CHAPITRE 24 : Oeil Noir (Partie I)

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Vêtue en noir de la tête aux pieds, je courrais en direction des bois, prenant soin de ne pas laisser entrevoir mon visage. Je baissai les yeux sur ma montre. Une heure du matin.

― Tu es en retard, me chuchota Avril Allen lorsque j'arrivai face à elle.

Je m'appuyai au tronc d'un arbre en m'efforçant de reprendre mon souffle.

― Je suis désolée, soufflai-je. Mais je devais m'assurer de ne pas être suivie.

― Laisse tomber, soupira-t-elle. Contente-toi de me suivre en silence.

Je m'exécutai sans poser de questions. Malgré l'obscurité étouffante, Avril me guida habilement à travers la multitude d'arbres. Tandis que je trébuchais à plusieurs reprises, la jeune fille se mouvait avec une aisance déconcertante.

— Est-ce que tu pourrais éviter de piétiner toutes ces brindilles ? marmonna-t-elle alors que je manquais m'affaler à terre une nouvelle fois. Tu m'agaces...

Je fusillai la nuque d'Avril du regard.

― Excuse-moi, rétorquai-je en serrant les dents. Mais je ne vois même pas où je mets les pieds !

Nous marchâmes encore une dizaine de minutes, nous enfonçant de plus en plus profondément dans la forêt. Un cri d'animal venait de temps à autre briser la quiétude de la nuit.

Finalement, j'aperçus derrière un sapin un véhicule noir identique à ceux utilisés par les Gardes.

— Tu vas pouvoir arrêter de râler intérieurement, ricana Avril au moment où les phares de la voiture s'allumaient.

Je posai une main en visière sur mes yeux, aveuglée par la lumière soudaine. Je m'avançai lentement en direction de la portière côté passager, tandis qu'Avril grimpait à l'arrière.

― Il était temps, nous lança Baldwin avec son éternel sourire en coin.

— Je n'arrive pas à croire que je suis en train de faire ça, soupira la fille du Capitaine Allen.

― Personne ne te force à faire quoi que ce soit, rétorquai-je tandis que Baldwin démarrait la voiture.

― On ne risque pas de se faire prendre, la rassura le jeune homme. Du moins pas tant que vous êtes de retour avant le lever du soleil...

Avril s'enfonça dans son siège, une expression indéchiffrable sur le visage.

― C'est une très mauvaise idée, lâcha-t-elle.

― Peut-être bien, concédai-je. Mais c'est la seule que nous avons.

― Et tu es la seule personne à pouvoir nous aider, ajouta Baldwin.

― J'étais censée ne jamais remettre les pieds dans l'un de ces endroits, rétorqua Avril en se redressant vivement. Ça grouille d'ennemis de mon père, là-bas !

― Personne ne te reconnaîtra, ripostai-je d'un ton calme.

Pour toute réponse, mon interlocutrice poussa un soupir de frustration avant de se renfoncer dans son siège. Un court silence s'installa dans l'habitacle, que Baldwin rompit :

— Tu semblais moins réticente lorsqu'il s'agissait de rendre service à Hugo, lâcha-t-il d'un ton sec sans quitter la route.

Je vis Avril pâlir considérablement.

― Combien de fois va-t-il falloir que je m'excuse pour que tu me pardonnes enfin ? murmura-t-elle.

Un rictus amer déforma les lèvres de Baldwin.

(Gratuit le 3 Janvier) APTITUDE : Le Chaos Et La Couronne.Where stories live. Discover now