- Les semaines passaient

1.3K 166 281
                                    


- Louis -


Nous sommes enfin retournés chez moi, dans ce petit appartement miteux qui finalement, avec le recul, me parait fantastique.

La route du retour a été difficile, je ne le cache pas, Carrie et moi rions beaucoup moins quand nous sommes seuls. Cette soudaine constatation m'a fait l'effet d'un électrochoc...

Sans Harry, nous nous ennuyons à mourir.

Est-ce que je suis un garçon emmerdant ? Est-ce qu'on ne passe pas du bon temps avec moi ? Est-ce que cette vie remplie de conneries et de rires n'est pas du tout mon œuvre, pas même un peu ?

Ces idées sombres tournent et tournent dans ma tête. Carrie a posé la sienne dans mon cou et nous regardons la télévision depuis le canapé, mes doigts caressent doucement ses bras et je suis incapable de me concentrer sur l'émission.

Plus les heures passent et plus je me focalise sur cette ambiance silencieuse. Ça me rend nerveux et n'aide pas à arranger les choses.

Heureusement, le lendemain matin arrive vite.

Nous patientons dans le gigantesque aéroport face à une des portes de débarquement. Carrie se tient dos à moi, enserrée entre mes bras pendant que nous observons le panneau d'affichage.

L'attente n'est pas très longue. Des gens affluent soudain et passent le portique. Carrie se mets sur la pointe des pieds pour mieux voir, moi je fouille les visages. Une tignasse noire surmontée d'un manche de guitare apparait alors. Carrie pousse une exclamation en se précipitant à sa rencontre, moi une bouffée de joie me fait me tortiller sur place. Son sourire canaille s'étire quand elle arrive, il lui faut lâcher son gros sac de sport au sol pour la réceptionner. Ses bras enserrent ses reins et la soulève légèrement du sol. Comme toujours il a ce réflexe de plonger le nez dans ses cheveux pour humer son parfum. Après tout c'est le cadeau qu'il lui a offert, il doit bien aimer.

C'est enfin à mon tour de l'attraper et le secouer, ça froisse ses vêtements et fait valdinguer la guitare.

— Mais bordel, m'engueule-t-il, pose ! Allez ! Louis tu poses !

Dieu que ça m'avait manqué de me faire envoyer chier. Harry se met à nous détailler tour à tour, exagérant sa gueule désabusée, avant de repartir vers la porte de l'avion. Ça nous fait éclater de rire un bon moment pendant que nous le traînons de force vers la sortie.

Que c'est bon de rire.

Le trajet de retour est génial, la soirée aussi. Nous commandons des pizzas que nous mangeons sur le canapé à même nos jambes puis regardons les séries que nous avons ratées. Après ça nous jouons un peu de guitare sur la terrasse, j'accorde bien celle d'Harry, pendant que Carrie nous écoute lovée dans son plaid.

Les discussions sans queue ni tête et les chamailleries emplissent de nouveau l'espace, tout comme l'odeur de cigarette. Après deux semaines je ne peux que réaliser à quel point ça manquait à mon quotidien.

Le portable de Carrie se met à sonner, Harry et moi cessons de gratter pour l'observer. Elle nous offre un sourire pincé puis s'éloigne au fond du salon, ne laissant plus de doutes sur l'identité du correspondant.

Harry ne bouge pas, les yeux rivés sur la frêle silhouette qui déambule en chuchotant. Ses sourcils bruns se froncent.

— Sa mère ?

— Ouais.

— Elles se reparlent ?

— Oui, Carrie lui a téléphoné il y a trois jours.

No Rules ║ Feel FreeTahanan ng mga kuwento. Tumuklas ngayon