- Une amitié ? Vraiment ?

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- Louis -

Inévitablement, c'est le nom de sa mère qui éclaire l'écran de mon téléphone. Je repose ma pizza puis me dirige dans la chambre, Carrie sur les talons.

— Bonsoir Allison, dis-je prudemment.

— Ou est ma fille ?! S'écrie-t-elle d'une voix tranchante.

— Je l'ai ramenée chez moi. Elle va bien.

— Chez toi ? Alors là parfait !

— Je ne voulais pas qu'elle reste chez son père, l'ambiance là-bas était tendue.

— Comment oses-tu te mêler de cette histoire !

— Je ne pouvais pas ne pas m'en mêler.

— Tu es plus vieux Louis, je pensais que tu serais plus mature et intelligent pour ne pas l'encourager dans une fugue aussi stupide !

— Je sais. Je ne dis pas que c'est raisonnable et que je cautionne son geste, je dis juste que je serai là pour elle, quoi qu'elle décide.

— Ramène-la à l'institut Laveyrne !

— Elle ne veut pas y retourner, du moins pas ce soir. Écoutez, elle va se reposer quelques jours, souffler un peu et prendre du recul.

— Je pourrais envoyer la police la récupérer tu le sais hein ?!

— Je sais... mais je ne crois pas du tout que ça arrangerait les choses.

— Ha parce que tu sais ce qui peut les arranger toi ?! Tu le sais mieux que moi, sa mère ?

Quoi répondre à ça, alors je me tais en m'asseyant sur le lit, rejoint par Carrie qui enlace mon bras dans les sien, rapprochant son oreille pour écouter.

— Elle est si jeune, elle va bousiller ses chances elle ne réalise pas, tu es conscient toi que tout ça c'est n'importe quoi ! Nous nous sommes saignées des années entières, j'ai même enchaîné deux boulots pour lui payer cette passion !

Mon visage se décale pour jauger celui de Carrie. Elle a baissé le nez, coupable, épuisée, perdue. Je donne alors une secousse sur nos deux épaules pour qu'elle me regarde. Ses yeux ambrés voilés de larmes s'ancrent dans les miens.

— Tout ce que je peux vous dire, c'est que j'aime votre fille. Pendant des heures je l'ai écoutée me dire en pleurant à quel point elle n'aimait plus la danse et détestait sa vie. Ça n'est pas un caprice, vous savez très bien que Carrie n'est pas capricieuse. C'est la vérité, elle veut arrêter et rentrer chez vous.

Ses sourcils blonds se relèvent, l'émotion colore ses joues.

— Ho mon dieu, gémit Alison dans le portable, dites-moi que c'est un cauchemar.

Des sanglots résonnent, j'en soupire tristement. C'est légitime qu'elle tente de jouer ses dernières cartes, après tout elle n'est qu'une maman inquiète pour l'avenir de sa fille. Mon père avait réagi de la même façon lorsque je lui avais annoncé ne plus vouloir devenir avocat.

— Elle n'a rien à part la danse, qu'est-ce qu'elle va faire ?! Retourner dans un lycée de quartier ? Elle avait le monde du ballet à ses pieds.

Carrie se ratatine de plus en plus contre mon corps, je la sens frémir, faiblir. Les mots d'Alison la touchent trop et la font douter, je ne peux pas laisser faire ça.

— Je vais raccrocher Allison, je vous tiens au courant et je veille sur elle je vous le jure.

C'est le cœur serré que je raccroche sur ses sanglots et phrases incohérentes. Ma jolie blonde respire fort, ses ongles se plantent dans la chair de mes avant-bras.

No Rules ║ Feel FreeWhere stories live. Discover now