| E P I L O G U E |

2.8K 382 80
                                    

« Souvent l'épilogue est cruel,
L'amour s'envole et l'harmonie devient un duel,
Puis nos flammes deviennent des cendres.
Même nos étés se transforment en mois de Décembre. »

-Kery James

Il y'a de ces mots qu'on est incapable de dire, de ces sentiments qui nous sont impossible à décrire.

Je ne sais pas par où commencer, je ne sais par quel mot introduire mais tout ce que je sais c'est que, ce n'est pas un poème de plus. Ces mots sont destinés à celle qui m'a mise au monde, celle dont je n'ai aucun souvenir.

Dans mes plus lointains souvenirs, ton visage ne m'apparaît pas, la chaleur d'être dans tes bras m'est inconnue.

Si j'avais eu le choix, je pense que j'effacerai l'histoire pour la réécrire autrement. Car ma naissance a été le premier des malheurs. Je t'ai arraché la vie, et chaque jour que Dieu fait, je vis avec ce poids sur la conscience.
Je ressens beaucoup plus un sentiment de culpabilité que d'amour vis à vis de toi. Je ne sais pas si je t'aime. Comment aimer quelqu'un qu'on a jamais connu ? Les quelques gens qui me connaissent disent que je suis insensible, comment pleurer pour une mère fantôme ?

Il y'a un manque, un vide qui emprisonne mon coeur. Je suis entourée de gens mais c'est comme si j'étais seule au monde. Halima m'a élevé comme si j'étais sa propre fille. Je n'ai jamais manqué de rien et surtout pas d'amour. Je suis un enfant chéri, aimé par tous.

Papa, papa, ne peut pas me regarder sans verser une larme. On se ressemble tellement que je lui rappelle la femme qu'il aimait, la femme qui, malgré des années emportée par la mort, il continue d'aimer. La femme qu'il a beaucoup fait souffrir.

Maman, j'ai trouvé ton journal. Je l'ai trouvé en fouillant dans tes affaires que papa avait enfoui au fond d'un garage parce que ton souvenir est trop douloureux pour lui. Au début, j'étais à la recherche de photos, ensuite ce petit agenda violet m'a attiré. Ton récit m'a beaucoup touché. En le lisant j'ai souvent pleuré mais je sais que tu es partie comblée. J'ai fait éditer ton histoire, eh oui, j'ai choisi moi même le titre. Ces mots qui revenaient tout au long de l'histoire, j'en ai fait un titre qui résume tout ton vécu: «Epouse indignée»-Assiyãh, le prénom est le même que le mien, ce prénom que tu portais et que moi je porte aujourd'hui. Oui, papa a voulu m'appeler comme toi pour voir en moi ce qu'il a perdu en toi. J'ai vu comment tu as souffert, comment tu t'es battue et comment tu étais une femme modèle.

Dix huit ans que tu es partie. Mon entourage célèbre ma majorité mais je ne pourrais le faire car ça me rappelle que je suis la cause de ton décès. Je suis une fatalité maman, je suis la première tragédie.

Aujourd'hui je suis ici, sur ta tombe pour te pleurer. Je suis ici avec quelqu'un qui, depuis ta mort n'a jamais osé te rendre visite dans ce cimetière. Avant de parler de lui, faisons un petit récapitulatif de ce que tu as laissé.

Je vais commencer par Abiba. Ta soeur a mis au monde un enfant peu de temps après mon arrivée, "un enfant sans père", comme l'appelle beaucoup de gens. Il s'appelle Idrissa, il n'a jamais connu son père, tout comme je ne t'ai jamais connu. La différence est que son père est en vie, il a préféré tout simplement les abandonner sans donner de nouvelles. Abiba a vécu cinq ans dans la solitude, mère célibataire sans soutien moral. Aucun homme ne voulait d'elle, au final elle a fini par se résigner pour s'engager dans un mariage arrangé. Aujourd'hui elle vit bien sa vie. Elle raconte son vécu à chaque jeune fille pour nous éviter les mêmes erreurs.
Idrissa vit bien aussi même si parfois, je sens l'amertume et la rancune qu'il éprouve pour son géniteur.

« Épouse indignée » Où les histoires vivent. Découvrez maintenant