| C H A P I T R E X |

Depuis le début
                                    

- N'importe quoi ! Va préparer ton accouchement, c'est mieux que de raconter ta vie.

Nafissatou commence à s'énerver et Abiba aussi, il fallait que je les calme.

- Écoute moi Abiba ! Nafissatou a raison. Quelqu'un qui t'aime réellement te respecte. Ça n'en vaut pas la peine de courir derrière un garçon. Parce que s'il voit que tu es prête à tout pour lui, il te manipulera et te jettera comme un vulgaire objet. Ne sois pas presser, ton mektub viendra.

- Si tu savais comment c'est dur d'aimer et de ne pas être aimer, tu essaierais de me comprendre. Toi, toute ta vie a été rose. Tu es belle, intelligente, gentille mais regarde-moi ! Je suis horrible, personne ne s'intéresse à moi. Le plus dur c'était de le croiser sans qu'il ne me lance un seul petit regard, sans qu'il ne me dise un mot. Maintenant Assiyãh, maintenant il s'intéresse à moi et pour rien au monde je vais risquer de le perdre.

Abiba depuis toute petite s'est sentie comme une imposteur. Elle se demandait pourquoi elle était noire alors qu'on est tous clairs, pourquoi on est minces alors qu'elle a des formes en trop, pourquoi on a les dents parfaitement alignées alors qu'elle porte des appareils. Elle s'est toujours sentie mal dans sa peau, raison pour laquelle elle ne veut pas trop aller vers les gens.

- Tu ne sais pas comment c'est de vivre avec un défaut physique. De nous regarder chaque jour devant la glace et de nous sentir moche. De voir tout le monde sourire et que moi je ne peux pas. De voir les gens porter une robe et que je ne peux. De voir encore des filles de mon âge se mettre en couple et que JE ne peux pas. Tu ne sais pas ce que c'est de vivre avec un complexe, tu ne sais pas ce que sait de se sentir comme une pourriture. Alors tes conseils tu peux te les garder car je n'en ai absolument pas besoin Assiyãh Diallo.

J'ai toujours su qu'elle se sentait mal mais pas à ce point.

- Tu es belle Abiba, tu ne le sais pas mais tu es belle. Il ne faut pas te torturer. Quelqu'un aimera un jour tous tes défauts. Personne n'est parfaite, il faut juste s'accepter comme on est.

- Ne perds pas ton temps à me parler car j'ai déjà fait mon choix. Et si c'est la question virginité qui te fait peur, je te rassure, on est au vingt-unième siècle. Il n'y a que ta famille qui vit aux moyens âges. Donc ce n'est plus un problème. Bref, va t'occuper de ton homme des cavernes, j'y vais.

Elle prit ses affaires et me laissa dans la chambre avec Nafissatou. J'ai peur qu'elle ne commette l'irréparable.

On fait beaucoup trop de différence entre l'Antiquité et le modernité. Certes la technique a progressé mais certaines règles et moeurs devraient demeurer éternels quelque soit le progrès. Il ne s'agissait pas là d'une simple histoire de pudeur mais de respect pour soi, d'amour propre.

- Elle est très têtue. Le pire, c'est qu'elle ne se rend même compte qu'elle court à sa perte. Ne t'en fait pas Assiyãh, chaque jour j'essaierai de la raisonner jusqu'à ce qu'elle redevienne la Abiba qu'on connaissait.

- Espérons-le.

On se dit au revoir parce qu'il commençait à se faire tard.
Abiba me déçoit mais en même temps j'essaie de la comprendre. Je me dis qu'elle finira par réaliser qu'elle est entrain de faire le mauvais choix. Espérons juste qu'elle ne s'en rende pas compte trop tard.

[...]

Je venais enfin d'arriver chez moi. Mamadou était assis au salon. Je voyais dans l'expression de son visage qu'il était énervé.

- Bonsoir mon chéri, je suis rentrée.

Il se retourne lentement me laissant un regard noir. Je venais de voir à travers ses yeux ce que je n'ai jamais vu au par avant.
Je me dis qu'il a eu une journée difficile au boulot. Je m'inquiète pour lui en fait. Je ne l'ai jamais vu ainsi et le pire c'est que je savais que quelque chose n'allait pas.

- Tu as vu l'heure ? Où étais-tu ?

Sa voix était calme mais j'apercevais la colère. C'est triste de le voir ainsi.

- J'étais chez mes parents.

- Ne me fait pas rire Assiyãh ! Tu pars chez tes parents sans me demander la permission ou même prendre la peine de m'avertir ?

- J'ai oublié.

- Ah oui, tu as oublié. Tu as oublié de téléphoner à ton mari pour lui prévenir que tu rentrais tard ? Déjà que tout le monde parle de toi, tu commences à rentrer à des heures tardives leur donnant de plus en plus des raisons pour t'accuser.

Il a raison. Une femme mariée ne doit pas sortir sans demander la permission à son mari. Ma mère me l'a toujours appris. Sauf que ça m'est complètement sorti de la tête. J'étais tellement pressée. Je sais que rien ne peut me justifier et que cette fois j'ai eu tord.

- Excuse-moi Mamadou ! Je parlais à Abiba et je n'ai pas vu l'heure passer. La prochaine fois je t'avertirais.

- Quelle prochaine fois ? Tu comptes rentrer tard encore une fois ? De quelle prochaine fois tu parles ? Ne me fait pas croire que ma mère, ma famille, la société, avaient raison. Ne me fait pas croire que j'ai épousé une femme indigne.

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As salamou aleykum mes lapinous.
Vraiment merci pour vos encouragements, vos votes et commentaires. Ça me fait trop plaisir. Pour cela je vous donne une partie en bonus. En plus, c'est le chapitre 10 déjà. C'est juste waouuuuh.

Laissez-moi vos commentaires. Et n'hésitez pas si vous avez des questions.

Bonne lecture.

« Épouse indignée » Où les histoires vivent. Découvrez maintenant