Mutante - Tome 1

Chapitre 8-1 : Mission de rang Z

La colère fit bouillir mes veines, et je serrais les poings pour me retenir d'étrangler l'homme en face de moi. De quel droit pouvait-il m'interdire de retrouver mon père ? Et pourquoi est-ce qu'il m'en empêcherait ? 

La lumière se fit progressivement en moi. Ce devait avoir un lien avec la mission confiée à mon père. Mais quelle était donc cette mission, et pourquoi la cacher ? Si elle était si mystérieuse et dangereuse, pour mon père l'aurait accepté ? A moins que le Lumen Master ne l'y ait obligé. 

Mais dans ce cas là, il devait bien pouvoir refuser, non ? De ce que m'avait dit ma mère, il l'avait accepté de son plein gré.

– De quel droit peux-tu l'en empêcher ? s'indigna ma mère en haussant le ton. Je me fous de ce que peut apporter cette stupide mission, à part que ça empêche mon mari de voir sa famille. Par contre, tu n'as absolument pas le droit d'empêcher Amy de retrouver Daniel ! Tout ça pour cette mission de rang Z !

– Mélissa, je te prie de baisser d'un ton ici ! ordonna Arrano d'une voix ferme.

J'observais du coin de l'œil la réaction des autres. Le professeur Falco suivait la conversation avec un grand intérêt, sans toutefois intervenir. Il préférait m'observer. Encore un autre.

La Lumen Master assise à ses côtés jouait plutôt un rôle de témoin. Elle semblait plus s'ennuyer. Quant aux Anciens, la femme était furieuse, mais l'homme semblait plus amusé par notre querelle. Il me fixait toujours autant, et j'en eus presque la chair de poule. J'espérais que ces regards s'arrêteraient un jour.

– Alors dis-moi ce qu'est la mission de rang Z ! rétorqua ma mère en parlant moins fort mais toujours avec fureur. Esteban, ça fait plus de dix-huit ans maintenant, j'ai le droit d'avoir une réponse !

– Mélissa, ne recommence pas avec ça, grinça Arrano en pinçant les lèvres. Je refuse que ta fille parte à la recherche de Daniel. C'est dangereux.

– Et qui va l'en empêcher ? Toi peut...

Ma mère s'arrêta quand elle sentit que j'avais posé ma main sur son épaule. Si je voulais éviter encore plus de conflits par ma faute, il fallait que j'intervienne maintenant.

– Je ne veux pas que vous vous disputiez à cause de ça, dis-je le plus calmement possible.

Ils me regardèrent bizarrement, comme si ce n'était pas moi. Manifestement, j'avais là un comportement très différent de ce qu'aurait répondu ma mère. En fait, j'étais toujours furieuse. Mais il me fallait faire preuve de finesse.

– Si j'ai bien compris, vous ne voulez pas que j'aille à la recherche de mon père parce que c'est dangereux ? continuai-je sur un ton calme qui diminua la colère d'Arrano.

Ma mère me regardait bizarrement, mais ne fit aucun commentaire. Je fixais le chef de Clan, consciente que mes yeux pouvaient un minimum le déstabiliser. 

Théoriquement, parce que ça ne fit rien absolument rien !

– C'est exact, répondit l'ancien, Phaïp Olor. Si tu y allais, tu mourrais en chemin. Ce n'est même pas une supposition, c'est ce qui arriverait.

– Puis-je tout de même aller à Hélios ? demandai-je, en faisant un peu la moue pour être plus crédible.

– Rien n'empêche cela, au vu de l'arme que vous possédez déjà, fit Arrano en désignant Caligo.

– Oui, je vous remercie, répondis-je doucement.

– La fille est plus raisonnable que ses parents, marmonna Arrano.