CHAPITRE 6: L'héritier Du Trône. (Partie I)

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— Anna, je vous répète que je n'ai pas besoin de votre aide, m'exclamai-je en me tortillant pour échapper à la trop grande sollicitude de ma femme de chambre.

Embarrassée, je m'empressai d'attraper le premier pyjama qui me tombait sous la main dans la penderie de la chambre, tandis qu'Anna continuait de s'affairer derrière moi pour tout et rien, lissant les draps impeccables, pliant des serviettes moelleuses...

— Mais mademoiselle, protesta-t-elle. J'ai pour devoir de rester à votre service toute la nuit.

— Ne dormez-vous donc pas ? m'étonnai-je.

Anna me regarda comme si je venais d'affirmer que la Terre était plate.

— Si, bien sûr que si, dit la jeune femme d'un ton rapide. Je possède une chambre dans l'aile des serviteurs, mais certaines dames de la Cour exigent la présence de leur femme de chambre la nuit entière. Et vu que vous ne vous êtes pas encore habituée à votre nouvelle demeure, je me suis dit que c'est ce que vous souhaitiez...

Je poussai un profond soupir en m'efforçant de contenir mon impatience.

— Anna, s'il vous plaît, j'ai simplement envie de dormir et cela m'est impossible tant que je sais que quelqu'un m'observe la nuit. Et je ne pense pas que dormir à même le sol soit bénéfique pour vos os.

Mon interlocutrice hésita un moment en triturant nerveusement une mèche de cheveux noirs entre ses doigts courts, comme si elle pesait encore le pour et le contre. Obéissant à une impulsion, je me dirigeai vers la porte de ma chambre et l'ouvris à la volée.

— La discussion est close, déclarai-je fermement. Bonne nuit, Anna.

Cette dernière écarquilla les yeux, l'air incrédule, avant de se diriger lentement vers la sortie, marmonnant dans sa barbe à propos de mon impolitesse consternante.

Environ deux heures plus tard, une fois la quiétude de la nuit confortablement installée, je me retournai pour la énième fois entre mes draps désormais froissés.

Malgré ma fatigue et mon corps affaibli, je ne parvenais pas à trouver le sommeil. En effet, plus le silence se faisait pesant, plus ma tête fourmillait de pensées et d'inquiétudes. J'étais en danger, je le savais. Personne ne pouvait savoir ce dont j'étais capable, y compris moi-même. J'étais un mystère dans une société régie par des règles strictes depuis des siècles. Et évidemment, dans mon monde, les gens n'avaient pas peur du danger, ou du mal incarné.

Non, ils étaient terrorisés par l'inconnu et l'imprévisible. Car tout ce qui était impossible à apprivoiser ou à contrôler était forcément une menace à leurs yeux...

Soudain, un coup frappé à ma porte me fit redresser dans mon lit, le cœur battant à tout rompre. La respiration haletante, j'allumai ma lampe de chevet la main tremblante, avant de me lever. Comme les coups se faisaient plus pressants, je m'approchai prudemment de la porte, avant de tourner lentement la poignée, appréhendant la suite.

Un soupir de soulagement s'échappa de mes lèvres lorsque je ne découvris que Kian, me fixant de ses yeux verts pétillants de malice, l'air amusé de me voir aussi inquiète. Une fois le choc passé, je le considérai avec surprise.

— Prince Kian, le saluai-je en influant à ma voix une politesse forcée.

— Kian, corrigea-t-il. Je n'apprécie pas tellement que l'on me rappelle mon titre écrasant à longueur de journée. Vous permettez que je vous appelle Kylie, n'est-ce pas ?

Je dus hocher la tête avec un peu trop d'empressement, car il eut un sourire entendu. La politesse hypocrite que j'avais décelée à la Cour me rebutait franchement. Je préférais le naturel dont faisaient preuve Geneviève... et Kian.

(Gratuit le 3 Janvier) APTITUDE : Le Chaos Et La Couronne.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant