Chapitre 13: Les pleurs et le pain

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— Madame depuis quand est-il dans cet état ?

— Cela va faire une semaine environs, au début il ne faisait que tousser, puis il avait de plus en plus de mal à respirer et maintenant il est brûlant. Je ne sais plus quoi faire, un guérisseur est venu, on y a mis toutes nos économies mais il m'a dit ne rien pouvoir faire. Vous êtes notre dernier espoir.

— Je vois, j'ai peut-être une solution mais cela va prendre du temps et c'est risqué car je ne peux contrôler les dosages. Et si jamais ça ne fonctionne pas...

— Oui je sais, répond alors la mère entre ses sanglots.

        Je ne rêve pas, elles viennent bien de parler de tuer de pauvre garçon ? Comment une mère pourrait être prête à tuer son propre enfant ? Ce n'est pas à elles de choisir mais à la nature et aux dieux. Si Léto fait du mal à cet enfant je serai sûre qu'elle est mauvaise et je pourrai donc l'emmener avec moi aux enfers. Mais d'un autre côté je ne peux m'empêcher de me dire que la mort est la seule qui va accueillir ce petit, qu'elle soit amenée par Léto ou la maladie. Donc que pouvons-nous faire à part le regarder souffrir ?

— Madame auriez-vous du pain ? Ou bien la peau d'une orange s'il vous plaît ?

— Du pain ? Oui bien sûr, mais il n'est plus très frais est-ce que cela vous ira quand même ?

— C'est parfait. Kha s'il te plaît, met ce bout de pain dans une boîte et verse un peu d'eau dessus.

Je m'étais promis de ne pas l'aider sans ses plans criminels, mais je ne vois pas ce qu'un peu de pain et d'eau pourrait faire de mal à ce pauvre petit. Cela ne peut que lui redonner des forces.

— Place le ensuite dans un endroit sombre et chaud s'il te plaît.

       Cela est facile à trouver dans une maison sans fenêtre au milieu du désert. Je ne comprends vraiment pas où Léto veut en venir mais je m'exécute. Pour tout avouer, je suis curieux de savoir ce qu'elle veut faire avec seulement un bout de pain, de l'eau et un peu d'ombre.
Pendant que je prépare ce mets peu ragoûtant, Léro fait boire au jeune garçon la potion préparée plus tôt.

— Tiens, bois ça, tu verras tu iras déjà mieux après.

       Jamais je n'aurai dû être curieux, jamais je n'aurais dû m'occuper de ce bout de pain. J'aurai dû l'empêcher de faire boire ce poison à ce petit mais j'avais alors le dos tourné et j'ai réagi trop tard. Je décide de ne pas faire de scandale pour ne pas inquiéter la mère et son enfant, il est trop tard de toute façon, que ces derniers instants soient au moins paisibles. Je me méfie toujours de Létoquand elle dit à quelqu'un qu'il ira mieux au vu de son surnom. Et si ce bout de pain n'était qu'une diversion pour que je ne la dérange pas dans son plan macabre ? J'ai été si naïf.

       Mais maintenant je te garde à l'œil Léto, à l'instant mêle ou ce petit aura quitté notre monde, nous le rejoindrons.Cependant, les secondes passent mais l'enfant ne meurt pas. Il semble même moins transpirer, Léto disait donc la vérité quand elle m'a dit que ces plantes permettaient de faire baisser la fièvre. Je suis décidément complètement décontenancé face à cette Léto, je ne sais jamais que penser d'elle.

       Nous passons des nuits et des jours au chevet de cet enfant et Léto est douce, réconfortante, chaleureuse. Parfois j'oublie qu'elle est une empoisonneuse, j'oublie qu'on la traite d'assassin, j'oublie qu'elle a proposé à cette mère de tuer son enfant, défiant toutes les lois de la nature.

       Ou bien me suis-je trompé ? Rempli de mes a priori sur elle dû à des commérages de marché aurai-je pu mal interpréter ses propos ? Et si son « si jamais cela ne fonctionne pas » voulait simplement signifier que nous ne pourrons plus rien espérer ?

       J'ai de plus en plus de mal à me dire qu'une femme si dévouée à sauver la vie de ce petit être puisse être une tueuse en série. Si on aime tuer, pourquoi tout donner pour sauver les gens de la mort ? Ce n'est pas elle qui a donné cette maladie à cet enfant, rien ne l'oblige donc à sacrifier tout son temps pour l'aider.

— Kha peux-tu m'apporter le pain s'il te plaît ?

Ah oui ce fameux pain, enfin je vais voir ce qu'elle va en faire.

Kha: L'amour impossibleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant