Aïkida errait dorénavant dans les couloirs du château, à la recherche d'un garde qui puisse l'informer. Elle en trouva finalement un devant la grande porte de la bibliothèque. La mine fatiguée, l'homme d'une quarantaine d'année paraissait énervé et attentif au moindre bruit suspect.

        Voulant détendre l'atmosphère, la Fille Gelée demanda :

— Vous avez passé une mauvaise nuit on dirait, je me trompe ?

Le garde fronça les sourcils et reporta son attention vers son interlocutrice avant de répondre froidement :

— On s'est moqué de moi cette nuit, j'en suis persuadé. On m'a presque pris pour un fou.

Aïkida haussa les épaules et répondit simplement, compatissante :

— À moins que vous n'entendiez des bruits ou voix dans votre tête, comme certaines maladies répandues dans mon royaume, vous n'avez aucune raison d'être traité comme tel.

Le garde foudroya alors la jeune fille du regard, et cette dernière haussa les sourcils, ne sachant pas ce qui avait bien pu l'offenser dans ses paroles.

        Voulant alors couper court à cette conversation qui prenait une tournure glaciale, elle demanda :

— Vous ne sauriez pas où se trouvent les appartements d'Othar, le représentant Elfe ?

Le combattant répondit sans conviction :

— Il me semble que tous les Elfes ont préféré coucher dehors, il doit être avec les siens, près des écuries.

Aïkida arqua un sourcil, surprise, mais remercia le garde avant de tourner les talons.

        

        La jeune fille trouva en effet trois centaines d'elfes assis dans l'herbe près des chevaux, ou debout en train de s'entraîner. S'entraîner pour quoi ? Il n'y a plus de menace. À son arrivée, toutes les têtes blondes se tournèrent dans sa direction. Tentant de se dérober du regard perçant des yeux bleus qui l'encerclaient, Aïkida repéra Othar quelques mètres plus loin et le rejoignit en vitesse.

— Salut ma jolie ! lança le jeune elfe d'un air espiègle.

La Fille Gelée leva les yeux au ciel et murmura entre ses dents serrées :

— Fermes-la et suis moi avant que je ne t'éclate la mâchoire devant tous tes hommes.

Othar arqua un sourcil et siffla longuement, joueur :

— Mais c'est qu'elle est de mauvaise humeur ce matin.

Aïkida se crispa. Les poings serrés, elle s'approcha dangereusement de l'insolent et lui cracha à la figure, glaciale :

— Ma mère est morte, mon père a été tué par un de mes amis, ma sœur a disparue, et j'ai tué un dragon alors que j'aurai pu éviter sa mort. Alors oui, je suis de mauvaise humeur. Donc maintenant tu vas la boucler et me suivre sans faire d'histoire. Si tu prononces un mot de plus, je te massacre.

Le jeune elfe s'était raidi et avait froncé les sourcils. Il se tut néanmoins et suivit la jeune fille sans piper mot.

        Celle-ci les conduisit dans les bois, et ils trouvèrent un tronc d'arbre déraciné. Dans le calme, Othar s'y assit tandis que la Fille Gelée se plantait en face de lui, bras croisés.

— Où sont tes loups ? demanda-t-elle froidement.

— Quelque part.

Aïkida serra les dents et répliqua :

La Fille Gelée et la Face CachéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant