14. ARO (Partie XXVII)

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- Peut-être, mais je savais que ça ne suffirait pas. J'ai essayé d'imaginer ce qu'il pourrait se passer ensuite. Imaginez s'il avait décidé d'avouer ce qu'il avait fait à Caïus...

- C'est ridicule, observai-je. Je te signale que la femme de Caïus est aussi enfermée à triple tour à cause de cette histoire.

- C'est ce que je me suis dit, reconnut Jacob. Du coup, j'ai pensé à la seconde option. Il aurait très bien pu lui monter un bateau. Lui dire que nous nous servions de cette vieille histoire pour la lui mettre sur le dos et faire pression sur lui.

- Il avait déjà accepté de nous recevoir, objectai-je. Ça aurait été une preuve plus que parlante. Ça a même suffi à convaincre Marcus. Et puis, Aro avait bien trop peur qu'on lâche l'info.

- Qu'est-ce qui aurait pu prouver ce que nous avancions ? Concrètement ? Edward aurait très bien pu inventer cette soi-disant pensée d'Aro. Le grand maître italien aurait pu tout aussi bien dire qu'il avait accepté pour nous endormir. En tous cas, c'est ce que j'aurais fait à sa place. Et à votre avis, si l'abruti avait le choix entre notre version des faits et celle de son camarade, laquelle il aurait préféré croire ? Je lui ai donné de sérieuses raisons de me détester, je vous rappelle !

Je restai un moment sans voix. Elle était donc là cette fameuse faille que je m'étais efforcée de trouver sans succès. J'avais tendance à oublier que même si nous avions tous une confiance aveugle en ce que nous avait dit Edward au sujet des pensées de l'Italien, il n'en allait évidemment pas de même pour le reste des Volturi.

Or, Aro était le seul parmi leurs rangs à avoir un don similaire à celui de mon mari, qui aurait pu infirmer ou confirmer ses dires. Nous n'avions aucune preuve, réalisai-je, horrifiée. Nous n'avions aucune preuve et nous y étions allés comme ça.

Je me demandai si Jacob n'avait pas eu raison sur toute la ligne. Le défunt avait-il déjà réalisé tout cela lorsqu'il avait entendu notre chantage ou était-il simplement tombé devant notre coup de bluff - car je ne pouvais plus reculer devant cette évidence - sans même s'interroger sur les preuves que nous ne pouvions évidemment pas avoir ?

- Tu nous as sauvés ! m'exclamai-je, encore saisie par cette révélation.

- Je savais que c'était risqué, continua Jake en levant les yeux au ciel devant ma remarque. Mais je me suis dit qu'on aurait plus de chance d'être tranquille pour toujours si Marcus réagissait et nous rendait la petite devant notre bonne foi, plutôt que face à l'autre. En même temps, il aurait pu aussi ne pas nous croire, exactement pour les mêmes raisons que celles que je t'ai citées.

- C'était un pari osé, admit Edward. Il y avait une troisième possibilité, d'ailleurs. Aro s'est effondré devant les accusations de Marcus, mais il aurait tout aussi bien pu lui renvoyer son absence de preuves dans la figure et persuader les autres que nous avions réussi à le convaincre, en jouant sur l'amour qui l'a détruit lorsqu'il a disparu. Je dois reconnaître que quand j'ai suivi le cheminement de tes réflexions, j'étais complètement d'accord avec toi, Jacob. Mais quand tu as pris ta décision, j'ai cru que j'allais faire une attaque. J'étais prêt à courir le risque de la vengeance d'Aro, une fois qu'on récupérait notre fille. On l'aurait mise à l'abri et on se serait chargé de ce problème ensuite.

- J'ai trouvé ça trop dangereux, avoua Jake. De toute manière, le principal, c'est que ça ait marché, non ? Même si, pour être honnête, je ne m'attendais à ce que ça se termine comme ça. C'est Marcus qui a écrit la suite.

- Tout ça, c'est grâce à toi, affirmai-je.


TWILIGHT - RÉVOLUTION (Tome 2)Where stories live. Discover now