Chapitre 32 (Thétis)

4.7K 525 8
                                    

J'attendais le retour de Zara avec tant d'impatience que je n'avais pu avaler la moindre chose aujourd'hui. Le premier combat avait eu lieu la nuit dernière. Et j'avais eu beau avoir déjà vu Gwydion se battre, je ne parvenais pas à garder mon calme. Même s'il était des choses que l'on acceptait, cela ne signifiait en rien que l'on puisse un jour s'y habituer.

Elle arriva enfin et m'offrit un large sourire dès qu'elle eut passé la porte, faisant s'envoler une partie de mes craintes.

– As-tu pu le voir ?

– Non. Tu avais raison, votre maître le garde enfermé. Il doit se reposer d'après ce que l'on m'a dit. Mais j'ai pu parler à un homme, un égyptien. Grand et très beau d'ailleurs. Ton Gwydion est-il si beau lui aussi ?

Je ne pus que lui sourire tant parce qu'elle ne m'annonça rien de grave que suite à sa question.

– Il est... différent.

Zara se rendit donc le jour suivant également aux nouvelles, me rapportant les mêmes mots. Gwydion s'était battu, il devait prendre du repos, il s'en était sorti. Mais son visage était plus grave cette fois. Vu le temps qu'elle y était restée, elle avait dû discuter plus longuement avec Amasis. Lui avait-il confié que mon protecteur était blessé ? Que quelque chose n'allait pas ? Et qu'elle n'osait me l'annoncer. Je tâchais de la questionner, mais elle ne m'avoua rien de plus. À la place, elle revint sur sa promesse.

– Demain soir, après les combats, Amasis le mènera jusqu'ici, comme je te l'ai promis. Il m'a affirmé qu'Apries l'y aiderait à condition qu'ils rentrent avant l'aube. Votre maître n'en saura rien.

– Mais pourquoi ce risque puisque je serai libre dès le lendemain.

Elle se pinça les lèvres, tourna la tête puis m'offrit subitement son sourire s'attardant de nouveau sur un tout autre sujet.

– Amasis m'a demandé quelque chose. Il voudrait que vous profitiez de cette nuit. Comme si c'était la seule, la dernière de votre vie. Il m'a raconté que tu avais été achetée pour cet homme, mais que... Thétis, cette nuit, fait ce qu'il attend de toi. Donne-lui la chaleur de ton corps. Qu'il sache a quel point il compte pour toi. Il en aura besoin, crois-moi.

Je cherchais à en savoir plus, mais elle se déroba encore sur autre chose. Une robe qu'elle me prêterait, des futilités. J'étais heureuse de le revoir, heureuse que l'on ne m'annonce aucune mauvaise nouvelle, mais sa façon de faire me laissait tout de même perplexe, elle me cachait quelque chose. Caius aurait-il déversé sa colère de me voir captive sur lui ?

Plus d'une fois, je repassais le fil dans ma tête. De cette nuit, de ce que j'allais lui dire. Jusqu'à présent ce fut toujours difficile de lui parler concrètement, il ne distillait que quelques phrases tout au plus et évitait la plupart du temps tout ce qui lui rappelait son passé. Mais au fond qu'importait s'il parlait peu, ses actions le faisaient à sa place. Et je n'avais pas été acquise pour lui faire la conversation. Alors tant qu'à risquer qu'un jour ce soit un autre qui bénéficie de ce moment et si je devais considérer à quel point je lui étais redevable, de lui offrir ma vertu était une bien piètre récompense.

Je devais avouer que je ne voyais plus la chose comme au premier jour, et ce, malgré tout ce qui s'était passé entre nous. Je n'avais jamais cessé de le comparé à un dieu grec, beau au caractère fort, mais tout aussi fragile qu'un simple mortel à la fois.

La muse de CallidromosOù les histoires vivent. Découvrez maintenant