je vins m'asseoir près d'elle et la pris dans mes bras. 

" Ton voyage s'arrêtait hier, si on reprend la chambre pour une nuit on aura qu'à dire que c'est le mien de séjour. Tu peux pas reprendre la route si t'es pas à cent pour cent. 

- Je sais mais tu avais un truc important à faire cet après midi. 

- J'annulerai en allant au distributeur. 

- T'es sûre mon sucre ? J'aurai jamais du baver sur ce mec hier. Je m'en veux. 

- Je trouve que tu as été assez punie. Et t'inquiète pas, je peux reporter ce que j'avais à faire. "

Elle m'embrassa du bout des lèvres en me remerciant puis me laissa partir. 

Lesb et heureuse : Stéphanie [terminé] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant