Chapitre 2 (Thétis)

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Elle me tournait autour, m'auscultant consciencieusement du regard comme il lui était naturel de faire. Sans me poser la moindre question ni soumettre la moindre contrainte pour le moment. Mes jambes tremblaient sous moi et mon estomac menaçait de rendre les quelques fruits que j'avais eu l'audace de dérober lors du service du repas de ce midi. Lorsqu'elle stoppa net, demeurant derrière moi.

– Déshabille-toi, fit-elle d'une voix neutre.

L'habitude de ce rituel lui avait certainement ôté tout sentiment de pitié. Quant à moi, même si toutes les humiliations endurées étaient devenues régulières depuis mon arrivée, je ne parvenais pas à perdre ce qui me restait de pudeur. Mais je n'avais pas le choix, détachai ma tunique, retenue simplement aux épaules et la laissai tomber à mes pieds. Je devais résister au réflexe de me dissimuler, car la moindre tentative me vaudrait un coup porté en un endroit discret, mais douloureux.

Je me tenais donc, droite de corps, mais le visage penché et les yeux baissés. Les poings serrés par la honte, souhaitant que l'on en termine rapidement. Ensuite, je retournerai à mon travail.

Elle fit glisser le jonc dont elle se servait habituellement pour nous corriger de nos petites maladresses sur mon ventre, laissant s'étirer le coin de sa lèvre lorsqu'elle constata que ce simple geste me donnait la chair de poule. Tout portait à croire qu'elle appréciait cette position de domination totale envers nous, les servantes. S'en délectant même.

– Tu devrais manger plus, ajouta-t-elle. Sachant pourtant que nous n'étions nourries que le nécessaire et que tout larcin était lourdement puni. Les hommes préfèrent les femmes plus en chair.

J'avalai ma salive qui resta bloquée en travers de ma gorge, un éclair de terreur m'ayant traversée à cet instant. Mais je ne me risquerai pas à y répondre, moins encore demander de quoi elle voulait parler.

– Aucun homme ne t'a encore touchée à ce qu'il parait ?

Je secouai péniblement la tête. N'osant toujours pas lui porter le moindre regard. Pas cela, tout, mais pas la prostitution.

– Ce sera vérifié, tu aurais tort de me mentir.

Encore une fois, ils s'assureraient de l'état de mon hymen. Ce devait être le moment le plus avilissant qui m'avait été donné de connaître. Mais c'était également la raison qui m'avait permis de ne pas avoir été souillée lors de ma capture et revendue au prix fort que l'on payait les vierges. À quoi cela rimait-il à la fin ?

Un homme entra sans s'annoncer et j'eus le réflexe malheureux de me couvrir de mes mains. Chose que je regrettais aussitôt, lorsque le coup sec du jonc me frappa le bas du dos. La surprise, mais surtout la douleur m'arrachant un petit cri que je ne pus retenir.

– Je vous en prie ne me l'abîmez pas ! Elle est splendide ! Très bon choix, fit-il tout en s'approchant bien trop près de moi.

J'avais l'impression de n'être qu'une tête de bétail et non une femme. Et je serrais la mâchoire de dégoût alors qu'il soupesait un à un mes seins, palpa mes hanches, puis ma croupe. La moindre plainte, le moindre geste auraient été tout aussi rapidement et douloureusement réprimandés.

– Parfaite ! Qu'elle se prépare. Les jeux ne vont pas tarder à toucher à leur fin si ce n'est déjà fait et notre héros du jour pourra ainsi pleinement apprécier sa récompense.

Récompense ? Le héros des jeux ? J'allais être offerte à un gladiateur ! C'était cela le sort qu'ils me réservaient ! J'étais terrifiée.

La muse de CallidromosOù les histoires vivent. Découvrez maintenant