Chapitre 6-2 : Lâcher prise

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Je dévalais les escaliers, sous le regard soucieux de ma mère qui hésitait encore à me laisser partir. Mais j'avais survécu pendant dix-huit ans, je devrais bien pouvoir survivre encore une heure ! 

Certes, avant je n'étais pas au courant que des gens souhaitaient ma mort. Je sortis de la maison et descendis les marches du perron. Je me dirigeais vers l'autre côté de la route,croisant les doigts pour qu'il ne pleuve pas. Je passais la grille du parc, jetant des coups d'œil nerveux malgré moi. 

Pas grand monde. En même temps, ce coin paumé n'attiaite pas. Le parc était un petit bout de verdure clôturé dans lequel on pouvait trouver toutes sortes d'animaux. Je m'y étais toujours sentie à l'aise. Dès que je pleurais ou que je me sentais mal, j'y allais. 

Je traversais un peu l'herbe en jetant des œillades discrètes autour de moi. Je ne tenais pas à mourir aujourd'hui, une sensation désagréable de peur me tracassait. Sauf qu'on m'avait affirmé que les Ombres ne devraient pas tenter quelque chose juste après l'agression. 

 Je mis ma capuche sur ma tête, afin que l'on ne voit pas mes yeux, seule description disponible. Je finis par me poser sur une balançoire solitaire. Seuls trois enfants jouaient dans un bac à sable, sous la surveillance de leurs parents enlacés sur un banc.

La petite fillette brune enterrait la main de son grand frère roux, alors que l'autre garçon écrivait sur une feuille, les pieds dans le sable. J'observais les enfants avec envie. 

Je m'étais toujours demandée ce que cela faisait d'avoir un père, un frère ou une sœur. Lucy m'avait certifié qu'avoir un père était moins cool qu'il n'y paraissait et que cela faisait deux parents sur votre dos. 

Bien sûr, je savais qu'elle ne pensait pas ça au fond d'elle, mais qu'elle me le disait pour me remonter le moral. C'était ce que j'appréciais beaucoup chez Lucy, sa gaîté de cœur et sa façon de tourner les choses pour les rendre plus positives. 

J'aimerais bien être comme elle, optimiste dans toutes les situations. Malheureusement, je n'y arrivais toujours pas, malgré de nombreux efforts. Je vis le mari murmurer quelque chose à sa femme qui me reluqua avec un œil méfiant. 

A cause de mes yeux peut-être ? Ah non, que suis-je bête. Une fille qui devrait être en cours, capuche sur la tête et épée sur le dos, c'est tout-à-fait banal. J'avais oublié de refermer la housse de Caligo, on voyait donc le manche ainsi que le coutelas accroché. Une belle dégaine de psychopathe.

Je refermais le bout de la housse le plus discrètement possible, mais pas assez visiblement. La femme se leva et indiqua à ses enfants qu'il était temps de partir. La petite fillette brune me fixa et je lui souris discrètement. 

Cela aurait pu être moi petite, cette enfant jouant avec son frère. Mais mes parents me compliquaient la vie avec toute cette histoire de Clans et de disparition. La petite famille quitta le parc, la fillette me suivant du regard.

J'enlevais ma capuche et lui fis un petit signe de la main. Elle sembla d'abord étonnée par mon visage, avant de me rendre la pareille avec sa petite main. Les parents me regardèrent d'un mauvais œil, tenant fermement leurs enfants par la main. Je soupirais et me balançai doucement.

Un bruit plus loin attira alors mon attention. Je tournais la tête, essayant de détecter une présence derrière les maigres buissons. Je me levais brusquement, paniquée.

–Qui est là ? m'écriai-je, bien que le seul bruit persistant soit le vent entre les quelques arbres.

Je n'obtins aucune réponse. Je continuais d'observer les alentours, et fus persuadée d'entrevoir une silhouette masculine, très loin derrière la route. Le cœur battant, je voulus m'approcher, convaincue que je le connaissais. Mais avant que je ne puisse faire quoi que ce soit, une voiture passa, et l'ombre disparut. Je me laissais tomber dans la balançoire, persuadée d'avoir rêvé. Alors pourquoi mon cœur continuait de battre si fort ?

Mutante - Tome 1Where stories live. Discover now