Incohérences et questions

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Le concerné releva sa tête d'entre ses bras, les yeux rougis alors qu'il serrait ses genoux contre sa poitrine.

— Je pense qu'il est temps que tu nous explique certaines choses, déclara le jeune brun d'un regard qui ne laissait pas vraiment de place à un compromis.

Le garçon le comprit et avala sa salive avant d'annoncer :

— Je me souviens pas de tout, je sais juste que j'ai toujours fais partie des rodeurs. Mais je n'étais pas traité comme les autres. J'étais son préféré je crois, alors d'un côté c'était pas si mal, il ne m'a jamais menacé de mort comme les autres, il ne m'a presque jamais touché. Mais par contre, les autres rodeurs étaient jaloux, alors dès qu'il avait le dos tourné, ils me frappaient et...

Mais sa voix s'étrangla et il baissa les yeux alors qu'il se remettait à pleurer en silence.

        Leeroy qui était à côté de lui, passa un bras autour de ses épaules et l'attira contre lui en frottant doucement son dos. Puis, d'une voix calme, il lui demanda :

— Tu sais comment il s'appelle ? Ce fameux « il », celui dont tu étais le protégé ?

La petite tête rousse fit un mouvement positif, et tous les regards étaient posés sur elle, attendant une réponse.

        Mais elle ne vint pas.

— Tu peux nous le dire ? le pressa Tarek avec une pointe d'agacement dans la voix. Il se faisait appeler comment ? Le Masque Noir ?

Cette fois-ci, ce fut un signe négatif qu'ils reçurent comme réponse.

        Leeroy ajouta alors :

— Son nom importe peu, dans ce milieu, chacun à plusieurs pseudonymes. Il aurait très bien pu se faire appeler autrement pour cacher le fait qu'il était toujours en vie. Le plus important, dit-il en se tournant vers le rouquin, c'est de savoir où il est. Tu te souviens d'un nom de ville ? Une plaine ? N'importe quoi ?

— Non, répondit le garçonnet. Je ne sortais presque jamais de la grotte, il ne voulait pas, il avait peur que je me perde. Et il ne parlait jamais de ce qu'il faisait devant moi.

— Une grotte ? souligna Tarek.

Ceci plongea l'équipe dans un nouveau silence, chacun réfléchissant où pouvaient se trouver des grottes assez isolées pour servir de repère. Le problème, c'était qu'il y en avait beaucoup, et partout.

        Aïkida soupira.

— Je vais me coucher, réveillez-moi pour mon tour de garde.

Elle joignit le geste à la parole en étendant ses jambes et en dépliant sa couverture, mais Leeroy répondit :

— On s'occupe de la garde avec Tarek, repose-toi.

En d'autres circonstances, la jeune femme aurait protesté, mais elle n'en n'avait pas la force, et puis elle avait besoin de sommeil. Elle se contenta alors d'approuver d'un signe de tête avant de leur tourner le dos et de s'allonger, face à Athkor qui lui souhaita une bonne nuit.

— Tu devrais dormir toi aussi, conseilla le jeune blond au petit garçon.

Lui aussi, en temps normal, aurait protesté, mais ce jour-là, lui non plus n'en n'avait pas la force. Il saisit sa couverture et s'allongea sur les peaux de bêtes qu'il avait disposées par terre, tandis que Leeroy se levait pour se rassoir de l'autre côté du feu, à côté de son frère d'arme.

        Ces deux-derniers attendirent de longues minutes dans le silence, le temps que les deux autres se soient profondément endormis, avant que Leeroy ne questionne Tarek à voix basse :

La Fille Gelée et la Face CachéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant