Chapitre 35 (Gwydion)

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Un couloir qui se dérobait. Encore. Bon sang, n'en aura-t-il jamais fini de se désagréger sans fin sous mes pieds, nuit après nuit. J'avais l'impression de le parcourir depuis des jours entiers. Mais aucune porte cette fois. Juste cette longueur infinie et ce que mon corps m'apprenait de mon état.

Plusieurs cotes brisées, poignet droit cassé, mon crâne aussi a dû en prendre pour son grade. Mais la douleur une fois de plus me hurlait que j'étais en vie. Dans mon rêve, je souriais comme un sot et partis dans un rire qui ne me ressemblait pas. Gwydion, le Callidromos laissé pour mort trois fois et toujours il se relève ! Mais j'en avais assez, je voulais que cela cesse. S'il le fallait, je tuerai Caius de mes mains et m'enfuirai avec elle. J'étais fou de penser qu'une telle chose serait possible, mais après avoir failli mourir, je pouvais m'accorder quelques espoirs vains. Je reprendrai mes esprits plus tard et la réalité aura tôt fait de s'imposer à moi lorsque j'ouvrirai de nouveau les yeux.

Thétis ? Elle devrait être là, mais je ne sentais pas sa présence. Caius l'aura peut-être éloignée, juste pour me punir une fois de plus. Qu'il s'amuse, je pouvais encore entendre les échos de sa voix qui me berçaient dans mon rêve, ressentir la douceur de son corps. Je la retrouverai bientôt.

En attenant j'avançai, je courrai même et les dalles glissaient sous mes pieds, les murs s'effritaient et je tombai à mon tour, mais sans crainte, j'étais vivant !

– Voilà notre dormeur qui se décide enfin à se réveiller, fit une voix amicale. Amasis.

La couche au-dessous de moi n'était pas celle de mon lugubre cachot, mais plus douce et plus ferme. Comme c'était aimable, j'avais pourtant perdu et l'on me gâtait ?

– Tu es sans doute le plus fort l'égyptien, mais je suis bien plus résistant ! me moquais-je, mais le regrettant aussi vite.

Conseil. Ne jamais tenter de rire lorsque l'on avait les côtes dans cet état. Et inutile de même d'imaginer me redresser pour le moment. Je sentais mon buste comprimé dans des bandages serrés, mon poignet auquel l'on aura mis un atèle. Quant au reste, comme toujours il s'en remettra avec le temps.

– J'espère que je ne lui ai pas causé de trop grande frayeur, où est Thétis ?

– Gwydion... j'espère que tu es assez éveillé pour bien m'écouter.

La façon dont il amenait sa réponse me poussa tout de même à tenter quelques mouvements, mais je dus y renoncer.

– Parle ! Il lui est arrivé quelque chose ?

– Je n'en sais rien. À la fin du combat, je t'ai rapidement emmené à l'écart afin que nul ne sache que tu étais encore en vie et que le marché libérant Thétis soit conclu, Apries n'aura eu qu'a confirmé ta mort. Mais... elle se trouvait encore avec Caius lorsqu'il a été tué.

Il se racla la gorge avant de continuer.

– Croyait-il vraiment que personne ne s'apercevrait que les paris avaient été faussés ? Les pertes furent énormes, beaucoup avaient misé sur toi, sur ton nom. Ils ont été réduits en pièces, Caius et ce fou de Serenus. De leurs hommes de main, un seul s'en est sorti. Et je ne voudrais pas être à sa place vu son état. Quant à Thétis...

Une porte s'ouvrit, des pas légers, des pas de femme et cet espoir que ce soit elle.

– Il est réveillé ? Tu lui as parlé ?

Cette voix... c'était cette fille qui nous avait permis de nous revoir une dernière fois la veille du combat. Il soupira et finalement me lâcha tout d'une traite, me laissant peu le loisir d'en assimiler autre chose que l'idée globale. S'il jurait l'avoir vue avant l'émeute, personne ne l'a revue ensuite ni même retrouvé trace de son corps.

La muse de CallidromosOù les histoires vivent. Découvrez maintenant