CHAPITRE 11 : La Cape Rouge.

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J'ouvris les yeux en grognant et me redressai dans mon lit. J'avais la tête qui tournait et ma vision peinait à s'adapter à la pénombre de ma chambre. Je portai une main à ma bouche pour étouffer un bâillement, avant de porter une main au réveil posé sur ma commode et de l'éteindre. Il me restait vingt minutes avant minuit. En me souvenant de la raison pour laquelle j'étais contrainte de quitter la tiédeur de mon lit, je sentis mon estomac se nouer de nervosité. Je ne pouvais m'empêcher d'avoir un mauvais pressentiment. Et, un moment, je fus tentée de tout annuler. Mais je ne pouvais pas me permettre de me dégonfler si près du but, pas lorsque je me trouvais toute proche des réponses que je réclamais.

J'allumai la lampe de chevet près de moi et passai mes jambes par-dessus mon lit avant de me lever. Puis, je me dirigeai vers la porte et posai ma main sur la poignée dorée. Je me mordis la lèvre avant de rebrousser chemin brusquement. M'agenouillant rapidement sur le tapis, j'en soulevai un coin avant de vérifier que le journal de Nathan Stiles se trouvait toujours dans sa cachette. Soulagée, j'ouvris finalement la porte de ma chambre en essayant de faire le moins de bruit possible. Me retrouvant seule dans le long couloir, je frissonnai. Je m'apprêtais à descendre à l'étage inférieur lorsqu'une porte s'ouvrit plus loin.

Je me plaquai contre le mur en espérant que les ténèbres suffiraient à me dissimuler. Des chuchotements parvinrent à mes oreilles. On aurait dit que les interlocuteurs se disputaient.

― J'ai fait tout ce que vous m'avez demandé, disait la première personne. J'ai risqué ma peau pour vous aider !

Je me penchai en avant, piquée par la curiosité, et aperçus un homme debout de face. Grand, la cinquantaine environ, atteint de calvitie. Une paire de lunettes à monture fine ornait le bout de son nez. Il semblait agacé et marmonnait farouchement en gesticulant dans tous les sens.

L'interlocutrice de l'homme se tenait dos à moi, grande, dotée d'une silhouette féminine qui me rappelait vaguement quelqu'un. Malheureusement, la femme était vêtue d'une longue cape écarlate qui m'empêchait de découvrir son identité. Elle murmura quelques mots inaudibles sur un ton qui se voulait apaisant, mais l'autre se contenta de secouer frénétiquement la tête.

― Je me fiche de ce que vous pensez ! rétorqua-t-il en criant presque. Je pourrais être banni de la Cour ou pire... et nous savons que le roi n'est pas réputé pour sa clémence !

De plus en plus surprise, je me décalai légèrement afin de mieux écouter. L'autre lui attrapa le bras et prononça des paroles dont je ne perçus que quelques bribes incompréhensibles.

― Comment ça, le roi refusera de me laisser étudier cette petite pour l'instant ? rétorqua-t-il d'un air agacé. Je vous répète que je procèderai différemment avec elle. Un échantillon de sang est tout ce dont j'ai besoin...

Je tressaillis. Je commençais à avoir une idée à propos du sujet de la dispute...

― C'est n'importe quoi ! poursuivit l'inconnu. Comme si Thobias se préoccupait vraiment de sa protection. La seule raison pour laquelle il la garde ici est qu'il ne veut pas que l'un des ennemis de la monarchie lui mette la main dessus, ou pire, un représentant de la Fédération Libre !

― Ce serait désastreux, murmura son interlocutrice d'une voix étouffée. Ce n'est qu'une gamine qui ne saurait même pas choisir le bon camp.

Je haussai les sourcils. Puis à ma grande surprise, l'homme eut un rictus amer.

― Une gamine que vous n'avez pas hésité à empoisonner afin de couvrir vos arrières. Je vous ai aidé ma petite dame, je vous ai procuré le poison, et maintenant le moment est venu pour vous de payer votre dette.

(Gratuit le 3 Janvier) APTITUDE : Le Chaos Et La Couronne.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant