12. RETOUR (Partie V)

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Au bout du compte, malgré sa promesse, j'avais commencé à m'angoisser au bout de cinq toutes petites minutes et avais rapidement jeté mon dévolu sur la première lecture qui m'était tombée sous la main.

J'avais à peine jeté un coup d'œil sur l'ouvrage lorsque je l'avais pris dans la bibliothèque et m'étais aperçue que c'était un livre que je connaissais bien, pour avoir le même rangé au cottage parmi le reste de mes classiques.

J'avais alors tenté de me plonger au cœur du XIXe siècle, dans les mémoires de cette institutrice, sans aucun succès, cependant. En même temps, j'avais parfaitement conscience que c'était peine perdue.

- C'était stupide, pensai-je à voix haute.

Le salon vide me faisait une drôle d'impression. J'avais tellement l'habitude de le voir occupé par la famille au grand complet - ou presque - que cette subite solitude me faisait l'effet d'un mauvais film d'horreur.

Le silence était total. Enfin, façon de parler. Il n'y avait aucun bruit parasite - la télé était éteinte, les lampes et leurs grésillements également, la lune éclairant la grande pièce d'une lumière pâle. Pourtant, j'entendais les bruits en provenance de la forêt, et même au-delà.

Une voiture passa, puis une deuxième. Brusquement, un son familier me parvint depuis la nationale. Une sirène de police, que je m'attendais à voir s'atténuer presque aussitôt. Ce son m'avait interpellé uniquement parce qu'il m'avait immédiatement fait penser à mon père. Mais cela ne pouvait être qu'une voiture de passage. Il aurait été insensé de ma part de croire que...

Ma réflexion s'interrompit lorsque je constatai que la clameur se rapprochait de plus en plus. Force m'était de constater que la voiture s'engageait sur le chemin de terre et arrivait jusqu'à la villa. Une boule se forma dans ma gorge. Cela ne pouvait être que lui, mais pourtant, je me refusai à y croire.

Malgré cela, je sautai du canapé et me dirigeai précipitamment vers la porte d'entrée. J'ouvris le battant en grand et attendis plusieurs minutes avant de voir émerger la voiture de Charlie de la pénombre de la forêt. Il coupa la sirène assourdissante au milieu du calme nocturne et ralentit un peu en m'apercevant au loin, constatant qu'il roulait peut-être un peu vite.

J'esquissai un léger sourire, craignant les raisons de sa présence ici. Nous ne nous étions pas reparlés depuis que j'étais allée chez lui annoncer la mauvaise nouvelle, ce qui remontait déjà à près d'un mois. Comment allions-nous réagir l'un en présence de l'autre ?

Il était clair que la gêne était de mise. Mon père avait l'air piteux et semblait mal à l'aise. J'étais à peu près certaine de lui renvoyer la même image. Charlie sortit de son véhicule de service et s'appuya de son bras sur la portière restée ouverte, l'air de ne pas oser s'approcher.

Aucun de nous deux ne semblait disposé à ouvrir le dialogue. Pour ma part, j'attendais qu'il fasse le premier pas, puisque c'était lui qui était venu me parler - du moins, selon toute vraisemblance.


TWILIGHT - RÉVOLUTION (Tome 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant