TWILIGHT - RÉVOLUTION (Tome 2)

14. ARO (Partie XVI)

- Qu'est-ce que tu as fait ? hurla Caïus, choqué.

Edward s'éloigna subitement de moi et tendit la main, paume ouverte, en direction de Marcus. La lumière du soleil qui filtrait par les meurtrières nous renvoya un éclat argenté. Ils échangèrent un regard entendu et se donnèrent une poignée de main comme pour sceller un pacte.

Le corps sans vie d'Aro s'embrasa comme une torche. Jane poussa un cri où se mêlaient la rage et la peur. Le regard vide, Caïus retomba lourdement sur son siège. Tout autour de lui, les membres de la garde s'étaient figés, pareils à des statues de sel.

Se détournant du spectacle, Marcus riva son regard sur la petite. Je vis les flammes danser dans ses prunelles et je réalisai, horrifiée, le choc que devait représenter une telle scène pour elle. Je jetai un coup d'œil paniqué à Edward qui échangeait déjà silencieusement avec Jake. Il releva la tête et lança un regard interrogateur à Marcus, qui lui confirma alors l'accord qu'il venait mentalement de lui donner.

La jeune hybride la poussa légèrement en avant et Renesmée ne se fit pas prier pour se jeter dans mes bras. Elle tendit la main qui n'enserrait pas mon cou de toutes ses forces vers son père et son ami dont les yeux brillaient de joie.

Edward caressa doucement la peau de son cou et embrassa ses longues boucles. Jacob s'était déjà emparé de sa main qu'il avait posée sur sa joue avec bonheur. Nos effusions restèrent toutefois discrètes. Nous avions beau être perchés sur notre petit nuage, nous n'en oubliions pas moins où nous nous trouvions - pas même Renesmée.

J'avais pourtant du mal à rester concentrée sur l'instant présent tant elle m'assaillait d'images de nos retrouvailles. Elle insistait sur l'instant précis où nos visages figés s'étaient éclairés en croisant son regard, sur la façon dont le mien s'était durci en la découvrant avec la jeune hybride, sur nos expressions effarées lorsqu'Aro avait osé lever la main sur elle, sur la poignée de main qu'avaient échangé Edward et Marcus, puis sur l'embrasement presque immédiat de l'ancien.

À demi-égarée, je repris doucement pied dans la réalité, réalisant que je venais de louper quelque chose. Toute la garde sans exception avait formé une ligne noire imperméable face à la sortie et suivait du regard Marcus, qui regagnait doucement son trône.

Il s'assit fièrement, le dos bien droit et parut réfléchir. Constatant mon trouble, Edward me serra un peu plus contre lui. Je m'apprêtais à l'interroger lorsque Caïus m'interrompit. Il s'exprima d'une voix inquiète et je regrettai aussitôt de ne pas m'être montrée plus attentive.

- Réponds-leur, mon frère.

Je n'avais aucune idée de la question qui avait pu lui être posée, ni même de qui l'avait formulée, mais quelque chose me disait qu'elle nous concernait.

- Pourquoi ne pourrait-on pas les laisser partir ? demanda l'aîné, une pointe d'innocence dans la voix.

- Vous n'allez pas faire ça ? s'empourpra Jane, l'une de ses mains fermement emprisonnée dans celles de son frère. Regardez ce qu'ils ont fait !

Ses mots étaient tranchants comme du verre et je n'eus aucun mal à deviner qu'elle aurait apprécié nous torturer jusqu'à la mort. Plusieurs exclamations retentirent en soutien à ce qu'elle venait de dire. Cette vérité énoncée semblait insupportable à une poignée de gardes. Les autres restaient muets, par peur, peut-être.

- Ils n'ont rien fait d'autre que rétablir une vérité, répondit finalement Marcus.