Chapitre 23 (Gwydion)

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Je me demandais à quoi jouait encore Caius. Comme si cela ne suffisait pas, voilà qu'il la forçait à s'épuiser en suivant le convoi à pieds. Ou alors souhaitait-il une fois de plus que j'en vienne à devoir me battre avec ces deux hommes ? Persuadé que si elle montait avec eux, ils l'auraient certainement ennuyée jusqu'à me provoquer. Que cherchait-il au juste ? J'avais accepté de me battre non ?

Nous en avions encore pour quelques jours de marche jusqu'à une prochaine ville dont le nom ne m'inspirait guère. Nous nous éloignions de Rome de plus en plus et les Jeux de cette année me passeraient très certainement sous le nez. Ma liberté avec eux. J'essayais de ne pas trop y songer, après tout, il pouvait toujours changer d'avis et nous y conduire ensuite. Je pouvais... non, je devais tenter de l'en convaincre. Bien entendu, ces combats illégaux rapportaient gros, mais... et la notoriété de Rome ! La gloire amenait la richesse de diverses façons ensuite. Quoique... je me faisais peut-être des idées. J'arrivais tout juste à survivre et à défendre l'honneur d'une femme, aurais-je seulement passé les premières épreuves ? Mais au moins, j'aurais pu tenter.

Thétis marchait auprès de nous, Amasis et moi. Et comme je n'étais pas de nature très bavarde, c'était lui qui s'en chargeait, faisant passer les heures moins péniblement. Mais j'avouais qu'en d'autres temps j'aurais plutôt souhaité qu'il la ferme, il se montrait épuisant à force.

Une première nuit, calme et sans provocation contrairement à ce que je craignais passa. Et cette fois, hors de question que Thétis dorme d'ailleurs qu'avec nous, qu'avec moi. Je devais avouer que d'avoir goûté à son corps m'avait laissé une impression de manque et l'envie d'y revenir. Et ce fut sans rien lui imposer que je la gardai précieusement contre moi, collé à son dos. Un bras l'entourant, comme craignant qu'elle ne soit enlevée durant notre sommeil. Elle ne protesta pas.

Le lendemain, dès le départ, même cirque. Les deux flemmards à l'arrière du chariot obligeant de nouveau la jeune fille à marcher. Ses sandales n'étaient pas faites pour de si longues distances, et je la vis manquer de trébucher plus d'une fois durant la matinée. Mais à chaque fois, elle souriait nous assurant que tout allait bien. J'étais sceptique, elle n'allait pas tarder à tomber d'épuisement et c'était peut-être ce qu'ils espéraient. Finalement, elle faillit s'écrouler pour de bon, tant Amasis que moi eûmes le réflexe de vouloir l'attraper, mais... c'était toi le plus fort grand égyptien, mais moi le plus rapide !

Le convoi s'arrêta et je vérifiai l'état de ses pieds. Ce fut tel que je le craignais. Combien de kilomètres avait-elle réellement faits et dans ces conditions au long de sa vie ? Ils étaient en sang, les plantes couvertes de cloches. Et elle nous suivait dans cet état ?

– Ne traînons pas ! fit Caius. Tu n'as qu'a la mettre à l'arrière. Est-ce de ma faute si elle voulait tant que ça marcher ?

Je retins une insulte bien sentie. Comme si tout cela n'était pas voulu. Amasis se proposa de la porter. Vu sa force, c'était encore la chose la plus logique, mais une fois de plus le maître intervint.

– Non, pas toi Amasis. Lui.

Très bien, alors voilà ce qu'il souhaitait ? La marche ne suffisait pas, les coups ne suffisaient plus. Très bien, alors j'allais la porter moi-même et continuer à avancer.

– Non, je marcherai, fit-elle.

– Ne dit donc pas de bêtises, pas dans cet état.

La muse de CallidromosOù les histoires vivent. Découvrez maintenant