(Gratuit le 3 Janvier) APTITUDE : Le Chaos Et La Couronne.

De Brûlantes Retrouvailles (Partie II)

Un quart d'heure plus tard, Kian et moi nous tenions face à la boutique de Daniel, une certaine tension subsistant encore entre nous. Sidérée, je m'approchai d'une vitrine en remarquant qu'elle était complètement vide. Toutes les sublimes créations du père de Dylan avaient disparu, laissant place à des étagères en bois poussiéreuses.

― Alors c'est ici qu'il habite, lâcha Kian d'une voix suintant de dégout. Le Rebelle... laisse-moi deviner, c'est le fils n'est-ce pas ?

Je fronçai les sourcils en le toisant. Lorsque nos regards se croisèrent, le prince s'empressa de détourner la tête, mais j'eus toutefois le temps de voir un air coupable se teinter sur son visage. Évidemment... Kian savait pertinemment l'impact qu'avaient sur moi ses paroles blessantes. D'un autre côté, je savais que j'aurais réagi de la même manière si les rôles avaient été inversés. Kian ne pouvait pas comprendre les raisons qui me poussaient à vouloir protéger Dylan, de la même manière que je ne pouvais pas saisir ce que représentait la sécurité du pays aux yeux du prince.

Aussi, je décidai de ne pas tenir rigueur du comportement de mon ami, et je frappai à la porte. Des pas précipités se firent entendre. Quelques secondes plus tard, Dylan apparut face à moi. Je retins mon souffle. Il avait changé depuis la dernière fois, ses cheveux blonds étaient plus courts, ses bras forts désormais couverts de cicatrices et d'hématomes. D'une manière générale, mon éternel protecteur semblait s'être endurci. Même son regard bleu avait l'air plus sérieux.

Je ne réfléchis qu'une fraction de seconde avant de me jeter à son cou. Un peu surpris au début, Dylan ne tarda pas à me rendre mon étreinte.

― Tu m'as manqué, chuchota-t-il dans mes cheveux.

― Tu m'as manquée aussi, je suis tellement heureuse de te revoir, répondis-je sur le même ton.

Il s'écarta légèrement pour me regarder, sans me lâcher pour autant.

― Tu as bonne mine, constata Dylan. Un peu pâle... mais je suppose que c'est le choc de me voir, ajouta-t-il avec un sourire amusé.

Je lâchai un petit rire forcé. Soudain, une toux violente se fit entendre à l'intérieur. Mon regard se posa de nouveau sur les étagères vides et un terrible pressentiment m'assaillit. La mine sombre, le blond s'écarta pour me laisser passer.

J'entrai en trombe et trouvai Daniel étendu sur un sofa. Mon cœur se serra lorsque j'avisai son teint blême et son front humide de sueur. Sa poitrine se soulevait et s'abaissait lentement au rythme de sa respiration laborieuse.

― Daniel, soufflai-je.

Le vieil homme souleva lentement les paupières et me regarda longuement d'un air perdu, puis il écarquilla les yeux en me reconnaissant, avant de tenter de se redresser.

― Non, inutile de vous fatiguer ! lui assurai-je précipitamment en m'approchant de lui.

― Kylie, dit-il à voix basse avant d'être interrompu par une nouvelle quinte de toux. Tu vas bien, j'ai cru que... que tu étais morte.

Je hochai la tête, les larmes aux yeux. Je n'ignorais pas que Daniel était de santé fragile, compte tenu de son âge avancé. Mais je ne m'attendais pas à ce que son état se dégrade aussi vite. Je sentis la présence de Dylan derrière moi et me tournai vers lui.

― Qu'est-ce qu'il lui arrive ? demandai-je d'une voix tremblante. Il est si malade...

― Inutile de parler de moi comme d'un pauvre bibelot fragile, lança Daniel d'une voix faible en s'efforçant de plaisanter.

Dylan se frotta la nuque en détournant le regard. Une attitude qu'il adoptait souvent lorsqu'il refusait de laisser entrevoir sa douleur. Aussi, mon ami m'attrapa discrètement par le coude avant de me chuchoter à l'oreille :