Chapitre 24-5 : Je sais tout

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Je regardai attentivement le rouquin et vis qu'il était très gêné. Après quelques secondes de réflexion, j'acceptais et me levai.

– Je reviens, annonçai-je aux autres.

Tous me regardèrent partir stupéfaits, sans oublie de jeter des regards méfiants à Zéphyr. Celui-ci m'entraînait dans un coin isolé de la Cantine. Pourquoi tout le monde semblait le détester à ce point ? Avant qu'il ne parle, je lui posai la question. Zéphyr eut un faux rire.

– Je ne sais pas, répondit-il avec sarcasme. Peut-être parce que mon frère est un parfait imbécile et que tout le monde pense que je suis pareil !

Il était blessé, ça se voyait.

– Sauf...

Il hésita longuement avant de poursuivre.

– Toi, tu m'as aidé sans porter de préjugés.

– Je t'ai déjà dit que ce n'était rien. Et c'est toi après qui as refusé mon amitié ! soupirai-je.

Je voyais bien qu'il se sentait seul. Et malgré ce qu'il disait, tout prouvait le contraire.

– Bon, que me veux-tu ? demandai-je en croisant les bras.

Je l'observai longuement, il semblait à la fois stressé et déterminé. Zéphyr jeta un oeil autour de lui, vérifiant que personne ne pouvait entendre ce qu'il disait.

– Qu'est-ce qu'il s'est passé après ton combat contre Cathleen ? chuchota-t-il en me fixant droit dans les yeux.

Je me mordis la lèvre. Mon cœur rata un battement, puis se mit à cogner dans ma poitrine à toute vitesse. Je sentais même ma tête devenir rouge. 

– Rien ! m'exclamai-je un peu trop vite.

Zéphyr me fixa plus intensément. Je voyais son bras se démanger, comme s'il voulait me secouer pour connaître la vérité. Une tension électrique émanait, nous nous affrontions dans un combat silencieux. Mais c'était évident que je cachais quelque chose. J'essayais de me rattraper un maximum.

– Je... j'ai fait une très grosse allergie. Et Cathleen m'a donné un coup sur la tête, j'ai eu du mal à retrouver mes esprits, c'est tout.

Là, c'était à mon tour de poser des questions. Autant essayer d'avoir la balle dans mon camp.

– Pourquoi tu t'y intéresses ? demandai-je, les yeux plissés.

Je devais utiliser tout mon courage. Zéphyr était le premier à me prendre au dépourvu de cette manière. Avec le directeur Falco, j'avais eu quelques instants pour me préparer, et j'étais beaucoup plus perdue. 

Le visage triangulaire du jeune homme ne changea pas, il restait complètement impassible. Bon sang, personne n'avait de sentiments ici ? Zéphyr ne me répondit pas, se contentant de me fixer.

– Bon, je ne voulais pas en arriver là, déclara-t-il. Je sais que tu peux utiliser le fluide.

Non. Ce n'était pas possible. Non, non, non ! Je rigolai haut et fort.

– Mais qu'est-ce que tu racontes ! m'esclaffai-je. Tu vas me dire que je suis une Mutante aussi ?

Mon cœur tambourinait tellement fort que j'étais persuadée qu'il pouvait l'entendre. La panique, puis la peur cette traîtresse étreignait tout mon être. Je sentais presque la course dans mes veines s'accélérer. 

– C'est bien ton surnom, non ? répliqua Zéphyr, ultra calme.

Je lui souris d'un air las en haussant les épaules, tentant de me calmer. 

– Si tu penses que je suis un Mutant, tu as tout faux. Les humains ne mutent pas, tu devrais le savoir si tu écoutais en cours !

Je posai mes mains sur mes hanches et le fixai avec un sourire en coin. Mais le rouquin fixai mes yeux et j'eus du mal à ne pas flancher. Les siens étaient verts, et cherchaient au plus profond de moi la vérité. Nous nous affrontâmes encore plusieurs dizaines de secondes mais au bout d'un moment, je baissai mon regard.

– Dis-moi vraiment ce que tu veux, fis-je. Et cesse de dire n'importe quoi.

Zéphyr ne pipa mot et continua de me fixer, ce qui devint un peu dérangeant. Était-ce vraiment une technique pour me faire cracher le morceau ? Je me retournai et m'apprêtai à retourner à ma table quand il dit enfin quelque chose.

– Tu es vraiment stupide, cracha Zéphyr. Je suis sûre que tu ne sais même pas te battre. Seul la réputation de ton père a pu te faire entrer ici.

Je me retournai, la colère bouillonnant en moi. Que venait-il de dire ?

– De toute façon ton père est un minable, continua Zéphyr avec mépris. Il n'est pas revenu parce qu'il n'a pas réussi sa mission. Il t'a même abandonné et toi tu continues de le chercher. Il n'a même pas osé revoir les Lumen Master pour dire qu'il avait échoué. C'est un lâche.

Là, c'en été trop. Je lançai un joli coup dans sa petite face de mes deux quand un sourire victorieux apparut sur son visage. Il bloqua mon coup sans effort, étant donné que je me paralysais au dernier moment. 

Je me rendis alors compte que ma vue avait changée. Je me calmai en faisant repartir le fluide. Je l'avais utilisé devant lui. Il m'avait mise en colère et ça avait marché. Je m'étais faite avoir. Quand le fluide fut reparti, j'eus une toute petite perte de conscience de quelques secondes, mais Zéphyr m'empêcha de tomber. Il me releva et me lâcha.

Pestant contre moi-même, je fusillai Zéphyr du regard.

– Tu vois ! Je le savais. Je l'ai vu ! déclara-t-il, triomphant.

– T'es vraiment taré ! rageai-je. Je comprends pourquoi tout le monde te déteste. Alors arrête de déblatérer des trucs pareils ! Tu ne sais rien de moi !

J'allai repartir, les larmes au bord des yeux, mais Zéphyr m'empoigna le bras.

– Je n'ai pas halluciné. Je le sais. Alors sois tu m'expliques soit je dis tout au directeur.

– Et une balance en plus de ça, persiflai-je, la voix tremblante par ce qu'il venait de voir.

J'essayai de me libérer mais il ne lâcha pas prise. J'hésitai à lui donner un autre coup avec mon autre main mais je savais qu'il me bloquerait sans souci. J'étais trop en colère pour être efficace.

– Retire ce que tu as dit sur mon père immédiatement, lui ordonnai-je entre mes dents.

– Sinon quoi ? me défia-t-il.

Je le fixai, toute trace de sympathie ou de pitié pour lui disparue. Il soupira et baissa les yeux, presque en les fermant.

– Désolé pour ce que j'ai dit sur ton père. Je ne le pensais pas. Mais c'est le seul moyen que j'ai trouvé pour te faire parler.

Et j'étais tombée dans le panneau. Il ne servait plus à rien de nier. Si je ne lui répondais pas, tout le monde saurait que j'avais le fluide. De plus, son père était Esteban Arrano, héritier de la Famille Principale. Ça aurait été du suicide de s'attaquer à son fils. 

De plus, Arrano me détestait et moi aussi. Que pouvais-je faire ? J'entendis la sonnerie retentir et ce fut la première fois que j'étais si heureuse de l'entendre. Sauvée par le gong.

– Je t'expliquerai ce soir, déclarai-je. 18h, dans la foret, près de l'étang. Mais n'en parle à personne, compris ? Sinon je ne te dirai rien.

Zéphyr hocha la tête et je m'enfuis en vitesse vers mes amis. Je sentais toujours mon sang bouillonner dans mes veines à cause de ce qu'il avait dit. Ma meilleure amie fronça les sourcils en me voyant arriver, furax.

– Que s'est-il passé ? demanda-t-elle.

Je lui déclarai en m'assurant que Jay, Hekiah et Ella ne pouvaient pas entendre :

– On a un gros problème.

***

Fin de ce chapitre ! Qu'en pensez-vous ? Et Zéphyr, comment trouvez-vous son personnage ? 

Comme d'habitude, n'hésitez pas à voter & commenter ! Et toujours merci pour votre lecture ^^

Mutante - Tome 1Where stories live. Discover now