Miss Jauregui ➳ Camren [M.C tome 2]

Chapitre 32 ➳ M.J

    Des mois ont passés depuis l'inauguration du siège de la société, il a amené son lot de changement avec lui. La menace de Lauren fut une réussite. Au bout de trois mois, tous les sous-directeurs étaient autonomes et ont permis à Lauren de relâcher la pression. Elle s'est enfin accordée de vrais week-ends et surtout, des vacances d'une à deux semaines. Elle est parvenue à trouver une stabilité saine entre le travail, sa vie privée et notre couple. Elle s'est mise à reléguer les responsabilités à ses associés et à sa secrétaire. Ils ont comme ordre de la contacter, hors de l'entreprise, seulement s'il s'agit d'une urgence. Jusqu'à maintenant, elle n'a été dérangé que deux fois : la première, lors d'un voyage au Canada avec ses parents, elle a été forcée de revenir suite à une polémique avec un des investisseurs. Elle n'a pas hésité une seule seconde à rompre les contrats et, suite à l'arrestation de l'homme pour violence conjugale, a versé des dons pour une association. La deuxième fois fut lors d'un de nos week-ends à Seattle, un hacker est parvenu à infiltrer le système financier numérique de l'entreprise et il a fallu vite réagir avant qu'il ne gèle les fonds. À chaque fois, j'ai été impressionnée par le calme dont elle faisait preuve pour faire face à ces épreuves. J'appréhendais qu'elle retombe dans ses mauvaises habitudes, qu'elle ait peur de ne plus maitriser l'entreprise. Mais au contraire, elle m'a avoué s'être rendue compte que le nouveau système était plus efficace. Il lui permet de mieux gérer les situations de crise, elle ne se sent plus débordée et elle sait enfin à qui s'adresser si elle a besoin d'aide. Encore aujourd'hui, je suis immensément fière de la manière dont elle a su réinventer son travail.

    Même s'il s'agit de sa vie professionnelle, tous ses progrès ont permis de consolider notre couple. Il n'a jamais été aussi fort que dernièrement et pour une très belle raison : Je suis officiellement sa femme depuis six mois.

    Notre mariage fut organisé dans ma maison, nous trouvions la symbolique belle : se dire oui au même endroit où Lauren a demandé ma main. La cérémonie s'est déroulée en petit comité. Ma famille, celle de Lauren, celle de Selena, Harry et Maïa étaient nos invités. Nous étions si épanouies dans notre relation qu'il était inconcevable d'attendre plus longtemps. Or, nous ne renonçons pas à célébrer notre union comme il se doit. Nous réfléchissons à la bonne date pour réunir le plus d'invités possible. Si l'aspect sentimental a primé pour la première cérémonie, pour la deuxième Lauren mise sur le grandiose. Et, je ne peux qu'accepter si cela sous-entend de lui dire oui une seconde fois, de proclamer haut et fort l'amour que j'éprouve pour elle.

"Nous mangeons toujours chez tes parents demain ?" me demande Lauren et je reviens à moi.

"Oui, pourquoi ?"

"Tu te souviens de Kate, l'associé de mon père ?" me demande-t-elle et je hoche la tête pour approuver. "Elle souhaitait organiser un repas d'affaires demain midi pour faire le bilan du mois."

"Si tu as besoin d'annuler le repas, tu peux. Mes parents comprendront."

"Hors de question, je me suis engagée auprès d'eux et de toi. En plus, ma présence n'est pas primordiale. Ma secrétaire recevra le bilan, il sera sur mon bureau dès lundi dans tous les cas."

    À la fin de sa phrase, elle ferme son ordinateur et envoie un message. Elle m'indique en même temps qu'il est l'heure de partir. Nous nous rendons dans l'ascenseur et une fois au rez-de-chaussée, elle se rend compte qu'elle a oublié son sac. Je suis amusée par son étourderie et je décide d'aller l'attendre dans la voiture. Elle me rejoint peu de temps après et elle donne le feu vert pour partir.

    Le trajet est calme, nous sommes toutes les deux concentrées sur le paysage. Nos vacances signent notre deuxième retour à Miami depuis notre rupture. Mon anniversaire au manoir a insufflé un sentiment de paix avec cette ville. J'ai cogité des nuits entières sur mon ancienne vie. Je me suis longtemps focalisée sur le négatif en excluant totalement tous les beaux souvenirs. Miami n'a pas toujours été une source d'angoisse et de malheur pour moi et j'ai eu du mal à ouvrir les yeux sur le sujet. Si elle était devenue si suffocante, c'est car je n'avais jamais pu me réconcilier avec ce que j'avais vécu là-bas. À force d'enfuir tous les fantômes du passé, je leur offrais la possibilité de me hanter. Avec le recul, j'ai compris que mon pire ennemi a toujours été mon esprit. Il me manipulait avec mon anxiété. Il me laissait imaginer le pire avec une telle intensité qu'à mes yeux, il ne pouvait s'agir que de la réalité. Or, je cherchais juste à fuir mes torts, ceux de Lauren, et de mon ancienne vie. J'étais incapable de désigner un fautif alors, j'ai désigné la ville comme l'antagoniste.