TWILIGHT - RÉVOLUTION (Tome 2)

14. ARO (Partie VII)

- Jacob, murmurai-je dans un souffle.

J'étais certaine qu'il m'avait entendue. Pourtant, il se contenta de reporter son attention sur Marcus, qui attendait ses explications.

- Pas ici, se contenta d'ajouter Jake.

- Vous comptez jouer à ce jeu encore longtemps ? rugit l'immortel à la crinière blanche. Vous essayez de nous séparer un par un, c'est ça ? Mais qu'est-ce que vous avez l'intention de faire, bon sang ?

- C'est inutile de vous mettre dans cet état, rétorqua mon ami sans se laisser intimider. Voyez les choses telles qu'elles sont : votre présence est parfaitement inutile. Ça ne servirait à rien de vous expliquer quelque chose qui vous dépasserait complètement. Cette conversation est personnelle, insista- t-il.

- Je ne supporterai plus une nouvelle provocation de ta part, loup, tempêta Caius.

N'affichant pas la moindre hésitation, il leva la main en désignant mon meilleur ami. La garde, qui n'attendait visiblement que ça, se mit en branle et nous fûmes brusquement encerclés. Reculant instinctivement, nous nous étions déjà mis en formation de défense, dos à dos. Notre triangle protégeait nos arrières - aucun membre du clan ne pouvait échapper à notre surveillance.

Nous étions sur le point de nous lancer dans une bataille que nous savions perdue d'avance. Ce serait un combat inégal et je savais déjà qu'aucun d'entre nous ne s'en sortirait. Nous parviendrions peut-être à terrasser certains de nos assaillants, mais lorsque je prendrais part au combat, nos maigres chances de l'emporter s'envoleraient en fumée.

Ma détermination à protéger les miens ne pèserait plus rien. Il ne resterait plus rien de nous qu'un tas de cendres, un feu de joie autour duquel les Volturi se glorifieraient de leur victoire. Je me consolai cependant en songeant à l'idée que leur chef aurait à affronter un problème d'un autre genre, une fois que nous ne serions plus là. J'aurais au moins la satisfaction de savoir que tout n'en serait pas terminé avec lui pour autant. Les autres prendraient la relève.

Au milieu du silence pesant qui s'était abattu, une voix s'éleva, signant notre fin à tous.

- Ça suffit, Caïus, s'imposa Marcus. Je doute qu'Aro apprécierait la manière dont tu traites ses invités.

Le cercle autour de nous s'agita, furieux de cette interruption. Je ne m'étais pas attendu à cela. Nous ne pouvions pas nous en sortir aussi facilement. Pas cette fois.

- Tu crois que je vais me laisser insulter ? s'entêta son frère. Il ne sait pas qui je suis. Ils comptaient peut-être m'évincer de leur conspiration, mais je ne les laisserai pas faire.

- Ce serait plus simple si je me contentais de discuter avec lui, lui fit-il observer. Je n'ai pas l'intention de prendre une décision - si tant est que cela soit nécessaire.

- J'imagine qu'Aro appréciera ton obligeance, ironisa Caïus, horripilé.

- Allons-y, conclut-il en l'ignorant.

La garde se tourna vers Marcus, s'assurant qu'il ne regrettait pas sa décision. Mais visiblement, nous n'allions pas mourir tout de suite. Il les chassa d'un geste de la main et dans une mécanique bien huilée, le cercle reprit sa forme initiale.

Seuls quelques-uns s'en désolidarisèrent pour suivre l'ancien mais il les arrêta d'un geste, sans même se retourner. Jacob le suivit sans la moindre hésitation, non sans adresser un dernier sourire narquois à l'exterminateur des enfants de la Lune.