Chapitre 29: « j'en meurs d'envie »

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À peine ces quelques mots prononcés, Léto fait quelques pas en arrière, je ne sais pas comment interpréter ce geste. Mon cœur s'accélère, je regrette déjà mes paroles, je ne voulais pas que mes mots nous éloignent, je voulais juste être honnête.

Mais très vite je comprends que ce qui effraie Léto ce n'est pas moi, c'est elle.

—    Tu m'aimes ? Mais comment est-ce possible ? Comment est-il possible que quelqu'un m'aime, moi ?

—    T'aimer toi ? Mais il est si facile de t'aimer Léto. Comment cela pourrait-être impossible ?

—    Non, tu te trompes, je suis une empoisonneuse, tu ne devrais pas m'aimer.

—    Et alors ?

La bouche de Léto s'ouvre sans même qu'elle l'ait décidé. Elle s'empresse alors de la fermer et d'avaler sa salive si fort que le son parvient jusqu'à mes oreilles.

—    Et alors ? Mais comment ça Kha ? J'ai tué, je ne mérite pas d'être aimée.

—    Tu es une empoisonneuse, tu as tué ton mari mais c'est cela qui fait de toi une belle personne Léto et qu'il est donc si facile de t'aimer.

Une fois encore les yeux de Léto se remplissent de larmes mais enfin de joie. Cependant, Léto et moi avons le même problème. Elle ne comprend pas qu'on puisse l'aimer, mais moi je sais qu'il est impossible que l'on puisse me porter la moindre attention.

—    Et toi tu... tu...

—    Je t'aime ? Oui je t'aime.

—    En es-tu sûre ?

Je perçois les mains de Léto s'approcher des miennes pour les saisir pour me rassurer mais elle se retient à la dernière seconde et fait marche arrière.

—    Pourquoi je ne serais pas sure ?

—    Car je suis... moi.

—    Et alors ?

C'est à mon tour de voir ma mâchoire se détacher du reste de mon visage et colle Léto je m'empresse de la fermer mais j'essaye d'avaler ma salive avec moins d'ardeur que Léto pour cacher mon étonnement.

—    Et alors ? Je suis affreux, nous la savons tous.

—    Tu es toi. Et c'est ce qui te rend aussi exceptionnel.

—    En es-tu sûr Léto ? N'es-tu pas aveuglé par ce que tu penses ressentir ? Quand tu me vois je suis comme le bâton sous la rosée du matin. Tu m'aperçois plus scientillant que ce que je ne suis, mais dès que midi sera passé tu verras l'être immonde qui se tient vraiment devant toi

—    Je t'ai vu bien des matins, bien des jours et bien des nuits. Ne penses-tu pas que je t'ai déjà vu sans l'aura qui t'entoure ? Je sais qui tu es, et c'est pour cela que je t'aime. Je te l'assure.

Elle a raison cela fait de si nombreuses mâtinée maintenant que nous nous connaissons, la rosée a eut le temps de s'évaporer depuis bien longtemps. Mais dans ce cas que peut-elle me trouver ? Si elle me voit tel que je suis réellement comment peut-elle avoir le moindre sentiment pour moi ?

—    Mais pourquoi ? Que me trouves-tu ?

—    Qu'est que je te trouve ? Tu plaisantes j'espère ? C'est plutôt à moi de te poser la question.

—    À moi ? Comment ça ?

—    Kha regarde toi.

La voix de Léto s'élève, son doigt pointé en ma direction. J'ai le sentiment d'avoir dit la plus grande bêtise du siècle. Je n'ai pas le temps de répondre que Léto continue son explication.

—    Tu es intelligent, tu as conquis la moitié de la Planete, tu as dirigé un empire, tu étais prêt à aider une inconnus dans son plan fou seulement pour lui venir en aide, tu es beau, charismatique, compréhensif, à l'écoute respectueux et je ne saurais même pas tout dire. Donc pourquoi doutes-tu ?

—    Car ... voilà.

Je passe ma main devant mon visage pour lui montrer ce dont je souhaite parler.

—    T'es cicatrices ?

—    Bien sûr mes cicatrices dis-je la voix tremblante, leur évocation me mettent mal à l'aise.

—    Tu n'as pas à en avoir honte. Elle prouve que tu es fort, tu devrais en être fière. Ce n'est pas tout le monde qui peut défier la mort comme tu l'as fait.

D'accord mes cicatrices sont la preuves de ma résistances physiques mais ce n'est pas pour autant que je les aime. Je les déteste même. Elles ont changé ce que je suis et je ne supporte pas ça. J'étais prêt à ne plus être un empereur, ce n'était pas cela mon identité, mais mon physique oui. Mon visage oui. Mon corps oui. J'ai donc tout perdu, absolument tout.

Je suis affreux, horrible et je n'étais pas habitué à cela. Comme si Léto savait lire dans mes pensée, elle trouve les paroles qui, elle l'espère, sauront me réconforter.

—    Tu es beau Kha.

Ce n'est pas la première fois que Léto le dit, je l'ai même entendu quand j'étais prisonnier de mon propre corps. Je ne peux donc pas douter de sa sincérité même s'il est difficile pour moi de la comprendre.

Il est certe difficile de la comprendre mais une chose est sûr pour moi, Léto est et sera la seule à pouvoir penser une telle chose. Je ne sais pas ce que j'ai fait aux Dieux pour qu'ils m'envoient une femme si parfaite. La seule qui saura me percevoir comme moi-même je n'en suis pas capable.

Est-ce que je la mérite ? Selon elle oui. Mais ai-je le droit à ce bonheur ? Peut-être bien que oui. Je me déteste mais je sais quand je ne dois pas laisser passer une telle chance. Léto est ma chance, elle est mon cadeau du ciel, je ne peux pas la repousser parce que je me déteste.

En serais-je même capable. Je suis tellement attiré par elle. Maintenant que les digues de mon cerveau ont lâché, c'est mon corps qui s'exprime. Je m'approche donc de Léto doucement jusqu'à n'être qu'à quelques centimètres d'elle puis quelques millimètres.

Ma bouche est si proche de la sienne que je peux sentir son souffle. Je la vois alors pencher la tête et je fais de même pour l'embrasser. Mais alors que j'allais le faire Léto brise cette magie et recule de quelques pas.

—    Kha, tu ne peux pas m'embrasser. Dit-elle droit dans les yeux le désir dissimulé derrière un vent de panique.

J'étais si emporté par le moment que j'en avais oublié la maladie, je ne la voyais plus qu'elle et les émotions qu'elle me provoquent. Cependant cela ne change en rien ce que je ressens. Je me rapproche donc pour retrouver la distance sur nous avions juste avant et la fixe dans les yeux.

—    Mais pourtant j'en meurs tant d'envie. Dis-je d'un souffle.

Kha: L'amour impossibleWhere stories live. Discover now