| C H A P I T R E IX |

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Parfois, ceux à qui on tient le plus sont ceux qui partent en premier.
Toute mon existence, je me suis remise en question. J'ai souvent questionné la vie et j'avoue avoir eu des réponses. Si tout est éphémère, pourquoi s'accrocher à quelque chose ? Si tout le monde meurt, pourquoi s'attacher à quelqu'un ? Risquer de perdre un jour ou autre quelqu'un qu'on a beaucoup aimé, c'est risquer de vivre avec un coeur meurtri. Mais après tout, l'humain aime le risque.
Ma devise a toujours été mieux vaut être un coeur solitaire qu'un coeur meurtri. Voilà comment j'ai souvent fonctionné. Raison pour laquelle j'ai qu'une seule amie. J'aurai préféré évité ça mais mon amitié avec Nafissatou s'est faite naturellement. J'ai essayé de repousser l'amour, l'attachement que je lui porte et je n'ai pas réussi. Alors j'ai pris sur moi, et j'ai accepté ce que mon coeur ressentait.

De plus, je préfère la solitude à la trahison.

Ensuite Mamadou est arrivé, comme par hasard. J'ai compris qu'il y'a certaines rencontres qu'on ne peut pas éviter. Comme on le dit si bien "le destin est implacable". On peut essayer de le fuir, il nous rattrape toujours.

L'amour que l'on porte à quelqu'un de sa famille est naturel je présume. Je n'ai jamais eu à forcer, ni à plaquer. C'est comme ça que j'ai noué des liens avec chaque membre de ma famille, aussi éloignée que proche. Malik, ah Malik ! À peine seize ans, j'ai vu en lui, une Assiyãh version masculine. C'est mon reflet, même attitude, même ressenti. C'est juste un cousin, mais c'est plus dans mon coeur.

Je ne peux m'empêcher de verser quelques larmes pour lui. Comment a-t-il pu être condamné à seize ans ? Il n'avait rien vécu, il avait tant de chemin à faire et je suis triste pour lui.

Depuis le temps qu'il est décédé, impossible de combler ce vide. Avec le temps, je devrai y arriver, mais le temps est un farceur, alors il me torture au lieu de m'aider à l'oublier.

07 Novembre 2015

Je me préparais pour une ultime bataille entre moi et moi-même. En fait, depuis que Nafi m'a annoncé la tragédie sur Malik, je me sens autre et anéantie. Jusqu'à présent, je n'ai pas eu le courage d'aller le voir. Je sais pertinemment que je ne réussirai pas à le regarder sans qu'une larme ne s'échappe de mon orbite.

Je pense que sa condamnation m'a aidé à prendre du recul sur mon ménage. Je n'ai pas le droit de me plaindre alors qu'il y'en a qui vive pire que moi.

Hélas, comment faire pour ne pas ressentir de la douleur ? De la tristesse ? Du chagrin ?
Je ne peux même pas m'occuper de mon propre mari parce que sa mère m'interdit totalement de mettre un pied dans la cuisine ne serait-ce que pour préparer un café. D'après elle, je suis maudite et elle ne veut pas prendre le risque que je les intoxique. Même pour manger c'est devenu un problème. Non pas parce qu'elle me prive de nourriture, au contraire, à chaque repas, elle insiste pour que je mange, mais c'est juste qu'il est difficile de manger le coeur lourd.

Aujourd'hui, comme chaque dimanche, je ne vais pas au boulot et je suis coincée de ce salon avec Mamadou. La routine me gonfle, et que puis-je faire dans cette maison si tout m'est interdit ?

- Bon tu n'en a pas assez de te torturer ainsi ? Si ce n'est pas la société, c'est ma famille, si ce n'est pas la mienne, c'est la tienne.

Mamadou me regarde avec un air interrogateur. Que veut-il que je fasse?

- Tu veux que je fasse quoi ?

- Tu vas te lever, prendre ton courage à deux mains et parler à Malik. Prépare-toi, on va rendre visite à ta famille. Après ça, tu me feras le plaisir de parler à ma mère pour qu'elle te laisse cuisiner quand tu en as envie. Tu parleras aussi à Maty et tu lui feras comprendre que, tu es la femme de son grand frère et qu'elle te doit le respect.

« Épouse indignée » Où les histoires vivent. Découvrez maintenant