(Gratuit le 3 Janvier) APTITUDE : Le Chaos Et La Couronne.

CHAPITRE 15 : La Vision.

Je ne tardai pas à croiser un Garde près de la Salle Du Trône. Je le détaillai rapidement. Trapu, blond, joufflu. Il avait l'air plus jeune que ses collègues. Peut-être même plus jeune que moi, et un rapide coup d'œil au badge épinglé sur son uniforme m'informa qu'il était encore en formation. Je me dirigeai vers lui et m'arrêtai à sa hauteur. Le gamin ne se gêna pas pour me reluquer de la tête aux pieds. Lorsqu'il croisa mon regard, je ne pus m'empêcher de lui lancer un regard acéré. Je me sentais tout sauf d'humeur courtoise.

― Tu travailles pour Calvin Branwell ? demandai-je de ma voix la plus autoritaire.

― Oui, répondit le jeune Garde en bombant fièrement le torse. Je m'appelle...

― Peu importe, l'interrompis-je en balayant ses paroles d'un revers de la main.

Le pauvre garçon ouvrit de grands yeux vexés tandis que je poursuivais :

― C'est le prince qui m'envoie, mentis-je habilement. Je veux savoir si Fealds est toujours dans sa chambre, ou s'il a déjà quitté la Résidence.

― Il y est toujours, il me semble, répondit le blond d'un ton bourru.

― Et où est-elle, cette chambre ? demandai-je d'un ton se voulant indifférent.

Mon interlocuteur me regarda d'un air soudain soupçonneux avant de répondre d'une voix lente :

― Au deuxième étage, dernière porte à droite.

Je le remerciai d'un signe de tête avant de m'élancer vers les escaliers. En arrivant au couloir des chambres du deuxième étage, je vis Élise sortir de l'une des pièces. Je me raidis, tous mes sens aux aguets.

― Kylie ! s'exclama-t-elle en m'apercevant, l'air surprise.

Je lui répondis par un sourire forcé.

― Élise, fis-je en essayant de contenir le timbre agacé de ma voix. Que faites-vous ici ?

La mère de Geneviève me toisa, l'air surpris.

― Et bien, la chambre de mon fils Charles se trouve juste là, répondit-elle en désignant la porte qu'elle venait de refermer.

Je hochai la tête en me mordant la lèvre inférieure.

― Kylie, es-tu sûre que ça va ? demanda Élise d'un air inquiet. Tu as l'air nerveuse.

― Quoi ? Oh oui, tout va parfaitement bien.

La dame me fixa encore un peu, comme si elle comptait insister. Mais elle se ravisa à la dernière minute et s'éloigna après m'avoir gratifiée d'un gracieux sourire. Je poussai un profond soupir en marchant vers la chambre de Fealds. Comme je m'y attendais, la pièce n'était plus surveillée. Je posai ma main sur la poignée et la tournai. Même la porte n'était pas verrouillée. Et en pénétrant dans la pièce, je ne pus m'empêcher de songer que l'heure n'était plus à la politesse.

― Ah Kylie Taylor, lança Fealds en m'apercevant sur le pas de la porte. Je me demandais quand vous viendriez me voir.

Le regard peu amène, je claquai la porte derrière moi et balayai des yeux les étagères surchargées de livres, le bureau en bois laqué en désordre, puis je reportai mon attention sur le chercheur en face de moi.

― Qu'est-ce que vous voulez dire par là ? répliquai-je d'une voix agacée.

À ma grande surprise, mon interlocuteur éclata de rire en me faisant signe de prendre place sur le fauteuil en face de lui.

― Je vous en prie, asseyez-vous.

― Je préfère rester debout, rétorquai-je d'un ton sec. Je ne suis pas ici de bon cœur, rassurez-vous.