CHAPITRE 17 : La Colère Du Prince.

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Je fus brutalement extirpée du sommeil par des coups frappés à ma porte. Je papillonnai des paupières, une migraine me vrillant le crâne. J'avais enfin réussi à m'endormir après avoir passé des heures à me retourner dans mon lit, le cerveau en ébullition. Mon regard se posa sur l'horloge face à moi. Il n'était que deux heures du matin...

Comme les coups se faisaient plus insistants, je rejetai ma couverture et bondis hors du lit, le cœur battant à tout rompre. Personne ne viendrait me voir aussi tard si quelque chose de terrible ne venait pas d'arriver...

Je lissai mes cheveux du plat de la main en me dirigeant vers la porte, faisant fi de mon pyjama froissé et de mes yeux rougis par le sommeil. Ce n'est qu'en tournant la poignée dorée que les évènements de la journée me revinrent en mémoire. Je sentis mes jambes se liquéfier.

― Kylie ? chuchota une voix masculine.

Je clignai les yeux pour tenter de distinguer les traits de mon interlocuteur. Ce dernier s'avança alors et je reconnus Baldwin. Je le dévisageai avec surprise.

― Baldwin ? murmurai-je. Qu'est-ce que tu fais ici ?

― On est dans de sales draps, répondit-il sur le même ton. Ne pose pas de question, contente-toi de me suivre.

Ma respiration s'accéléra. Les mains tremblantes, je me frictionnai les bras, soudain envahie par une vague de froid. Mon interlocuteur me sonda un moment de ses prunelles grises, un air sombre sur le visage.

― On nous attend dans la salle du trône, ajouta-t-il.

Je hochai la tête en m'efforçant de ne pas montrer à quel point j'étais effrayée. Tout en suivant le jeune homme jusqu'à la pièce concernée, je ne pouvais m'empêcher de m'imaginer le pire. Cela avait-il un rapport avec Fealds ? Calvin aurait-il déjà trahi notre semblant d'alliance ? Quelqu'un allait-il mourir ce soir ?

Je m'attendais à découvrir une horde de Nobles remontés, comme lors du procès de Jake. Mais à ma grande surprise, seules quelques personnes nous attendaient dans la salle du trône. Toutes arboraient la même expression que moi, même si certaines cachaient leur trouble mieux que d'autres. Je remarquai vite que personne ne pipait mot. Un silence de mort régnait dans la pièce.

Je croisai le regard soucieux de Devonne, dont les mains ne cessaient de triturer les pans de sa robe de chambre bleue. Geneviève, elle, se mordait nerveusement la lèvre inférieure et gardait le regard obstinément baissé au sol. Seul Calvin restait fidèle à lui-même. En effet, le Garde se tenait en retrait, son éternelle expression froide obstinément accrochée à son visage pâle.

Finalement, mes yeux se posèrent sur Kian. Je haussai les sourcils en le voyant avachi sur le trône de son père, ses mains agrippant fermement les accoudoirs couverts de velours rouge. Pourtant, je fus surprise de remarquer que le futur roi était dans un état lamentable. C'était comme si le poids de la couronne commençait déjà à l'écraser. Ses cheveux étaient en bataille, son costume en désordre, et ses yeux verts rougis par la fatigue. Comment les choses avaient-elles pu se dégrader aussi vite pour lui ?

Lorsque Kian remarqua enfin ma présence et celle de Baldwin, il releva brusquement la tête. Son regard froid se posa brièvement sur moi avant de se porter sur les autres, mais ce que j'y lus suffit à me faire frissonner. Je vis Geneviève et sa cousine échanger un regard inquiet. C'était comme si Kian était une bombe à retardement prête à exploser n'importe quand.

― Je n'arrive pas à y croire, lâcha enfin le prince d'une voix méconnaissable. Comment avez-vous pu être aussi naïfs ?

Un silence étonné accueillit cette phrase. Comme personne ne semblait encore décidé à parler, je décidai de me jeter dans la gueule du loup :

(Gratuit le 3 Janvier) APTITUDE : Le Chaos Et La Couronne.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant