Chapitre 21-2 : Croire

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S'il bégayait, cela pouvait aussi dire qu'il avait fait une gaffe. J'attendais sa réponse, mais à la place, je n'eus qu'un grand silence. Mince ! Que déduire de cela ?

– Tu sais Amy, commença-t-il, je viens d'un endroit où les dirigeants de ce Clan sont détestés. Ils savent pertinemment que des enfants vivent dans les rues, pourtant ils préfèrent ne rien dire et se cloisonner dans leurs bureaux. Moi, je n'ai pu monter que grâce à un coup de chance et la bonté de ton père. Mais à cause de mon enfance, je reste méfiant. Dans toutes les circonstances. Hélios n'est pas gratuit, et même avec l'argent nécessaire, ton père a du convaincre les Lumen Master de me laisser entrer. Ils savaient d'où je venais, et selon leurs dires, j'aurai pu avoir des « déséquilibres » et être un danger pour les autres Lumen Learner comme toi. 

Ma bouche forma un "o" de surprise, c'était horrible de dire cela !

–  Mais ton père a réussi à leur prouver que j'avais de grandes compétences, sourit-il,  et que je pourrais faire un Lumen Warrior exceptionnel. Voire un Lumen Master. Ça, je ne le pense pas du tout. Être Lumen Warrior, c'est déjà s'assurer un avenir brillant, surtout pour un gamin des rues comme moi. Une fois sorti d'Hélios, si tu veux te faire ta propre idée sur ce que je viens de te dire, va voir du côté est de Light. Après la galerie marchande, près du Mur.

Le Mur. Cette montagne taillée créée pour empêcher quiconque d'entrer, ou de sortir. Le seul moyen étant l'Arche, ou les autres moyens de transport des autres pays. 

Cela empêchait également les Mutants d'entrer, car il y avait ici une grande concentration de Giaco, le pouvoir qui se trouvait dans notre sang. Et que les Mutants cherchent à tout prix.

– J'ai une question, dis-je, en pensant aux Mutants. Comment se fait-il que je ne me sois jamais faite attaquer par un Mutant avant ? Plein de Lumières vivent en dehors de Light, et toutes ne sont pas forcément des Lumen Warrior, non ?

– Ah oui, ce mystère-là. Déjà, je peux te dire que ce qu'il y a dans notre sang, et que les Mutants recherchent, n'apparaît qu'à la fin complète de ta croissance et de ton développement. En général, c'est autour des vingt, vingt-cinq ans. Les Mutants n'attaquent jamais les enfants, sauf cas exceptionnel. Mais cela est valable si tu n'embêtes pas un Mutant. Je veux dire, un Mutant ne va, en général jamais débarquer dans une ville ou un village. Ils préfèrent rester dans la nature loin des constructions de l'Homme. Étrange, n'est-ce pas ? Il y a encore énormément de choses chez les Mutants que nous ne savons pas encore et ce, malgré les nombreuses recherches faites à ce sujet.

Je hochai la tête, emmagasinant les informations.

– Donc, me fais-tu confiance ? me demanda-t-il délicatement, revenant au sujet.

Je le fixai droit dans les yeux. Des yeux bruns, chaleureux, aimables. Miller portait un regard d'espoir sur moi et cela me rendit triste. 

J'avais l'impression, non, l'envie que Miller soit mon père. 

Il voulait ma confiance, et je ne demandais qu'à lui donner. Déjà, il avait pu se livrer à moi, et je doutais qu'il le fasse avec le premier venu. Et d'après ce qu'il m'avait raconté de son enfance et de son passé, il devait difficilement faire confiance aux gens. 

Mais il réclamait la mienne et m'accordait la sienne. D'accord, c'était vrai qu'étant l'élève de mon père, enfin ayant été l'élève de mon père, il pouvait me faire confiance plus qu'à quelqu'un d'autre. 

Et il était tellement gentil avec moi... on disait que les gens qui n'avaient pas eu de père cherchaient une présence paternelle chez d'autres personnes. Ce qui était vrai. Mais moi mon père, j'étais décidée à le retrouver. 

Et d'ici là, j'avais bien le droit d'avoir des amis ! Des amis... je ne pensais pas que je pourrais penser cela. Je n'ai toujours eu que Lucy comme amie. Je n'en avait presque jamais eu, de par mon enfance compliquée et mes marques. 

Petite, j'étais beaucoup plus renfermée que maintenant. Ce fut Lucy qui, au collège, m'avait fit sortir de ma coquille. On s'était vraiment rapprochées à cette époque-là. 

Certes je n'avais aucun souvenir de mon enlèvement, mais je savais qu'inconsciemment, cela m'avait marqué. Et je cherchais toujours la même chose chez les personnes que je rencontrais. 

De la protection. 

J'avais envie d'avoir un père qui me protège et me rassure, comme tous les enfants. Mais cela ne pouvait plus durer. J'étais une grande fille maintenant, je ne pouvais plus aller pleurer dans les jupes de ma mère. 

Je devais savoir me battre, seule, et savoir prendre des décisions sans demander l'avis de qui que se soit. Même pas Lucy qui me donnait souvent les solutions. 

Je fixais Miller, laissant également mon instinct m'indiquer que faire.

– Oui, répondis-je finalement. Je vous fais confiance.

Mutante - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant