Chapitre 30: Ton corps

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Je me rapproche à nouveau de Léto jusqu'à sentir son souffle. Je perçois dans son regard qu'elle en a autant envie que moi mais j'attendrais, j'attendrais qu'elle me donne son autorisation avant de faire les quelques millimètres qui nous sépare. Elle ouvre alors la bouche et je suis suspendu à ses lèvres.

— La mort, il en est justement question Kha. Si tu m'embrasses tu seras comme moi, malade.

Leto me fixe alors droit dans les yeux m'implorant de l'écouter, si inquiète pour moi. Mais elle ne devrait pas.

— Peu m'importe. Je peux devenir malade, je peux mourir si c'est pour être avec toi. Donc s'il te plaît...

C'est à mon tour de la regarder plein d'espoir, n'attendant qu'un seul mot d'elle pour l'embrasser.

— Mais moi cela m'importe. Jamais je ne te rendrais malade, jamais je ne te ferais de mal.

— Ne t'inquiète pas pour moi.

— Si, et jusqu'à mon dernier souffle je m'inquièterais pour toi.

— Mais je peux mourir, je m'en moque.

J'ai dit ce qu'il ne fallait pas car Léto fait alors trois pas en arrière et me regarde effarée. Elle lève alors la voix et ses mains s'agitent.

— Ne dit pas ça, ne dit jamais ça. D'accord ?

Je regrette tout de suite mes derniers mots et je tente donc de calmer Léto.

— D'accord, d'accord je ne le dirais plus jamais.

— Promis ?

— Promis.

J'espérais soulager Léto mais elle prend alors sa tête entre les mains et semble mener une réflexion intense tout en continuant à s'éloigner de moi.

— Non tu ne peux pas, tu ne peux pas.

— Je ne peux pas quoi Léto ? Dis moi et je le ferais.

— Tu ne peux pas m'aimer.

Ce ne sont pas les paroles que j'espérais ni que j'attendais. Comment peut-elle me dire ça après la déclaration qu'elle vient de me faire ?

— Mais pourquoi ? Pourquoi ? Tu sais très bien que cela est impossible.

— Je sais, j'ai essayé de ne pas t'aimer non plus, si fort. Mais je n'y suis pas parvenue. Mais nous devons faire comme si. Faisons comme si je ne t'avais rien dit, comme si tu ne m'avais rien dit. Séparons nous maintenant.

— Se séparer ?

Mon cœur bat si fort que je suis sûr que Léto peut le voir à travers ma poitrine. Je viens de découvrir que les sentiments que j'enfouissais depuis si longtemps sont partagés, malgré ma misérable condition j'ai réussi à devenir l'espace d'un instant l'homme le plus heureux du monde et soudain tout s'arrête. Ce sont pire que des montagnes russes, je suis sûr un chemin brumeux, perdu au milieu de tout. Je ne sais plus quoi dire, tellement je suis égarer, je ne peux donc que répéter ce que je viens d'entendre.

— Se séparer ?

Je n'arrive pas à empêcher mes yeux de devenir humide, je serre la gorge au point d'en avoir mal pour maintenir mes émotions.

— Oui c'est ce qu'il y a de mieux pour nous. Tu peux garder la maison si tu le souhaites, c'est moi qui partirait, c'est normal. Je ne suis suis même plus sûr de devoir vivre avec d'autre personne, je suis contagieuse maintenant. Donc finissions en là maintenant.

Léto s'éloigne donc encore plus et part dans la chambre pour donc commencer à préparer ses affaires sous mon regard hébété. Je ne sais pas quoi dire, je ne sais pas quoi faire, tout va trop vite pour moi. Cela ne va pas se terminer ainsi ? Après tout ce que nous avons vécu ensemble elle ne va pas juste me quitter en prenant avec elle juste deux sacs. J'ai besoin de comprendre. Un besoin irrépressible de comprendre. Mais pour cela il faudrait que je parvienne à ouvrir la bouche, chose dont je suis incapable pour le moment.

Je ne reviens à moi que lorsque qu'elle passe devant moi et passe le pas de la porte après un dernier regard plein de tristesse.

Je ne peux pas laisser cela se faire, je coure donc pour la rattraper et lui attrape la main pour la retenir. Léto se retourne alors plus vite que l'éclair qui vient frapper le sol au même moment et me hurle dessus

— Ne fait plus jamais ça compris ? Plus jamais. Maintenant rentre tout de suite et lave toi les mains, lave toi aussi le visage et lave toi-même entièrement. Tu dois effacer toute petite partie de moi, je ne dois plus exister sur ton corps. Tu as compris ? Part maintenant.

J'ai enfin retrouver mes forces, la pluie qui commence à s'abattre sur nous me permet enfin de pleurer sans honte, je n'ai plus à me retenir et cela me fait tellement de bien. j'arrive alors à enfin m'exprimer.

— Non. Il n'en est pas question.

— Non ? Mais comment ça non ? Je te l'ai déjà dit, c'est ce que nous devons faire.

— Nous avons qu'à faire ce que nous souhaitons alors, pourquoi devoir se contenter de ce que nous devrons ?

— Car la vie n'est pas aussi facile que ça Kha, nous ne sommes pas libre.

— Nous avons qu'à décider de l'être.

— Ce n'est pas comme ça que le monde fonctionne. Je n'ai jamais été libre et je le suis encore moins aujourd'hui.

— Pourquoi dis-tu cela ?

— Car je vais bientôt mourir. Je suis maintenant plus qu'une prisonnière du temps qu'il me reste. Et ma cellule est minuscule, je ne veux pas t'enfermer avec moi. Donc s'il te plaît, oublie moi et laisse moi partir.

Léto me tourne alors le dos et s'éloigne de moi, petit à petit un sac dans chaque mains sous le bruit du tonnerre qui nous entoure.

Kha: L'amour impossibleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant