- Je ne m'attendais pas à ça.

1.3K 161 154
                                    

- Harry -


Lorsque que nous quittons le bassin des cascades, le jour est doucement en train de baisser.

Epuisés, nous marchons dans un silence agréable. Carrie trébuche un peu le long du parcours rocheux, Louis prend sa main dans la sienne. Forcément, elle relève des yeux brillants d'amour sur lui, j'en plisse le nez.

Cette tendresse qu'il lui offre sans retenue c'est pas bon, c'est risqué, et il n'arrive pas à s'en empêcher...

Cette fois c'est Louis qui tient le volant, je suis vanné et c'est vrai que sa conduite est agréable. Ses cheveux s'agitent dans le vent, il ne se départit pas de son sourire. Il a l'air vraiment heureux.

Faut bien l'avouer, c'était une chouette journée.

Derrière allongée sur la banquette, Carrie s'est endormie. Cette fille n'est définitivement pas chiante, je l'ai encore constaté aujourd'hui. Avec Loriane la dernière fois, ces cascades avaient été un enfer... elle nous avait réclamé des selfies et un shooting photo instagram tout l'aprem, n'avait pas supporté quand Louis la délaissait, et n'arrêtait pas de l'embrasser derrière les rochers pour se l'accaparer.

Carrie c'est tellement différent... ouais, elle est différente, un différent que je n'arrive pas à identifier ni cataloguer.

Pas timide mais pas extravertie non plus, pas coincée mais pas dévergondée, pas sensuelle mais pas fade...

Bref, je ne pige pas du tout ce qu'elle est. Je crois juste qu'en fait, quoi qu'elle soit, elle s'accorde bien.

Au bout d'une heure et demi, nous nous arrêtons faire le plein. Louis s'est retourné sur son appui tête, il contemple la blonde étalée pendant que je tiens la pompe à essence dans le réservoir, ne ratant rien de l'expression sérieuse de son visage.

Celui-là, ses méninges tournent aussi vite que le compteur d'essence. C'est évident qu'il crève d'envie de la toucher, j'en lève les yeux en l'air.

— Gnagnagna c'est pas un jeu, fais-je en imitant sa voix plus aigüe que la mienne, je risquerais pas de briser une amitié gnagnagna.

— Ferme-la, rétorque-t-il sans même détourner le regard d'elle.

— Hoooooo oui Louis, montre-moi comme t'es un vrai ami, vas-y, encore.

Je fais mine de le sucer bec en acier, ça lui arrache un râle désemparé quand il se rassoit dans le bon sens sur le siège en cuir. J'en ricane toujours quand je me dirige pour payer, poussant la porte de mon épaule en récupérant mon portefeuille. Tout à coup, je me fige dans l'unique allée de rayonnage.

Putain dites-moi que c'est une blague.

Guillaume est installé derrière le comptoir, son regard marron rivé droit sur moi.

Ma première réaction est de me demander ce qu'il peut bien foutre ici, mais son veston aux emblèmes de la station-service ne laisse place à aucun doute, il travaille là.

Combien de chance avais-je de tomber sur lui ? Dans ce trou paumé dans lequel je ne viens jamais ? La vie est vraiment drôle parfois...

— V'la le chanteur à minettes, crache-t-il.

Ma main plaque le portefeuille sur la surface de métal.

— La pompe deux, fais-je durement, regarde ton bel écran d'ordi et encaisse-moi Gui, c'est ton nouveau job apparemment.

Son front se plisse, créant des vagues jusqu'à ses tempes claires déjà pas mal dégarnies. La tension devient électrique entre nous, je peux la sentir envahir toute la boutique et s'infiltrer douloureusement dans mes poumons. Sa mâchoire couverte de cicatrices d'acné se serre et il tape trop fort l'écran tactile avant que la caisse ne s'ouvre.

No Rules ║ Feel FreeWhere stories live. Discover now